La saison 2022-2023 des Boston Bruins était annoncée comme une saison classique parmi les connaisseurs : un top 8 de la conférence, une équipe ni trop forte, ni trop faible, une qualification aux play-offs, et une année blanche de tout titre.
Sur le papier, ces connaisseurs avaient raison. D’un point de vue général, l’équipe venait de se faire sortir en première ronde des phases finales et de nombreuses questions subsistaient, notamment vis-à-vis de certains joueurs. Chez les portiers tout d’abord, Linus ULLMARK a eu dès la saison 2021/2022 la lourde tâche de remplacer Tuukka RASK, gardien emblématique de l’équipe connu notamment pour ses arrêts spectaculaires et sa capacité à élever son jeu en play-offs. S’il a été solide, il n’a pas convaincu les supporters des Bruins, et même si Jérémy SWAYMAN restait au sein de l’équipe, cela ne suffisait pas à rassurer.
En attaque, le premier centre Patrice BERGERON commençait à soulever quelques questions quant à son âge, à l’instar de Brad MARCHAND et de David KREJCI, recruté à la fin de l’été 2022 après une année en Tchéquie. A côté de ça, l’équipe restait solide en défense, mais cela ne suffit pas toujours.
Enfin et surtout, Bruce CASSIDY (coach de Providence de 2008 à 2016 et de Boston de 2016 à 2022) se retrouvait limogé. A sa place, Jim MONTGOMERY était recruté, avec un CV qui manquait de poids pour bon nombre de personnes, car même s’il avait été à la tête des Stars de Dallas en 2018/2019, il fut licencié au début de la saison suivante, et enchaîna ensuite en tant qu’assistant coach chez les St Louis Blues. Personne ne savait à quoi s’attendre, ce qui a conduit Don SWEENEY, le manager général de l’équipe, à essuyer pluie d’insultes et torrents d’incompréhension de la part des suiveurs de l’équipe.
Il a suffi de quelques semaines pour que tous les détracteurs se taisent. Sur la glace, il se passait quelque chose. Tout semblait fluide, et les victoires ont commencé à s’enchaîner. Il a vite semblé évident que l’équipe allait fournir une très bonne saison et le staff a donc décidé de céder quelques choix de draft pour ajouter à l’équipe des éléments de poids supplémentaires.
Dans les faits, l’équipe semblait inarrêtable, enchaînant les records avec celui de l’équipe la plus rapide à atteindre les 80 points, puis celui des 100 points, ou encore celui de l’équipe la plus rapide à atteindre les 50 victoires. Ils terminèrent la saison régulière à 65 victoires, 12 défaites (dont seulement 4 à domicile) et 5 défaites en prolongation, ajoutant un dernier record à la liste avec celui de l’équipe possédant le plus de victoires et de point en une saison de l’histoire de la NHL. Mais une nouvelle inconnue s’est ajoutée à l’équation : les noirs et or peuvent-ils vaincre la malédiction du trophée des présidents ?
Et bien non. Après avoir mené la série 3 victoires à 1 face aux Florida Panthers qui était la seule équipe à les avoir vaincus deux fois en saison régulière, les ours s’effondrèrent. L’euphorie et le sentiment d’invincibilité ont laissé la place à des sentiments de déception, de colère et de frustration.
Une saison exceptionnelle sur de nombreux aspects donc, mais avec un goût de trop peu pour les supporters, les joueurs et le staff. Une fois la tempête passée, de (pas si) nouvelles interrogations ont surgi : que va-t-il se passer pour Bergeron ? Krejci ? L’équipe va-t-elle perdre ses deux premiers centres ? Comment faire s’ils partent avec une marge de manœuvre salariale quasi nulle suite aux ajouts de dernière minute en début d’année ?
Pour les premiers, le monde entier fut fixé dans l’été, le capitaine Patrice BERGERON prenait sa retraite, et David KREJCI l’accompagnait très vite. Ensuite, le management avait des priorités : prolonger l’attaquant star David PASTRNAK et Jérémy SWAYMAN afin de garder le duo de gardien le plus productif de la ligue. Ces objectifs furent remplis, le premier signant pour 8 ans au sein de l’équipe avec un CapHit de 11,250,000$, le deuxième pour un an avec un CapHit de 3,475,000$ après le processus d’arbitrage.
Ensuite, des joueurs quittaient le navire. Tyler BERTUZZI, qui avait marqué les esprits par son style de jeu très « Bruinesque » a décidé de tenter sa chance ailleurs, le contrat proposé par l’équipe des Bruins jugé trop long par le principal intéressé. Taylor HALL et Nick FOLIGNO furent échangés pour libérer de la masse salariale plus que par opportunité. Au-delà des contrats two-way libérés, on se séparait aussi de Connor CLIFTON, Dmitri ORLOV, Tomas NOSEK et Garnet HATHAWAY.
A leur place, l’équipe annonçait les arrivées de James VAN RIEMSDYK, Patrick BROWN, Kevin SHATTENKIRK, Morgan GEEKIE et Milan LUCIC, comptant aussi sur certains jeunes pour ajouter de la profondeur et combler certains vides. Pas de quoi faire trembler les foules donc, et même le contraire, certains supporters annonçant déjà une non-qualification en play-offs. Quelques surprises sont cependant arrivées, et l’espoir a pu renaître chez certains…
Devant, on retrouvera cette saison des joueurs présents l’année dernière. A gauche tout d’abord, on retrouvera Jake DeBRUSK, repêché en 2015 par la franchise. Sa saison dernière fut sa meilleure, avec 50(27B, 23A) points en 64 matches. Notre modèle projette l’attaquant polyvalent à 43(22B, 21A) points pour un WinShares de 2,15.
Au centre, Pavel ZACHA, qui a été échangé en 2022 contre Erik HAULA, effectuera la deuxième année de son contrat chez les Bruins. Auteur d’une bonne saison l’année dernière avec 57(21B, 36A) points, il a su convaincre le public du TD Garden. Cette année, il prendra le rôle de centre n°1, et obtiendra par la même occasion plus de temps de jeu et plus de responsabilités. Pour cette année, notre modèle le projette à 47(19B, 28A) points pour un WinShares de 1,79.
A ses côtés, on pourra retrouver son compatriote David PASTRNAK. Meilleur pointeur de l’équipe l’an passé avec 113(61B, 52A) points, il a aussi atteint le top 3 des meilleurs pointeurs de la ligue, derrière Connor McDAVID et Leon DRAISAITL. Sérieux prétendant au Trophée Hart l’année dernière, le Tchèque devrait faire trembler les filets adverses cette saison encore. Le modèle Plan de Match/NLIce Data le projette d’ailleurs à 99(55B, 44A) points pour un WinShares de 4,94.
Derrière, Matt GRZELCYK formera toujours un duo avec Charlie McAVOY. Le premier est un élément clef de la défense des noirs et or, et ce, depuis sa première saison au sein de l’équipe en 2017. Natif de Boston, ancien capitaine de son équipe universitaire, et ancien assistant capitaine de l’équipe U20 des USA, son leadership est reconnu par tout le vestiaire. Nous le projetons cette saison à 28(5B, 23A) points pour un WinShares de 3,18.
McAVOY, de son côté, a su s’imposer au fil des ans comme l’un des meilleurs défenseurs two-way de la ligue. Il est un défenseur physique, possédant un bon patinage et un très bon sens du hockey. A l’aise dans les deux sens de la patinoire, il est projeté cette saison à 55(8B, 47A) points pour un WinShares de 4,44.
Ensuite, il y a du neuf. Morgan GEEKIE a été recruté après deux saisons passées chez le Kraken de Seattle. Initialement annoncé au centre, il a vite été switché à l’aile droite, où il semble s’épanouir plus facilement. Rejoignant une équipe au style de jeu radicalement différent de celui de Seattle, nous le projetons à 26(9B, 15A) points pour un WinShares de 0,91.
Mais si MONTGOMERY a décidé de le convertir à l’aile, c’est aussi pour donner du temps de jeu à celui qui a été au centre de toutes les discussions en rapport avec l’équipe du Massachusetts pendant la présaison : Matt POITRAS.
La présaison en NHL sert à tester différentes lignes, tactiques, à remettre les joueurs en jambe, mais aussi à jeter quelques rookies sur la glace pour voir de quoi ils sont capables. Si les attentes étaient élevées vis-à-vis de Fabian LYSELL, qui évolue très bien en AHL à l’heure actuelle et continuera d’y évoluer pour l’instant, le jeune POITRAS a certainement pu profiter de cette absence de pression pour pouvoir montrer ses talents. Il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il a réussi.
Auteur d’une très bonne présaison, il est rapidement devenu certain qu’il ferait partie de l’effectif de départ de la saison régulière. Comparé à Mitch MARNER par son capitaine, le jeune a participé à la victoire contre les Blackhawks de Connor BEDARD, permettant l’ouverture du score avec Brandon CARLO et Trent FREDERIC. Après plusieurs matches sans points, il a marqué ses deux premiers buts au plus haut niveau mondial contre les Ducks d’Anaheim. Il semble donc confirmer les bonnes choses montrées en septembre dernier, et notre modèle le projette à 26(7B, 19A) points pour un WinShares de 1,01.
Il évoluera avec Brad « The Rat » MARCHAND, annoncé comme nouveau capitaine de l’équipe. Véritable peste sur la glace, et souvent réduit à ce personnage provocateur, il est l’archétype même du joueur que l’on déteste mais que l’on souhaiterait avoir dans son équipe. Très bon manieur de palet et patineur très agile, il n’a connu dans sa carrière que les Bruins, et effectue cette année sa quinzième saison sous leurs couleurs. Nous le projetons cette année à 77(29B, 48A) points pour un WinShares de 3,79.
A l’arrière, le duo reste le même que l’an passé avec dans un premier temps Hampus LINDHOLM. Défenseur polyvalent, il sait autant créer du jeu qu’interrompre celui des adversaires. Utilisé dans toutes les unités spéciales, il possédait l’année dernière le meilleur +/- de l’équipe et de la ligue avec 49. Titulaire d’une fiche de 53(10B, 43A) points, nous le projetons cette année à 38(8B, 30A) points pour un WinShares de 3,18.
A sa droite, le très défensif Brandon CARLO effectuera cette année sa 8e saison chez les Bruins. Comme évoqué plus tôt, il est un joueur au profil très défensif qu’on pourrait qualifier de « stay-at-home defenceman » (défenseur à domicile). Joueur très analytique, il comprend vite les intentions adverses et sait adapter son jeu en conséquence. Nous lui projetons une saison à 14(4B, 10A) points pour un WinShares de 1,95.
Sur la troisième, la nouveauté est James VAN RIEMSDYK, un joueur d’expérience évoluant les cinq dernières saisons chez les Flyers de Philadelphie. Son statut de vétéran a d’ailleurs soulevé quelques questions logiques. Néanmoins, après une saison mitigée en Pennsylvanie, cette saison à Boston avec un staff lui accordant plus de confiance pourrait le relancer. Au-delà de ces paramètres, il reste un joueur imposant qui ne recule pas devant les batailles au filet ou dans les coins. Son style de jeu devrait bien se marier avec celui de ses coéquipiers. Nous le projetons cette année à 34(16B, 18A) points pour un WinShares de 1,28. JVR semble se plaire à Boston, car sa saison démarre plutôt bien avec 4(3B, 1A) points en 5 matches.
Au centre, Charlie COYLE n’a eu de cesse de monter en puissance depuis son arrivée à Boston en 2019. Son style de jeu physique et agressif a trouvé sa place au sein du plan de jeu des Bruins, et nous le projetons à 35(12B, 23A) points pour un WinShares de 1,12.
A ses côtés, on pourra retrouver cette année Trent FREDERIC, repêché par la franchise en 2016. Joueur de bon gabarit, il joue régulièrement de son physique afin de s’imposer dans les matches et de frustrer les adversaires. Agitateur reconnu, il formait avec COYLE un duo intimidant sur la glace lors d’une saison 2022/2023 où il fut l’auteur de 31(17B, 14A) points. Nous le projetons cette année à 24(13B, 11A) points pour un WinShares de 1,01. Un trio offensif qui devrait donc bien se trouver, et causer quelques troubles au sein de l’équipe adverse.
Sur le dernier duo défensif, on retrouve d’abord Derek FORBORT, qui effectuera cette année sa troisième saison en noir et or. Recruté afin de renforcer la défense à gauche, il a eu un rôle majeur au sein de l’équipe au cours des dernières années de par son style de jeu très physique, défensif, et punitif. Nous le projetons cette saison à 14(4B, 10A) points pour un WinShares de 1,67.
A sa droite, ce n’est plus Connor CLIFTON, recruté par les Buffalo Sabres suite à son entrée sur le marché des agents libres, mais Kevin SHATTENKIRK. Seul élément nouveau de la défense de Beantown, il est un joueur d’expérience possédant un bon sens du hockey et à l’aise dans les deux sens de la patinoire. Pour sa quatorzième saison en NHL au sein d’une sixième équipe, nous le projetons à 24(3B, 21A) points pour un WinShares de 1,46.
Si l’intersaison fut marquée par les départs de joueurs emblématiques, le retour de l’un d’entre eux était aussi de la partie : Milan LUCIC sera un Boston Bruin cette saison ! Pour le plus grand bonheur des supporters, « Looch » apportera un peu plus de physique a une force offensive qui est loin d’en être dépourvue. Il est important de savoir que l’ex champion a fait son trou en NHL à la force de ses poings : « J’aimerais bien qu’un gosse de 19 ans me défie, comme moi je l’ai fait à l’époque. Parce qu’en fait, j’étais un gosse qui mettait au sol des papas… ». Mais s’il s’est fait remarquer de cette manière, il n’était pas manchot pour autant : « J’avais dû trouver quelque chose pour sortir du lot, et que derrière, les gars se disent qu’il n’y avait pas que ça, que je savais jouer, que je savais marquer. ». Peut-être assisterons-nous cette année à un combat entre Arber XHEKAJ de Montréal et Milan LUCIC, mais quoiqu’il en soit, nous projetons le natif de Vancouver à18(7B, 11A) points pour un WinShares de 0,37.
Au centre de ce quatrième trio, on devrait voir évoluer le jeune John BEECHER cette saison. Joueur au style similaire à celui de Charlie COYLE, il a connu un parcours semblable à celui de Matt POITRAS en gagnant sa place dans l’effectif lors de la pré-saison et envoyant Jesper BOQVIST à Providence par la même occasion. Centre dynamique et de bon gabarit, il sait jouer de son physique pour masquer le gardien adverse et est à l’aise dans les deux sens de la patinoire. Nous le projetons à 15(6B, 9A) points pour un WinShares de 0,46.
A droite, le jeune Jakub LAUKO a su montrer qu’il était prêt l’année dernière en inscrivant 7(4B, 3A) points en 23 apparitions en NHL. LAUKO est un ailier qui possède une grande force d’accélération et une bonne lecture du jeu défensif, le rendant très dangereux lors des contres. Nul doute que sa position sur une quatrième ligne à vocation plus défensive devrait l’aider à se développer, et nous le projetons à 20(9B, 11A) points pour un WinShares de 0,68.
Chez les portiers, comme évoqué au début, l’objectif fut rempli puisque le duo Vezina/William Jennings a été conservé.
Jeremy SWAYMAN, après un processus d’arbitrage déplaisant « Ce n’était pas quelque chose que je voulais vivre… Mais ça reste un business. Je voulais tout faire pour rester un Bruin, et maintenant, je suis là, et je ne pourrais pas être plus heureux. Il n’y avait aucune mauvaise volonté dans l’arbitrage, je ne suis ni le premier ni le dernier à le vivre, mais je ne souhaite à aucun ami ou coéquipier de vivre ça. Je suis content que ce soit fini ! », a pu signer pour un an à 3,475,000$. Apparu à 37 reprises lors de la saison dernière, il possède une fiche de 24 victoires, 6 défaites, et 4 défaites en prolongations, avec un pourcentage d’arrêts de 92%. Pour cette année, nous lui projetons un WinShares de 7,59.
Le titulaire restera cette année encore Linus ULLMARK, vainqueur du trophée Vezina et auteur d’une saison des plus complètes avec 93,8% d’arrêts en 40 victoires, 6 défaites sèches et une défaite en prolongations. Il devrait cette année encore être un prétendant au trophée, puisque nous le projetons à un WinShares de 8,43.
Pour résumer, à l’arrière, l’équilibre reste présent. Il y a un partage équitable entre les défenseurs offensifs et défensifs, avec une dimension physique importante auquel l’équipe nous a habitués lors des dernières saisons. En ajoutant à cela deux gardiens qui n’ont désormais plus rien à prouver, le bloc défensif semble toujours aussi solide, si ce n’est plus.
L’attaque semble par contre moins impactante, le départ de Bergeron, Krejci, et du plus récent Bertuzzi ayant « fait mal » à la force de frappe des Bruins. Cependant, il reste des joueurs productifs et de noyau dur, comme Brad Marchand ou David Pastrnak. Pavel Zacha et Charlie Coyle quant-à eux pourraient devenir les premiers centres de cette équipe s’ils arrivent à maintenir un niveau de jeu équivalent ou supérieur à l’année passée en possédant plus de temps de jeu. Les surprises Matt POITRAS et John BEECHER seront à suivre à coup sûr.
En ce début de saison, les Boston Bruins ont déjà montré qu’ils étaient une équipe à ne jamais sous-estimer, enchaînant 5 victoires de rang sur leurs 5 premiers matches. A l’heure actuelle, leur classement a quelque-peu changé depuis notre première projection de la division atlantique : nous projetons les Boston Bruins à la 1ere place de la Division Atlantique et 2e de la ligue, auteurs de 107 points.