Pénalisés de six points pour des raisons administratives et financières, les Scorpions de Mulhouse se lancent dans une deuxième saison avec Alexandre Gagnon à la tête de l’équipe.

Pour sa deuxième saison à la tête des Scorpions de Mulhouse, le Québécois Alexandre Gagnon devra composer avec le retrait de six points en Ligue Magnus pour non-comptabilisation d’opération ou comptabilisation non conforme altérant les documents transmis de la part du groupement sportif. Mais pas question de se laisser abattre : « On n’a pas le choix, il faut qu’on gagne deux matches de plus », constate t-il, pragmatique. « Cette pénalité est infligée sur des faits qui datent d’il y a deux ans. Je n’étais pas là, la plupart des joueurs n’étaient pas là… On ne se sent pas concerné par les raisons du retrait de points, mais on n’est pas frustré. On est plus dans la motivation d’aller chercher ces deux victoires supplémentaires. »

L’entraîneur québécois a même fait ses calculs : « Sur les dernières années, si t’enlèves six points au sixième, il reste huitième au pire. Moins six points au septième et il sort parfois des huit. Moins six points au huitième et il sort des playoffs. » Pourtant, pas question de se mettre de pression, Gagnon refuse de fixer des objectifs. « C’est un peu ridicule, tout le monde a les mêmes objectifs en début de saison », en rigole-t-il même. Le tacticien préfère voir sur le court terme et essayer de « créer des surprises » en devenant cette équipe « que les adversaires détestent, contre qui ils ne veulent pas jouer ».

Dans cet esprit-là, Mulhouse possédait déjà l’an passé une défense solide. En revanche, l’attaque était moins efficace, inscrivant 2,7 buts par match. « Cette année on aura la même volonté défensive mais avec plus de punch en attaque, explique Gagnon. On a changé beaucoup de joueurs, notamment parmi les étrangers. Les recrues ont plus d’expériences et on a de vrais spécialistes du powerplay. » Effectivement, en attaque, les quatre recrues étrangères devraient être les quatre leaders offensifs selon le modèle statistique Magnus Corsi/Plan de match.

Parmi eux, trois découvrent le championnat de France. Le mieux noté, Dante Salituro, fait partie des joueurs élite selon les prédictions chiffrées. Son entraîneur est d’accord : « Ça va être un des meilleurs joueurs offensifs de la ligue. Il a la vitesse, les skills, c’est un marqueur naturel. » Deux autres Canadiens arrivent aussi de l’étranger, Matthew Pistilli et Chad Pietroniro. « Matthew c’est un gagnant avant tout. Il a remporté la LHJMQ, la DEL 2, le championnat du Danemark… Il sait gagner. C’est difficile de jouer contre lui et je le sais parce que j’ai beaucoup joué contre lui, rigole Gagnon. Quand on défend contre lui, on ne sait pas quel jeu il va faire. Il voit des jeux que personne n’a vu venir. Chad a lui beaucoup de vitesse, beaucoup d’intensité et un gros lancer. Il va aussi apporter du jeu robuste. »

Le top 6 théorique des Scorpions est complété par Milan Jurik et Jonhatan Lessard, restés au club cet été. Deux joueurs très réguliers en Ligue Magnus même s’ils ne figurent pas parmi les plus gros pointeurs. Olivier Labelle, arrivé de Bordeaux, qui a inscrit 111 points en 119 matches depuis son arrivée en Magnus, devrait également apporter sa production en Alsace.

La jeunesse expérimentée

Pour le reste de son attaque, Alexandre Gagnon doit composer avec une équipe très jeune : Alexis Hermant (19 ans), Timothé Quattrone, Samuel Rousseau (20 ans), Teemu Loizeau, Antonin Germond (21 ans), Corentin Cruchandeau (22 ans). Jordan Mugnier passerait presque pour un vétéran du haut de ses 25 ans. La défense n’est pas en reste avec Ivan Esipov, Lélian Vix (19 ans) et Nikita Shalei (20 ans). Mais, Alexandre Gagnon tempère : « On est jeune en âge, mais en expérience on doit pas être loin du milieu de peloton. Rousseau joue sa cinquième saison en Magnus, Loizeau pareil, Cruchandeau en est à sa troisième année dans l’effectif Magnus… On ne se sent pas diminué par l’âge. »

En défense, les Scorpions ont perdu leur principal pourvoyeur de point, Danick Crête : « Nice lui a fait une offre, et à ce moment-là de l’été, je n’étais pas en mesure d’égaler offre, explique Gagnon. J’avais un plan avec Quentin Papillon et un plan sans lui et ça moment-là, la décision n’était pas prise. » Le gardien français a finalement quitté la Ligue Magnus pour la Norvège après deux grosses saisons. « Il voulait partir et puis, pour nous, ça ne faisait pas de sens de payer un gardien au prix qu’il méritait après ses deux belles saisons. On n’aurait plus eu beaucoup de moyens pour composer la défense. »

Une défense qui a donc vu les renforts de Phil Pietroniro, le frère de Chad, et de Shawn Boutin. Le premier a un CV impressionnant puisqu’il arrive de Cortina, en AlpsHL, où il a inscrit 52 points en 36 matches, défenseur avec le plus de points de la saison. « Il sort d’une très grosse saison, confirme son entraîneur. Il est physique, c’est dur de jouer contre lui et il a un gros lancer et un très bon flair offensif. » Il viendra suppléer l’international Kevin Hecquefeuille qui sort d’une saison un peu moins prolifique mais tout de même à 11 points en 21 matches.

Shawn Boutin, le deuxième renfort apporte lui son expérience : « Il a été joueur-entraîneur, il aide beaucoup les jeunes et discute énormément avec Erwan Agostini (NDLR, l’entraîneur-assistant), notamment sur l’aspect défensif », indique Alexandre Gagnon.

Aux cages, les Scorpions devront donc faire sans leur tricolore qui les a portés ces dernières saisons, Quentin Papillon. Pour le remplacer, c’est un jeune Canadien de 22 ans, Anthony Morrone qui débarque. « C’est un jeune motivé à prouver qu’il peut être un gardien partant en Ligue Magnus, présente Gagnon. Il l’a déjà fait en Autriche où il n’était pas le numéro un au départ mais l’est devenu en cours de saison. » Il pourra également s’appuyer sur un backup français prometteur Issac Charpentier, qui aura des départs selon Gagnon. Il jouera également en D2 à Colmar et possiblement en D1 à Strasbourg grâce au système des licences bleues, loués par Alexandre Gagnon, qui y voit un gros atout pour la formation française, encore sous-exploité par certains clubs. « Issac est dans sa dernière saison d’éligibilité aux licences bleues, on compte bien en profiter à fond pour son développement. » Le développement des jeunes qui pourraient être la clé à Mulhouse, sur le court, le moyen et le long terme.