Cinquième de la saison 2020-2021 en tant que promu, Cergy cherche avant tout le maintien cette année. Avec un effectif remanié, notamment parmi les leaders de l’équipe, Jonathan Paredes, l’entraîneur des Jokers, ne se fixe pas d’objectif.
Si on lui avait dit que, tout juste promu en élite, les Jokers de Cergy allaient conclure la saison 2020-2021 à la cinquième place, l’entraîneur Jonathan Paredes auraient signé des deux mains. Mais, à l’aube d’un nouvel exercice, il préfère rester humble assurant qu’il ne voit pas son équipe finir cinquième. Quel objectif alors ? Il botte en touche : « Prendre plaisir à jouer ensemble. Je suis fan de chiffres, mais pas de classement : le process compte avant le résultat brut. » Il faut creuser pour comprendre que l’objectif en interne, c’est d’abord le maintien.
Au cours de l’été, les Jokers ont vu partir quatre de leurs cinq meilleurs pointeurs. Max Kalter, Joonas Sammalmaa et Jesse Pelamo en attaque et Philippe Bureau-Blais en défense. Malgré cela, le modèle statistique Magnus Corsi/Plan de match place l’équipe de Cergy très haut dans les prédictions, à la sixième place.
Parmi les arrivées, des noms bien connus de la Ligue Magnus. En attaque, c’est le cas de Denny Kearney. Après avoir empilé les points à Briançon ou à Grenoble, il sort d’une saison difficile avec les Brûleurs de Loups où il n’a inscrit que 10 points en 22 matches. « Il a le potentiel pour faire bien mieux que sa dernière saison mais il n’aura pas les mêmes joueurs pour l’accompagner, prévient tout de suite Paredes. C’est un gars très bon proche de la ligne de but qui peut débloquer des situations. On avait besoin d’un joueur qui a de l’expérience en Europe comme lui. » Reste à savoir quelle version de Denny Kearney sera sur la glace. Si le modèle y voit un joueur légèrement au-dessus de la moyenne, il était clairement au-dessus de cela, parmi les meilleurs attaquants de la ligue, avant son année creuse.
Autre tête connu en France, Tuukka Rajamäki fait son retour en Magnus. Passé par Nice en 2018-2019, le Finlandais avait impressionné par sa vision de jeu, sa qualité de passe et la justesse de ses transitions. « C’est une volonté d’être une équipe de transition », confirme Paredes. En 44 matches en France, il avait inscrit 49 points, terminant la saison dans le top 10 des meilleurs pointeurs.
Moins connu des suiveurs français, Charles Levesque et Steven Owre arrivent tous les deux d’Amérique du Nord et ont le potentiel pour mener l’attaque de Cergy dans l’année à venir. « Charles Levesque est très important dans notre dispositif, selon Paredes. Il peut jouer dans toutes les situations, aussi bien en powerplay qu’en PK, en première ligne qu’en quatrième. Il est peut-être moins fin techniquement que Owre mais ça patine vite, c’est besogneux, ça va devant la cage… Steven Owre, lui, c’est clairement un playmaker. Il faut qu’il continue à s’adapter à l’Europe, mais c’est un super bon passeur. Ça peut matcher avec Pierre-Charles Hordelalay. »
Car, si les Jokers ont renouvelé une grande partie de leur attaque, l’attaquant français de 32 ans, lui, n’a pas bougé. Grand artisan de la montée en Magnus avec 51 points en 25 matches, Hordelalay a confirmé en élite avec 18 points en 22 matches. De quoi faire de lui un solide cadre du top 6. Il y retrouvera sans doute encore Aku Kestilä, auteur de 16 points l’an passé, qui a déjà trouvé une certaine chimie avec Rajamäki selon leur entraîneur.
Puis, puisque la Magnus s’est conclue avant la D1 l’an passé, Paredes en a profité pour suivre intensément la fin du championnat afin d’y trouver une potentielle recrue. C’est chose faite avec Ryan Tait qui arrive de Cholet où il a inscrit 19 points en 12 matches. Une arme supplémentaire pour Cergy. Thomas Suire, recruté à Amiens, Louis Petit et, surtout, Paul Schmitt (18 ans), devraient eux pouvoir poursuivre leur développement.
En défense aussi une vielle connaissance
Comme en attaque, le nom qui ressort du recrutement des Jokers est aussi déjà passé par la Magnus : Matic Podlipnik. Comme Kearney devant, il est « revanchard », après un passage « par défaut » en Roumanie, selon les dires de son coach. À Lyon, en 2016-2017, il avait marqué les supporters par ses qualités offensives, inscrivant 31 points en 37 matches. Un rôle de premier défenseur offensif que Paredes souhaite bien lui confier cette année.
Une tâche importante car si le modèle statistique voit en Cergy la sixième meilleur défense du championnat c’est surtout grâce à son homogénéité, complétée par l’arrivée de Vincent Melin, en provenance de Mulhouse, et de Brayden Sherbinin, en provenance de Gap. Mais, le départ de Philippe Bureau-Blais, auteur de 17 points en 20 matches devra être compensé. Le nouveau leader de la défense pourrait également venir de l’effectif déjà présent l’an passé avec Brien Diffley. « Il était revenu extrêmement fort en janvier/février l’an passé et il a commencé le camp de la même manière », confirme Paredes. Il a néanmoins subi une blessure pendant la préparation.
Ce pépin physique souligne tout de même une problématique, aussi bien en attaque qu’en défense, c’est la faible profondeur dont dispose Cergy. Les Jokers entament la saison avec 13 attaquants et 6 défenseurs dans l’effectif professionnel. En cas de pépin, Kevin Da Costa pourra jouer le pompier aussi bien en défense qu’en attaque, le jeune Philémon Rouault (17 ans) qui a participé à la préparation est également une option, mais celles-ci sont limitées. « Il y a d’autres jeunes qu’on regarde, qu’on va essayer… Mais, Cergy n’en est qu’au début de son développement, en convient Paredes. Notre projet, c’est aussi de faire de la formation et on a établi un plan sur plusieurs années. » Pour l’heure, il faudra surtout espérer qu’il n’y ait pas trop de casse.
De la casse, il y en avait justement eu au poste de gardien l’an passé. « Nos deux gardiens se sont blessés », rappelle Paredes. Alors, les Jokers ont identifié le besoin de se renforcer derrière Sebastian Ylonen et sont allés chercher un backup en la personne de Patrick Munson. Le portier américain en provenance de Briançon devrait se partager les matches avec le numéro 1, Ylonen, mais attention : « Rien n’est écrit dans le marbre », assure Paredes. Si les deux gardiens sont au-dessus de la moyenne selon le modèle statistique, les dernières saisons d’Ylonen, rendues compliquées par de nombreuses blessures, ne font pas du poste de gardien un point fort de Cergy. Néanmoins, comme Kearney en attaque, comme Podlipkin en défense, Ylonen a déjà fait bien mieux que ce que le modèle prévoit. De quoi bien compléter ce « groupe de revanchard », dixit Paredes.