Ligue Magnus: le bilan des équipes

En début de saison, Plan de Match, grâce au modèle développé par Magnus Corsi propose une projection de points et de classement pour chacune des équipes de ligue Magnus. La saison régulière s’est terminée mardi, il est temps pour nous de faire un point sur les équipes qui ont fait mieux que la projection et celles qui ont fait moins bien. N’oublions pas les performances de camembert.

Le modèle Camembert s’améliore saison après saison

Le modèle camembert nous permet en début de saison de projeté un classement de la ligue, ainsi qu’une probabilité pour chacun des matchs de championnat. Dis autrement, le championnat est simulé en amont puis nous intégrons les résultats réels à chaque journée. Cette saison Camembert a été plutôt performant avec un taux de réussite de 70.1%. Si nous comparons avec les années précédentes, le modèle de camembert s’améliore : 2020-2021 : 66.2% 2019-2020 : 70.6% 2018-2019 : 67.3%. C’est une satisfaction pour nous.

En termes de projection, le modèle nous a donné sept des huit équipes qualifiées en playoffs. Ce qui est une performance de 87%. Nous pourrions nous dire, ensemble, que c’est assez simple puisque dès le début de la saison, les trois premiers étaient déjà connus. C’est vrai, mais il n’y a que le glaçon qui compte. D’ailleurs, revenons sur les performances réelles des équipes versus les projections. En préambule, nous nous devons de vous expliquer le fonctionnement du modèle, lorsqu’il simule la saison il donne deux points au gagnant et un point au perdant. Il s’ajuste lorsque le résultat réel est intégré au système.

Partant de ce principe, il y a des écarts nécessairement un écart entre la projection et la réalité notamment pour les équipes du haut de tableau et celle du bas de tableau. Cependant, nous avons une bonne vision de la performance globale des équipes. A la fin de la saison, nous avons un tableau global des performances.

Des équipes qui surperforment (Grenoble, Angers, Cergy).

Le premier enseignement, ici, c’est l’excellente prestation des Brûleurs de loups de Grenoble, nous les avions projetés à la deuxième place en début de saison avec 75 points. Certes, tous les observateurs du hockey français les voyaient très haut, mais peut-être pas aussi haut en début de saison. Les changements à l’intersaison ont été payant et le duo de coach finlandais mené par Jyrki Aho a réussi à très bien géré son vestiaire, même en fin de saison malgré des ajouts de qualité qui auraient pu très sérieusement déséquilibrer le vestiaire, cela n’a pas été le cas. Par ailleurs, l’intégration des jeunes formés par le club a été une vraie réussite et nous y reviendrons plus tard. Grenoble a amélioré la projection de plus de 45% ! C’est une vraie performance.

Dans le même ordre d’idée, les Ducs d’Angers ont surperformé cette saison, les changements apportés en début de saison ont été payant et ils sont les dauphins des Brûleurs de loups. Ils produisent du jeu, ils sont solides en défense et leur gardien qui ne ‘paie pas de mine’ a fait une excellente saison. En début de saison, nous les projetions troisième, ils ont surperformé de 33% notre projection et terminent second. Par ailleurs, ils ont atteint un de leur objectif qui était la coupe de France, comme nous l’indiquait Alexis Billard en début de saison.

Continuons avec les excellentes surprises de cette saison, les Jokers de Cergy-Pontoise, nous les projetions sixième, ils terminent dans le top-4. Le promu de cette ligue qui est toujours en phase de structuration (Messieurs Christophe Cuzin et Jonathan Paredes nous l’expliquaient dans un podcast en début de saison) a réussi une excellente performance. N’oublions pas que l’objectif officiel en début de saison était le ‘maintien serein’, en mettant en place un processus précis. Selon nous, il s’agit clairement d’une véritable réussite dans le hockey français. Le processus a fonctionné, ils pourraient créer une petite surprise au cours de la saison qui débute : les playoffs. Ils ont explosé la projection de plus de 20%.

Les déceptions relative de cette saison (Rouen, Amiens, Mulhouse).

Nous venons d’évoquer les belles performances, arrêtons-nous un instant sur les déceptions de cette saison. Tout d’abord, les Dragons de Rouen que nous projetions premier du classement avec 81 points, certes ils font mieux que la projection mais seulement de 17%. Les dernières saisons ont été éprouvantes pour toutes les équipes, le titre de champion de la saison dernière et la performance exceptionnelle n’a pas pu être renouvelée. De notre point de vue, Rouen est arrivé en fin de cycle, les problèmes rencontrés avant et pendant la saison ont été masqué par un gardien exceptionnel : Matija Pintaric. A lui seul, il a permis à cette équipe de faire un parcours formidable en CHL et de se maintenir dans le haut de tableau. Il en faudra plus aux normands s’ils souhaitent faire le back-to-back, leur premier adversaire en playoff sera pour eux un test non négligeable.

L’autre relative déconvenue de notre point de vue ce sont les Gothiques d’Amiens, un budget top-4, une belle équipe, un jeune Français qui tient l’équipe jusqu’en février avant de se blesser. Nous les projetions en début de saison à la quatrième place du classement, Anthony Mortas était plus prudent « On aimerait bien revenir dans le top 4, mais nous ne sommes pas les seuls à le vouloir. », le coach qui termine la saison à la cinquième place pour sa deuxième saison à la tête de l’effectif picards ajoutait ceci « Ce serait prétentieux de dire : l’objectif c’est le top 4, continue l’entraîneur. Il faut être très humble car la réalité du championnat est souvent bien différente de ce qu’on voit avant la saison. Dans un mois, je pourrai donner un objectif clair, quand on se sera jaugé contre toutes les équipes. ».

Le staff Amiénois était moins confiant que nous en début de saison et probablement à raison, l’équipe a mis du temps à retrouver le top-4/5 de la ligue Magnus. Une série de victoire fin janvier et début février a permis à Amiens de terminer cinquième, la déception de la Conti Cup a eu du mal à passer.

Enfin, les Scorpions de Mulhouse partaient avec un handicap de six points, à la suite de sanctions financières et le coach Alexandre Gagnon n’était pas dupe. Sur les dernières années, si t’enlèves six points au sixième, il reste huitième au pire. Moins six points au septième et il sort parfois des huit. Moins six points au huitième et il sort des playoffs. » Pourtant, pas question de se mettre de pression, Gagnon refuse de fixer des objectifs. « C’est un peu ridicule, tout le monde a les mêmes objectifs en début de saison », en rigole-t-il même. Le tacticien préfère voir sur le court terme et essayer de « créer des surprises » en devenant cette équipe « que les adversaires détestent, contre qui ils ne veulent pas jouer ».

Mulhouse a eu un début de saison compliqué, nous pensions même que le coach allait être viré avant Noël, le club a pris la décision en janvier après une défaite face à Briançon. La prise de conscience s’est-elle faite trop tard ? En tout les cas, Mulhouse que nous projetions septième, termine à la onzième place. Ils n’ont pas gagner les deux matchs qu’ils devaient gagner pour accrocher les playoffs. C’est une déception. Plus de 30% en deçà de la projection, nous projetions vingt victoires, ils n’en ont eu que quatorze.

Des équipes sur courant alternatif (Bordeaux, Chamonix, Gap)

Nous mettons dans cette catégorie trois équipes : Bordeaux, Chamonix et Gap. En effet, les Boxers de Bordeaux était projetés en douzième place au tout début de la saison après une préparation catastrophique, lorsque la saison a débuté, nous les projetions neuvième. Le staff bordelais nous indiquait être dans un nouveau cycle de deux à trois ans. Leur début de saison, notamment pendant l’automne, a été surprenante au-delà des espérances. Le Manager général, Stephan Tartari, nous expliquait en décembre que le début de saison était inespéré ou presque. A ce moment-là de la saison, les Boxers étaient même au-dessus du plan sur la projection, puisque nous les projetions à 63 points pour une projection initiale à 61 points. La deuxième partie de saison a été beaucoup plus compliquée pour les girondins.

Les Rapaces de Gap ont vécu la même situation cette saison, ils ont fait un départ canon sur la première partie de la saison. C’est une habitude pour nous de voir les Rapaces de Gap tenter de déjouer les pronostics du modèle Magnus Corsi / Plan de Match. Ils étaient bien au-dessus du plan et quatrième de la ligue jusque début janvier 2022, bien au-dessus de notre projection du début de saison. Nous les projetions huitième cette saison avec 64 points, ils terminent sixième à 63 points. Ouf ! Nous avions vu juste lors en début de saison.

Enfin, le dernier mystère de cette saison les Pionniers de Chamonix, le recrutement était alléchant, les projections étaient folles ! Nous les projetions à l’époque cinquième de la ligue, un staff et un recrutement ambitieux. A l’époque Marc Lefebvre ne machait pas ses mots. « On ne veut pas se battre pour éviter la relégation ou pour arracher les playoffs. On vise plus haut. » Ça a le mérite d’être clair. Le nouvel entraîneur des Pionniers de Chamonix, Marc Lefebvre, voit grand. Le Canadien le dit clairement, il veut « challenger Rouen ou Grenoble » et il n’hésite pas à affirmer qu’il souhaite se battre pour la gagne, aussi bien en championnat qu’en Coupe de France.

Un début de saison catastrophique n’a pas permis d’être à la hauteur des ambitions. Nous nous posions la question de savoir si Marc Lefebvre allait passer Noël à Chamonix, ce fût le cas et à raison. La deuxième partie de saison a été incroyable pour les Pionniers. Ils étaient derniers début janvier 2022, ils terminent la saison à la septième place. De son propre aveux notre projection aurait pu se réaliser si la première moitié de la saison avait été à la hauteur. Ils se retrouvent 22% en deçà de la projection initiale.

Des équipes à leurs places (Anglet, Briançon et Nice)

Les formations qui aujourd’hui se battent dans des playdown dont nous ne savons pas s’ils auront une utilité sont à leur place. Que ce soit Nice, Briançon ou Anglet étaient projetés sur les dernières places du classement en début de saison. Des trois, ce sont les Aigles de Nice qui ont fait mieux que prévu par rapport à la projection en étant ‘seulement’ 9% en dessous, Anglet et Briançon ont fait respectivement 27 et 47% en deçà des projections. Ces deux clubs ont eu de bons recrutements, mais une addition de talents sans structuration minimum ne permet plus aujourd’hui de jouer les places en playoffs.

En conclusion de ce bilan collectif des équipes, nous posons déjà la question de l’entraîneur de l’année en ligue Magnus et deux noms nous viennent à l’esprit : Jyrki Aho et Jonathan Paredes. Chacun dans sa catégorie a fait le job, le travail effectué par le coach de Cergy-Pontoise est remarquable. Il est notre favori.

Place aux playoffs désormais, est-ce que Grenoble sera le champion que tout le monde attends ? Angers ou Rouen pourront-ils créer la surprise ?