La première saison de Jyrki Aho, a été couronnée de succès puisque le 13 avril dernier, Grenoble a soulevé la coupe Magnus à Pole sud. Avec un contrat initial de deux années, le Finlandais repart à la tête de l’équipe avec la CHL cette saison. Plus globalement, Grenoble est une équipe solide dans tous les secteurs : économiquement, sportivement. Une question demeure, le modèle est-il soutenable ? Nous tenterons de répondre à cette question après la présentation de l’équipe.
L’année dernière, les Brûleurs de Loup ont écrasé toute concurrence, affichant des statistiques impressionnantes dès la saison régulière: 35 victoires, dont une en prolongations, pour seulement 4 défaites sèches et 5 défaites en overtime. A côté de ça, leur attaque fut la plus performante, 13% supérieure à leurs dauphins avec 200 buts marqués en 44 matches. Quant à leur défense, première du championnat aussi, avec 84 buts alloués, soit 9,5% de moins que les Ducs d’Angers, leurs dauphins. Ajoutez à cela de nombreux trophées pour performances individuelles, et vous aurez un assez bon aperçu de leur saison 2021-2022.
La fin de saison dernière s’est soldée par quatre départs en retraite (Christophe Tartari, Julien Baylacq, Sébastien Bisaillon et Jani Tuppurainen), et une qualification en Champions Hockey League. Le staff Grenoblois a opéré un léger remaniement au sein de l’effectif afin d’être une équipe prétendante, à minima, aux play-offs de CHL. Nous projetions la saison passée Grenoble à 74,6 points avec une seconde place au classement, et leur surperformance fut sans égal : +47,3%, 109 points. Cette année, le modèle Plan de Match/Magnus Corsi les projette à la première place du classement avec un total de 113 points.
Offensivement, il n’y a pas photo pour la ligue Magnus
Si l’on met de côté les départs en retraite, c’est seulement deux attaquants de l’effectif qui partent vers de nouveaux horizons : Peter Vallier, de retour a Bordeaux, et Malo Ville, de retour à Chamonix. 4 départs au total donc sur l’attaque Grenobloise, et 10 prolongations : le capitaine Joël Champagne, l’impressionnant Sacha Treille ainsi que les frères Aurélien et Flavian Dair. Sans oublier les excellents JFL Julien Munoz, Adel Koudri et Dylan Fabre. Ce dernier, très talentueux repart sur les mêmes bases que la saison dernière avec sur ce début de saison déjà 8 points (5B, 3A) au compteur. Enfin, l’expérimenté Markus Poukkula, le meilleur assistant (49 assistances en saison régulière) de la saison dernière, et le duo Nicolas Deschamps accompagné du capitaine de l’équipe de France Damien Fleury.
Habitué du haut de tableau des meilleurs pointeurs en Magnus, l’international Français est passé par les meilleures ligues européennes : Liiga, SHL, DEL, en passant par la KHL ou encore la NLA. Il fut récompensé l’année dernière du trophée Albert Hassler, récompensant le meilleur joueur français de la ligue, et du trophée Charles Ramsey, donné au meilleur pointeur de la saison. Projeté la saison dernière à un WinShares de 2.7, il termina avec un score de 3.9. Nous le projetons cette saison à 60 points pour un WinShares de 2.8. Il a déjà inscrit 9 points (4B, 5A) en 6 matchs soit l’équivalent de 15% de sa projection en seulement 6 matchs.
Par ailleurs, pour préparer la CHL, dans un groupe compliqué, deux nouvelles têtes ont posé leurs valises en Isère, et ont des points communs. Tout d’abord, Brent Aubin, a fait le plus gros de sa carrière en première division Allemande : la DEL. Mais le joueur canadien a commencé en QMJHL, comme beaucoup de ses compatriotes québécois, avant de continuer en AHL pour ensuite rejoindre l’EC Salzburg, équipe d’EBEL Autrichienne. Il a été champion à deux reprises avec Salzbourg et a remporté la Continental Cup en 2010. Patineur expérimenté à l’aise dans les deux sens de la patinoire, il est projeté par le modèle Plan de Match/Magnus Corsi à 42 points pour un WinShares d’1.8.
Le second, Chad Nehring, est aussi canadien. Il nous arrive de 4 saisons en DEL, coupées par une saison 2020-2021 blanche due à une blessure. Ajouté à l’offensive grenobloise dans le but d’être plus compétitif en CHL. C’est un centre expérimenté, à l’aise lui aussi dans les deux sens de la glace. Auteur la saison dernière de 23 points (9B,14A), il est attendu cette saison à 36 points pour un WinShares de 1. A l’instar de son coéquipier Damien Fleury, il a déjà inscrit 9 points (4B,5A) en 6 matchs. C’est d’ores et déjà 25% de sa projection initiale qui est acquise.
A la ligne bleue, c’est la stabilité parfaite
D’un point de vue défensif, aucun joueur n’a été évincé. Sont prolongés Pierre Crinon, arrivé en cours de saison dernière après un début de saison en Slovaquie, Lucien Onno, « prêté » aux Scorpions de Mulhouse l’année dernière dans l’optique de se développer en ayant plus de temps de glace. Ensuite, le polyvalent finlandais Jere Rouhiainen, le très expérimenté Janne Jalasvaara et enfin le québécois Maxim Lamarche, dorénavant couplé avec son compatriote Kyle Hardy,
Ce dernier a été l’auteur de 41 points (7B, 34A) l’année dernière, il fut le défenseur le plus productif de la ligue pour la quatrième fois depuis son arrivée en France. Défenseur offensif de petit gabarit, nous le projetons cette saison à 41 points pour un WinShares de 3.1. Lamarche, lui, est projeté à 22 points et 1.8 winshares.
Six prolongations et deux départs en retraite ont impacté l’effectif des Brûleurs de loups. Cependant, le staff Grenoblois a décidé de recruter un dernier homme sur la ligne défensive en la personne de Bobby Raymond. Ils ajoutent de la profondeur à l’effectif. Cela permet de palier à l’absence de certains blessés (rappelons qu’à ce jour, Lucien Onno et Pierre Crinon sont absents pour raisons de santé). Canadien de 37 ans, il a effectué un cours passage en France lors de la saison 2009-2010 avant de rejoindre l’ECHL, la AHL, l’EBEL et enfin la DEL. Assistant Capitaine des Iserlohn Roosters en 2020-2021, aux côtés de Brent Aubin, nous le projetons à 32 points pour un WinShares de 2.4. Depuis le début de la saison, il a prouvé sur la glace ses qualités tant défensives qu’offensives.
Stabilité dans les buts du côté de l’Isère
Et dans les cages, la recette est la même, Raphaël Garnier seconde le tchèque Jakub Stepanek. Il a su confirmer sa place de gardien d’élite lors de la saison passée avec 93,2% d’arrêts en 31 matchs. Habitué des championnats tchèques, il est aussi passé par la Liiga et totalise 8 saisons en KHL. Meilleur gardien en 2021-2022, nous l’attendons à la même place cette année, avec un WinShares de 5.4. Ses prestations en CHL ont pu interrogé certains observateurs, c’est une saison de confirmation pour le gardien tchèque. Son back-up serait également un bon gardien numéro 1 dans d’autres organisation de la ligue. Une doublette solide devant les buts devrait permettre aux Isérois de remporter une nouvelle fois la saison régulière.
Les Brûleurs de Loup présentent donc un effectif très puissant, « taillé pour la CHL » selon Jean-François Dufour et devraient selon notre calculatrice, survoler cette année encore le championnat. Un début de saison avec 5 victoires en 6 matchs aurait tendance à nous conforter dans cette idée. Cependant, leur parcours en CHL, au-delà du groupe compliqué peut nourrir une certaine déception pour les supporters des Brûleurs de loups.
Nous terminons nos présentations / projections pour la saison 2022-2023 avec les Brûleurs de loups, nous verrons si notre taux de 87% de réussite pour les playoffs se renouvèlera cette saison. Nous aurons probablement quelques surprises. Bonne saison à tous !
Pour aller plus loin avec les Brûleurs de loups… (développement marketing, économique, sportif), est-ce que le modèle de Grenoble est soutenable à long terme ?
Dans le hockey français, actuellement, il y a une chose qui rassemble tous les acteurs. Grenoble est au-dessus du lot et de loin. C’est l’équipe à abattre pour chacun de ses adversaires. En parallèle, certains se questionnent sur la durabilité du modèle à long terme de Grenoble. En effet, avec un budget de 5.5 à 6 millions d’euros sur la saison 2022-2023, près de 1.3 millions d’euros de plus que le budget des Ducs d’Angers annoncé à 4.2 millions d’euros. La différence est colossale, en équivalence c’est le budget de Mulhouse qui sépare les deux équipes.
Une masse salariale brut chargée pour les joueurs qui tutoie le million d’euros à 950 000 € selon nos projections, tout est gigantesque à Grenoble. Une formation qui fonctionne du feu de Dieu pour laquelle le club investit près de 450 000 € par saison. Des « innovations » à chaque saison, la carte BDL la saison dernière, le mapping cette année pour chaque match à Pole Sud. Beaucoup s’interrogent, comment font-ils ? Un président clivant, Jacques Reboh, doit ‘mettre au pot’ à chaque saison de gros montants. La réponse est non, tout est auto financé sauf la formation qui est en partie financée par l’apport de M. Reboh.
Cela signifie que si il quitte le club, le budget se finance aux travers des hospitalités, abonnements et sponsors. Le club rayonne dans toute l’Isère et au-delà et ne compte pas s’arrêté là. C’est un travail quotidien qui permet aux Brûleurs de loups d’être une équipe solide, novatrice et en avance sur l’ensemble de la ligue… mais loin en Europe, notamment sportivement.
Grenoble est encore un petit poucet sur la scène européenne mais compte bien changer tout ça. Tout d’abord, la formation de l’Isère est le seul club français de l’association EHC, c’est une cotisation de plusieurs milliers d’euros mais cela permet d’avoir une visibilité sur la scène européenne. C’est un moyen également d’échanger les bonnes pratiques et de créer des partenariats. C’est ce que Grenoble a fait avec Lausanne un partenariat global qui englobe le sportif, l’économique, la formation et l’aspect hors glace. Le challenge désormais est de faire vivre ce partenariat. A noter que le prêt de joueurs dans le cadre de la CHL n’a pas fonctionné comme espéré. D’ailleurs, l’un des joueurs prêté par le LHC a été envoyé à Langnau hier.
Cependant, c’est une première pierre qui a été posé dans la structuration du club. Grenoble a un budget équivalent voir supérieur à la fédération française de hockey sur glace, c’est dire la puissance de ce club en France. Grenoble n’a pas le choix et doit gagner le championnat pour continuer à grandir et devenir encore plus crédible sur la scène européenne.
Lorsque nous interrogeons des acteurs du hockey en France, beaucoup pense que Grenoble a plusieurs années d’avance sur ses concurrents. Néanmoins, Rouen peut vite rattraper son retard, il faudrait que le club reparte sur une nouvelle dynamique. En tout état de cause, Grenoble est projeté à 108 points après six matchs dans la saison.