Dans quelques jours, la ligue Magnus reprend ses droits après un été mouvementé. Malgré tout nous aurons bien douze clubs sur la ligne de départ ce samedi. Profitons de cette rentrée pour faire un tour d’horizon.

Ce que les rumeurs évoquaient en fin de saison dernière sur la situation des Scorpions de Mulhouse se sont avérées. C’est au printemps que l’épilogue a eu lieu. Les Scorpions de Mulhouse ont été liquidés. Il fallait vite trouver un douzième larron pour la ligue, notamment d’un point de vue économique. En effet, jouer à onze c’est une perte de plusieurs millions d’euros pour la ligue dans son ensemble comme nous le précisait le Président des Spartiates de Marseille dans une interview au début de l’été.

En effet, après un court feuilleton, ce sont les Spartiates de Marseille qui ont été retenus pour jouer la ligue Magnus. Ils avaient pourtant entamé leur recrutement pour être solides en D1… La décision a été prise au dernier moment. L’autre possibilité était de voir les Corsaires de Nantes, ces derniers n’ont pas séduit la commission de la fédération. En tout état de cause, nous aurons bien douze clubs sur la ligne de départ. Un sujet qui a fait beaucoup débat au cours des dernières saisons et plus particulièrement la saison dernière : l’arbitrage.

Un plan d’action pour l’arbitrage à quel prix ?

Les instances fédérales ont bien compris l’urgence de remettre à plat certaines choses sur l’arbitrage. Avant l’été la fédération a missionné deux arbitres devenus consultants : Pierre Racicot et Stéphane Auger. Ils ont pour objectif de « donner des outils à la fédération pour faire progresser l’arbitrage ».

Ce ne sont pas n’importe quels arbitres, ils ont officié en NHL pendant de nombreuses années. Ils ont déjà réalisé le même type de diagnostic pour la fédération autrichienne de hockey sur glace.

Le coût engendré par le diagnostic et la mise en œuvre d’un plan d’actions proposé par MM. Racicot et Auger sont supportés par les clubs. En effet, les droits d’engagements en Synerglace Ligue Magnus, D1 et D2 ont fortement augmenté. A titre d’exemple pour la SLM les droits d’engagements sont passés de 26 000 € à 33 400 € pour cette saison. Cette augmentation a été justifiée, en partie, pour payer l’intervention des deux consultants pour l’arbitrage.

Le découpage est le suivant, tout d’abord 6 000 € à la charge des clubs de Magnus, 1 800 € pour les clubs de D1 et enfin 1 600 € pour les clubs de D2. Le coût total s’établit à 120 000 € pour un état des lieux, un plan d’actions qui devrait être mis en place à partir de janvier 2024. Sans l’évoquer explicitement, il se pourrait que M. Fabrice Hurth ne soit plus le référent arbitrage à cette date.

Le corps arbitral a eu l’occasion de rencontrer MM. Racicot et Auger lors du week-end de rentrée début août. Pour la fédération, un autre sujet brûlant les patinoires et le partenariat avec Synerglace.

 

La fin de l’ère Synerglace ?

La fin des Scorpions de Mulhouse a écorné le lien entre Synerglace et la FFHG. En effet, lorsque l’affaire a éclaté au grand jour en décembre 2022 Synerglace a souhaité rapidement couper le contrat qui le liait à la fédération. Le montant variait d’une année sur l’autre et est conséquent entre 300 et 500 000 € par an.

Cependant, les discussions n’ont pas été rompues et au début de l’été, Synerglace a accepté d’honorer son contrat pour la dernière année. Ils ont par ailleurs coupé tous leurs engagements dans le secteur du hockey sur glace. Il est fort probable que ce soit la dernière année de la Synerglace Ligue Magnus. La fédération doit s’atteler dès maintenant à trouver un sponsor pour la ligue élite. Il s’agit d’un des sujets majeurs pour cette saison. Nous y reviendrons en détail prochainement mais le contrat avec Fanseat arrive à son terme également en 2024.

L’arbitrage, le sponsoring, la diffusion seront des sujets à suivre. Nous publierons les projections de la ligue Magnus dans les prochaines semaines. En attendant, voici un état des lieux économique de la SLM.

Une ligue découpée en trois parties.

 

Ce n’est un secret pour personne désormais, le plus gros budget de la ligue appartient aux Brûleurs de loups. Avant de rentrer dans le détail, intéressons-nous au budget global de la ligue. Il atteint pour cette saison 28.6 M€ selon nos estimations, il était de 21M€ en 2020. Une progression de 34% en trois ans. C’est un élément important qui nous indique que les équipes arrivent à attirer des sponsors et arrivent à augmenter leurs budgets.

Est-ce que Mulhouse et Cergy-Pontoise sont des épiphénomènes ? Pas sûr ! Le montant global est tiré par trois clubs qui augmentent leur budget : Grenoble, Angers et Bordeaux.

Clubs Budget estimé
Grenoble    6 000 000.00 €
Angers    4 400 000.00 €
Rouen    3 500 000.00 €
Amiens    3 100 000.00 €
Bordeaux    2 400 000.00 €
Marseille    1 700 000.00 €
Cergy    1 600 000.00 €
Anglet    1 400 000.00 €
Gap    1 350 000.00 €
Nice    1 102 000.00 €
Briançon    1 100 000.00 €
Chamonix    1 000 000.00 €

Nous remarquons que les Dragons de Rouen ont désormais le troisième budget de la ligue. Quant aux Boxers de Bordeaux ils dépassent largement les deux millions d’euros. Selon nos études, un club a des chances de se maintenir dès lors que son budget est égal ou supérieur à 1.5 M€ sur la saison. C’est pourquoi, chaque saison c’est compliqué pour des clubs comme Briançon, Nice, Anglet ou Chamonix.

Le nouvel arrivant en SLM, les Spartiates de Marseille affiche un budget à 1.7M€ qui est tout à fait convenable pour espérer se maintenir. Dans chacun des budgets nous avons estimé la masse salariale brute chargée et nette. Nous nous sommes attachés à la masse salariale des joueurs uniquement.

 Clubs Brut chargée
Grenoble 979 800.00 €
Angers 967 738.52 €
Rouen 923 000.00 €
Amiens 663 402.47 €
Bordeaux 500 000.00 €
Anglet 490 000.00 €
Nice 483 697.04 €
Gap 472 801.21 €
Chamonix 470 661.84 €
Marseille 435 886.04 €
Cergy 430 000.00 €
Briançon 391 249.76 €

Là encore, sans surprise c’est Grenoble qui caracole en tête avec près d’un million d’euros de masse salariale pour son équipe première (hors staff). Les Brûleurs de loups sont suivis de près par les Ducs d’Angers, le podium est complété par les Dragons de Rouen avec 923 000 €.

Par ailleurs, les Jokers de Cergy Pontoise voient leur masse salariale diminuer de près de 25%. Les Rapaces de Gap ont également réduit la voilure sur la masse salariale. Dans le milieu du hockey, les interlocuteurs parlent très souvent en masse salariale nette, c’est pourquoi nous nous sommes prêtés à l’exercice. Nous retrouvons les mêmes acteurs et nous pouvons découper en trois parties la ligue.

 Clubs Masse salariale nette (joueurs)
Grenoble 690 000.00 €
Angers 681 506.00 €
Rouen 650 000.00 €
Amiens 467 184.84 €
Bordeaux 352 112.68 €
Anglet 345 070.42 €
Nice 340 631.72 €
Gap 332 958.60 €
Chamonix 331 452.00 €
Marseille 306 962.00 €
Cergy 302 816.90 €
Briançon 275 528.00 €

Dans un premier temps, le trio de locomotive porté par Grenoble, Angers et Rouen avec en embuscade Amiens. Une masse salariale de 467 000 € environ 30% en-dessous de Rouen. Ensuite, ce que nous pourrions appeler le « ventre mou » de la ligue Magnus dont la masse salariale nette est comprise entre 330 000 et 355 000 €. Enfin, les petits poucets avec Marseille et Cergy légèrement au-dessus de 30 0000 € de masse salariale et enfin Briançon à 275 000 €.

Nous retrouvons en toute logique des masses salariales en adéquation avec les budgets. Nous évoquions en amont l’augmentation du budget global, est-ce que les clubs sont plus structurés ?

Est-ce que la ligue est plus structurée ?

La structuration des clubs passe par des investissements, ces derniers se font au dépends de la masse salariale. Nous avons dégagé un indicateur qui permet de mieux appréhender la structuration des clubs et le montant qui peut y être alloué.

Clubs  % budget total
Grenoble 16%
Rouen 26%
Angers 22%
Amiens 21%
Bordeaux 21%
Anglet 35%
Gap 35%
Chamonix 47%
Cergy 27%
Marseille 26%
Nice 44%
Briançon 36%

Sans surprise Grenoble domine ce classement avec 16% de son budget alloué à la masse salariale de l’équipe élite. Les Brûleurs de loups sont suivis de près par Amiens, Angers et Bordeaux. Il est intéressant de noter qu’Angers a les moyens de sa structuration tout comme Bordeaux.

A l’inverse, Nice et Chamonix dépensent beaucoup pour avoir des résultats sportifs qui leur permettent tout juste de se maintenir. Ils dépensent respectivement 44% et 47% de leur budget !

L’Hormadi et les Rapaces sont à 35% quand Cergy-Pontoise et Marseille sont respectivement à 27% et 26%. Les deux derniers arrivés dans la ligue comprennent que sans structuration point de salut. Les deux formations sont au même niveau que Rouen qui plafonne dans sa structuration.

A ce titre, Cergy-Pontoise qui reste sur deux saisons d’excellente qualité d’un point de vue sportif a eu plus de mal à faire décoller le club économiquement. C’est pourquoi les Jokers ont été sanctionnés par la CNSCG.

Si nous prenons du recul, les années à venir nous devrions voir un top-5 solide avec : Grenoble, Angers, Bordeaux, Rouen et Amiens. Les Jokers et les Spartiates pourraient jouer les troubles fêtes si les deux formations arrivent à transformer l’essai. Ces deux équipes ont une structure de qualité avec leurs patinoires…

 

Les patinoires, un enjeu crucial pour cette saison et au-delà.

 

En début de saison dernière, nous évoquions le cas de Briançon qui devait être privé de patinoire cet automne pour changer la dalle. Ces travaux interviendront en fin de saison, finalement. Cependant, les Dragons de Rouen ont été victime de problèmes avec leur patinoire lors de la finale. Amiens, Bordeaux et Marseille ont également été victime de problèmes avec leur patinoire pendant leurs préparations.

La ville de Briançon a planifié, Amiens également des travaux structurels pour leurs patinoires d’autres villes de hockey pourraient être impactés : Rouen, Bordeaux ou encore Nice. Sans patinoire, point de hockey sur glace, c’est un sujet suivi de très près par la fédération. Le président lui-même s’en occupe et travaille avec l’ensemble des acteurs pour sauver les patinoires et les rendre plus écologiquement acceptables.

Désormais, place à la glace ! Excellente saison à toutes et à tous !