Habitués aux playoffs et au haut de tableau, les Boxers de Bordeaux visent avant tout le maintien cette saison. Touchés financièrement par le Covid-19, les Girondins lancent un nouveau cycle avec une équipe plus jeune.

Sixième pour sa première saison en 2019-2020, septième l’an passé, Olivier Dimet, l’entraîneur des Boxers, reste même sur sa faim : « Il y a de la frustration car l’équipe était compétitive. Elle l’a montrée en remportant ses onze derniers matches. Mais, la première partie nous a fait trop de mal. » Pourtant, quelques mois plus tard, l’ambition a changé : « On va déjà assurer le maintien et essayer d’accrocher les play-offs. Pour Bordeaux, c’est un changement de discours. »

En difficulté financière après le Covid-19, les Boxers ont dû revoir leurs ambitions à la baisse. Exit les Andrew Johnston, Gabriel Desjardins, Simon Bourque, Olivier Labelle, Johan Skinners ou encore Mark Hurtubise. « C’est un nouveau cycle de deux ou trois ans qui s’ouvre avec une équipe plus jeune encadrée par quelques joueurs d’expérience. » L’objectif, construire, à partir de jeunes Français, tout en développant la formation bordelaise.

 

Pour démarrer le rajeunissement de son équipe, Olivier Dimet a fait confiance à de jeunes joueurs qu’il a côtoyés et bien connus à Anglet : Enzo Carry et Louis Vitou en attaque et Jules Boscq. Parmi eux, Louis Vitou sort d’une première grosse saison statistiques en Magnus avec 17 points dont 9 buts en 23 matches avec Anglet. « Il a un réel potentiel offensif mais il va falloir confirmer dans un nouveau club, affirme Olivier Dimet. Il doit continuer à travailler et à se développer, notamment défensivement. » À 21 ans, son rôle sera déjà clé dans cette escouade offensive classée 11e sur 12 par le modèle Magnus Corsi/Plan de Match et dont seuls quatre joueurs sont jugés de niveau top 6. S’il parvient à apporter offensivement à hauteur de sa production à Anglet l’an passé, il pourrait compléter ce fragile top 6.

À la recherche de la production offensive

Un deuxième joueur pourrait également apporter une solution supplémentaire pour le haut de l’alignement des Boxers. En provenance de Grenoble et de son escouade offensive très dense, Maxime Legault a été recruté pour « être un leader de l’attaque, confirme Dimet. C’est un joueur d’impact avec également de réelles qualités techniques. Il est capable de marquer des buts et de tirer l’attaque avec lui. » Lui aussi pourrait dépasser les prédictions du modèle en étant placé dans un rôle plus important qu’à Grenoble.

Les Boxers auront sans doute bien besoin de la production offensive de Vitou et Legault, d’autant que Austin Fyten, l’une des deux recrues phares de l’attaque, est indisponible pour le début de la saison. Alors que son attaquant enchaîne les examens suite à une mauvaise béquille, Dimet estime que la durée de son absence devrait se situer entre deux et trois mois. Un coup dur. Prévu pour être le premier centre de l’équipe, Fyten était également l’un des joueurs les plus appréciés du modèle statistique de Magnus Corsi. « Il est complet, il est bon dans les deux sens de la glace, il a une bonne vision… C’est un vrai pro, énumère Dimet. C’était quelqu’un d’important dans notre structure et dans notre jeu, sa blessure nous déstabilise. »

L’attaque repose donc désormais beaucoup sur la deuxième grosse recrue offensive des Boxers, Alex Wideman. Arrivé de Rungsted Seier Capital, au Danemark, il a inscrit 44 points en 47 matches l’an passé. Il a également une moyenne de 0,84 point par match en 244 matches d’ECHL. Des statistiques qui le placent parmi les joueurs élites du championnat selon Magnus Corsi. « C’est un petit ailier rapide et véloce, présente Dimet. Il a d’excellente main, une bonne vision. C’est un buteur. On attend de lui qui dynamise notre attaque. »

Dans le haut de l’alignement, il devrait être épaulé par le régulier Loïk Poudrier, auteur de 86 points en 98 matches depuis son arrivée en Ligue Magnus, il y a trois saisons. Alexandre Mulle, devra lui confirmer, à 32 ans, une saison 2020-2021 étonnante avec 22 points en 22 matches lui qui tourne en moyenne à 0,44 point par match depuis son arrivée dans la Ligue Magnus en 2009-2010.

Plus bas dans l’alignement, Dimet n’aura pas énormément de profondeur sous la main. Les jeunes Enzo Carry et Esteban Ragot sont prometteurs mais n’ont tous les deux que 18 ans tandis que Julien Guillaume, Robin Lamboley, Aina Rambello et François Paquin semblent être trop justes pour jouer un rôle majeur dans le top 6.

Une défense mobile pour aider l’attaque

Si en attaque les pourvoyeurs de points ne sont pas légion, la défense pourrait venir à la rescousse de l’attaque. C’est d’ailleurs la philosophie de l’entraîneur : « On attaque à 6, on défend à 6. Dans le hockey moderne, les arrières doivent supporter l’offensif. On a besoin de défenseurs qui se projettent vers l’avant avec une bonne lecture du jeu pour savoir quand y aller. » Dans ce profil, Louis Bélisle est une des références dans la Ligue Magnus. Après une saison 2019-2020 un peu en-dessous de ce à quoi il nous avait habitués, le Canadien a inscrit 21 points en 23 matches lors de la saison 2020-2021. Un rebond qui rassure au moment où le défenseur franchit la barre des 30 ans.

Et, si l’excellent Simon Bourque (meilleur pointeur des Boxers l’an passé) a quitté le club cet été, Dimet a immédiatement trouvé son remplaçant, Kevin Spinozzi. « C’est une belle satisfaction de cette préparation, confirme l’entraîneur, emballé. On a vu des vidéos très intéressantes de lui au moment de le recruter et le voir sur la glace avec ses qualités techniques et de patinage nous a confortés dans cette idée. » Si le modèle statistique le voit inscrire un point par match au cours de l’exercice à venir, il devra tout même composer avec un contexte compliqué devant lui. De plus, sa première expérience en Europe, à Bolzano en EBEL avait été mitigé, il y a deux ans.

Grâce avant tout à ces deux leaders canadiens, la défense bordelaise est sur le papier (ou sur la calculette) la septième meilleur de la Ligue Magnus. Pour compléter le top 4, Bordeaux a conservé deux cadres à sa ligne bleue, Maxime Moisand et Marc-André Lévesque. Si le Français n’est pas vraiment mis en avant par le modèle statistique car il n’est pas parmi les plus productifs offensivement, il demeure extrêmement fiable aussi bien en défense qu’en transition. Le Québécois sort lui d’une saison en dedans statistiquement mais a régulièrement fait bien mieux depuis son arrivée en Ligue Magnus.

Enfin, la défense sera complétée par deux jeunes joueurs, Jules Boscq, 19 ans, et Bastien Lemaître, 20 ans. Peu de marge de manœuvre donc pour Dimet. Derrière un top 4 solide, l’entraîneur possède deux joueurs prometteurs mais qui ne sont pas encore à maturité. « Jules Boscq est un joueur en devenir, le meilleur espoir de l’an passé, précise tout de même Dimet. C’est un joueur complet que l’on voit devenir dominant à moyen terme, mais il doit encore progresser. Il a encore à apprendre défensivement et dans sa vitesse d’exécution. » Comme en attaque, le staff des Boxers devra donc jongler entre le développement des jeunes et la nécessité de remporter des matches, dès cette année.

Pour gagner, les Bordelais pourront aussi compter sur leur gardien, Clément Fouquerel. S’il sort d’une saison 2020-2021 un peu plus compliquée statistiquement, le portier tricolore avait réalisé une excellente saison en 2019-2020. Pour sa douzième saison en Magnus, il fait partie des valeurs sures du championnat. Il sera aidé dans sa tâche par Gaëtan Richard, qui a pour mission de tirer le duo vers le haut. « On a demandé à Gaëtan de challenger Fouquerel, explique Dimet. Pas le challenger de manière malsaine, mais pour le bien de l’équipe. Au final, c’est le meilleur des deux qui démarrera les rencontres. » Dur d’imaginer l’ex briançonnais dépasser l’ex gapençais dans la hiérarchie, mais Bordeaux possède une paire de gardiens solides, un bel atout en attendant l’éclosion des jeunes devant eux.