Aujourd’hui, c’est le Media Day seconde édition à l’Accor Hotel Arena à Paris. Tous les acteurs de la Magnus s’y retrouvent pour rencontrer les médias. Une opportunité pour Plan de Match de faire un tour d’horizon de la médiatisation du hockey en France.
En préambule, nous assumons que le hockey a deux types de publics en France. D’un côté, les supporters des clubs de ligue Magnus qui garnissent les travées des patinoires de France et de Navarre. De l’autre, les suiveurs des autres championnats et notamment la NHL. L’objectif doit être de réunir ces publics autour du hockey en France. L’un des moyens est la médiatisation. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Une médiatisation très territoriale
La fédération est accompagnée par l’agence Blackboard pour promouvoir le hockey au niveau national. D’ailleurs, le média Day est géré par cette agence qui depuis deux ans a réussi à amener d’autres médias au hockey. Régulièrement vous avez des articles ou reportages qui traitent du hockey dans des journaux comme le Figaro, le Monde et même le Parisien. C’est le travail de la fédération et de Blackboard.
Cela dit, le hockey est surtout traité par des journaux « locaux ». Nous avons tenté de trouver des études qualitatives sur les occurrences hockey pour l’ensemble des médias, sans succès. Nous avons décidé de mener notre enquête.
Sans contestation possible, les journaux qui traitent le plus du hockey sont le Dauphiné Libéré, Paris-Normandie ou encore le Courrier Picard. Le journal des Alpes produit entre 500 et 600 occurrences par an pour un tirage à 156 000 exemplaires en 2022 (source : APCM). Les journalistes du DL suivent quatre équipes en ligue Magnus : Grenoble, Gap, Briançon et Chamonix ce qui représente 30% des équipes. Par ailleurs, ils proposent beaucoup de contenu en « inside » par l’intermédiaire de journaliste bien implanté dans le milieu Grenoblois : Benoît Lagneux
Paris-Normandie est également bien positionné avec un peu plus de 100 occurrences par année, là aussi un journaliste bien implanté auprès du club de Rouen : Matthias Rogier. Le Courrier-Picard est également aux alentours de 100 occurrences toujours selon nos estimations avec un journaliste bien implanté : Raphaël Nappey désormais seul après le décès malheureux de l’emblématique Sophie Roguez. Ils sont tirés respectivement à 35 500 et 42 800 exemplaires. Enfin, Sud-Ouest qui suit localement deux clubs Bordeaux et Anglets est aux alentours de 150 à 200 occurrences par an. Son tirage est de l’ordre de 204 000.
Par ailleurs, le développement de chaînes de télévision locale permet une diffusion de l’information pour les clubs. Sur la dernière année plusieurs sujets sur TéléGrenoble, BFM Dici, BFM Marseille, BFM Normandie et BFM Paris ont permis de mettre en avant les clubs. A l’image de notre sport sa médiatisation est très locale. Il est compliqué de faire passer une étape pour une plus grande diffusion.
Un autre acteur qui a pris sa part sur la dernière saison : France 3. Ses déclinaisons régionales travaillent avec des clubs comme Bordeaux ou Grenoble par exemple.
La diffusion nationale du hockey très faible
La nationalisation de l’information en hockey est très faible. Elle passe par le journal l’Equipe. En général, le journal produit environ 80 à 90 occurrences par an pour une diffusion totale de 3.5 millions tout support sur l’année 2021. La qualité s’est beaucoup améliorée depuis deux ans. La différence se fait en fonction des journalistes qui s’impliquent ou non sur le suivi du sport et les contraintes données par la rédaction.
La presse spécialisée avec Slapshot tiré à environ 4 500 exemplaires reste le seul et unique magazine après la liquidation judiciaire de Hockey Magazine début 2023.
Et le web dans tout ça ?
Sur le web, il y a deux mastodontes à savoir Hockey Archives et HockeyHebdo. HA traite du hockey en général de la Magnus à la D3 en passant par tous les championnats étrangers. Fondé il y a plus de 25 ans par Marc Branchu, il est une référence dans le domaine en France et en Europe. La différence c’est qu’il mixe tous les publics NHL et locaux, ainsi il a une bonne visibilité dans le hockey. Il traite de sujets chauds comme froids avec de vraies plumes spécialistes du domaine.
HockeyHebdo est son concurrent direct, il est suivi par des acteurs du secteur pour avoir les dernières nouvelles du hockey. Ces deux sites sont totalement gratuits et génèrent un trafic de près de 100 000 vues par mois. HockeyHebdo constitué en société et génère un chiffre d’affaires annuel qui varie entre 10 000 € et 17 000 € par an selon nos estimations. A noter que la marque avait été déposée en 2008 et est désormais dans le domaine public depuis 2018. Enfin, le patron historique Christian Simon a passé la main à Laurent Labrot en 2022. La société est dans une situation critique puisque les capitaux propres de la société sont inférieurs à la moitié du capital social selon le PV d’assemblée générale du mois d’octobre 2022.
Enfin, Plan de Match nouvel arrivant sur le secteur qui propose une approche différente des deux autres et multipliant les supports : Podcasts, newsletters, vidéos. Par ailleurs, nous avons décidé de proposer des contenus payants après deux années d’existence. Une exposition limitée à 8 500 vues en moyen par mois et un revenu généré de 2 250 € sur la saison 2022-2023.
La presse en générale est plutôt fragilisée, la presse hockey est très fragile à l’image de l’économie du hockey. En 2023, un magazine a été mis en liquidation et une référence sur le web semble être dans une situation critique. Le hockey a besoin d’une plus grande exposition, quid de la diffusion audiovisuelle ?
Fanseat, un outil de transition qui a fait son temps ?
Dans les années 1980, le hockey était diffusé sur des chaînes nationales, après les JO de 1992 à Albertville le hockey n’a pas réussi à profiter de l’aubaine. Lors de la dernière décennie, la fédération avait réussi à faire en sorte que l’Equipe TV achète les droits de diffusion des championnats du monde de l’équipe de France… Malheureusement, ces droits n’ont pas été exercés ces dernières années.
Lors de la pandémie de CoVID, la fédération a noué un partenariat avec Sport en France, la chaîne du CNOSF qui reste malgré tout plutôt confidentiel. Les coûts de production sont relativement importants et les revenus générés plutôt faibles. Les audiences sont de l’ordre de 15 000 à 20 000 vues selon nos estimations.
Il y a 4 ans la FFHG a signé un accord avec la société FANSEAT pour diffuser le plus de matchs possible en mettant à contribution les clubs. Nous évoquions le sujet sur la technologie en octobre 2019.
Sur les deux dernières années, la FFHG s’est vu proposer des offres en OTT pour diffuser le hockey avec à la clé des droits TV de l’ordre de 15 000 à 50 000 €. La fédération n’a pas donné suite étant sous contrat avec Fanseat jusqu’en 2024. Cependant, le sujet de l’exposition du hockey devient primordial et cette saison les instances dirigeantes travaillent sur les solutions possibles pour médiatiser le hockey. Un consultant a été nommé pour travailler le sujet il s’agit d’Arnaud Simon ancien patron d’Eurosport.
Selon nos informations, certaines cotations ont été faites pour le hockey du côté du groupe Eurosport, BeIN a également été évoqué. Pour le moment, rien n’a filtré et il n’y a pas de solution qui se détache. A noter que le hockey est le dixième sport diffusé avec 125 heures principalement grâce à la NHL (année 2021-2022) sur CANAL+ qui devrait reprendre les droits pour la saison à venir après une année blanche.
Les acteurs du hockey doivent travailler à une professionnalisation de sa diffusion dans tous les médias possibles. Nous remarquons que l’économie est fragile et la diffusion reste principalement locale. A chacun de travailler sur la réunion des deux publics NHL et Magnus. Et si la formule magique était une chaine spécialisée dans le sport comme Eurosport ou BeIN et France 3 et ses déclinaisons régionales ? Une première réponse devrait intervenir en fin de saison.