[ap_dropcaps style=”ap-normal”]A[/ap_dropcaps]fin de poursuivre notre série sur l’impact du covid-19 sur le hockey Français, nous avons demandé à Jacques Reboh, président des Brûleurs de Loups de nous donner son point de vue sur la situation actuelle dans le hockey, comment envisage-t-il le futur du club ?

Plan de match : Le coronavirus a arrêté net les playoffs de Magnus, comment avez-vous vécu la situation ?

D’un point de vue sportif c’est toujours frustrant de ne pas pouvoir aller au bout du championnat dans lequel nous sommes engagés. Nous étions d’ailleurs en ligne avec notre objectif de début de saison puisque nous avions construit notre budget pour rentrer dans nos frais en étant en demi-finale. Cette situation a impacté plus fortement les clubs du top-4 qui construisent leurs budgets pour arriver dans le dernier carré. En ce qui concerne les Brûleurs de Loups, j’estime que la perte est de 120 à 130 000 euros.

Plan de match : Justement comment construire un budget de Magnus ?

Une équipe se construit en fonction du budget et non l’inverse, il ne faut pas être mégalo. En ce qui concerne les Brûleurs de Loups notre budget et de l’ordre de 4 millions d’euros et près de 70% de ce montant provient de la billetterie grand public ou VIP et des sponsors. Les collectivités nous soutiennent à hauteur de 10% sachant que nous utilisons leurs infrastructures. Sur une saison nous payons environ 150 000 € aux collectivités. A titre d’exemple nous louons la patinoire entre 3 et 4000 € par soirée de match. La billetterie représente 1,4 millions d’euros à Grenoble contre environ 350 000 € à Angers si je lis bien les budgets. Jouer à huis-clos pour les Brûleurs de Loups ce n’est pas envisageable.

Plan de match : La crise sanitaire impacte forcément le budget, à combien l’estimez-vous ?

Nous étions quasiment à la fin de la saison lorsque cette crise est arrivée, nous préparions déjà le budget de l’année prochaine. Toutes les analyses qui ont pu être faites estiment que l’économie du hockey sera impactée à hauteur de 20 à 30%. C’est un chiffre sensiblement équivalent à ce que devrait subir le rugby.

Plan de Match : Cette baisse dans les budgets aura forcément un impact sur le fonctionnement des Brûleurs, où allez vous faire des économies ?

Oui cela aura un impact. Le premier impact sera sur le recrutement. Notre équipe sera tournée vers les jeunes issus du centre de formation. La variable d’ajustement se fera sur les salaires. Nous souhaitons conserver le staff actuel et ne pas ‘couper’ dans le staff sportif.

Plan de match : La formation serait-ce l’avenir du hockey ?

Oui et non. Tout confondu un jeune en formation nous coûte 10 000 € par an. Nous avons de très bons jeunes à Grenoble comme Dair, Fabre ou Koudri. C’est une chance pour nous. Il faut cependant réglementer le passage en professionnel. Nous formons beaucoup à Grenoble et lorsqu’un jeune décide de partir parce qu’un club qui n’a pas payé sa formation lui offre un salaire plus important il a tendance à partir. Nous n’avons aucune compensation et c’est un vrai problème pour l’avenir de notre formation. Nous ne pouvons pas prendre en charge toute la formation des jeunes et ne pas ‘obliger’ à rendre quelques années au club ou avoir une compensation de la part du club qui recrute nos jeunes.

Plan de match : La plupart des sponsors des clubs sont des petites entreprises très fragilisées par la crise n’avez vous pas de crainte pour l’avenir du hockey en France ?

Depuis quelques années le hockey en France allait dans le bon sens soutenu par son économie locale. Il y aura forcément un impact sur l’ensemble des clubs. Pour les Brûleurs de loups j’estime la perte à 1 million d’euros. Les clubs doivent être plus rigoureux dans leur gestion. Certains dépensent plus que ce qu’ils ont. Comme je le disais précédemment on monte une équipe en fonction du budget et pas l’inverse.

Plan de match : Aujourd’hui nous ne savons pas quand, ni comment le championnat reprendra, n’avez vous pas peur que la crise économique impacte vos revenus ?

Non je ne pense pas. Nos fans auront les moyens. Il y aura un effet vertueux j’en suis persuadé. Aujourd’hui l’argent ne circule plus. Il y a beaucoup de loisirs non consommés. L’envie sera forte. Par contre si la crise sanitaire nous oblige à jouer à huis-clos là on est pas bien.

Plan de match : Pour finir on voit que le modèle économique du hockey est fragile, qu’est ce qui pourrait le renforcer ?

Effectivement le hockey Français repose aujourd’hui principalement sur les PME et TPE locales souvent des passionnés. Il faudrait surement sauter le pas pour créer une ligue et mettre en place des droits TV. Ce moment qui risque d’être compliqué est peut-être opportun pour tout mettre sur la table. Aucun des présidents de clubs n’a son mot à dire sur ce sujet malheureusement. Nous ne sommes pas décisionnaires.

Voici la répartition du budget des Brûleurs de loups. Selon les différentes analyses

Selon les différentes analyses les budgets pourraient baisser de 20 à 30%, voici la projection pour les Brûleurs de Loups :

ClubProjection à -20%Projection à -30%
Grenoble3 200 000 €2 800 000 €