Alors que l’équipe de France masculine débute sa saison cette semaine avec un groupe resserré, Plan de Match souhaite revenir sur les raisons possibles du Waterloo du hockey français à Kosice en mai dernier. Comment ? Pourquoi est-ce arrivé ?

Souvenez-vous : le 21 mai à 18h36, alors que Davies crucifie Florian Hardy, la France est reléguée en Division 1. C’est alors le Waterloo du hockey Français. Personne n’y croyait quelques minutes auparavant, lorsque la France menait 3-0 face à la Grande-Bretagne. Plusieurs éléments peuvent expliquer cette situation au-delà des absences importantes des joueurs comme Auvitu, da Costa, Bellemare ou encore Roussel.

Nous pouvons nous apercevoir que d’une année sur l’autre les buts anticipés sont en amélioration. Cela signifie que l’équipe confrontée à des adversaires de niveau équivalent s’améliore dans son jeu offensif.

Cependant cette année cela n’a pas suffi à rester en élite : pourquoi ?

Le système de jeu ?

Dans le microcosme du hockey, beaucoup mettent en avant la qualité de coaching du sélectionneur. Philippe Bozon met en place des systèmes très complexes que cela soit défensivement ou offensivement selon nos informations. Ces systèmes de jeu ont dû être intégré par les joueurs en très peu de temps (moins de six mois). Par ailleurs, sur le jeu en tant que tel, le palet n’est pas porté en zone offensive mais envoyé au fond (“dump & chase”). Statistiquement, nous avons deux fois moins de chance d’obtenir un tir en dump & chase qu’avec une entrée en contrôle (25% vs 50%). Thomas Thiry le résumait parfaitement après le match contre l’Allemagne :

Nous avons perdu la simplicité dans notre jeu : nous devons rester compacts, communiquer, franchir la ligne rouge et mettre au fond. Malheureusement nous nous sommes compliqué la tâche, moi le premier. Maintenant, il faut retenir la leçon et aller chercher des points.

Thomas Thiry, après le match Allemagne-France à Kosice en mai 2019.

Ce type de jeu n’est pas celui pratiqué dans le hockey moderne qui est joué par de nombreux joueurs évoluant à l’étranger comme Thomas Thiry.

Le style Bozon a semblé selon beaucoup d’observateurs trop « Magnus », ressemblant fortement à celui de Bordeaux avec une prise minimum de risque et une projection rapide vers l’avant. Mais est-ce là une tactique optimale lorsque c’était à la France de faire le jeu ?

La communication ?

Le sélectionneur est également très connu pour sa communication compliquée avec les joueurs. En Slovaquie, à plusieurs reprises, nous nous sommes interrogés sur les messages transmis par le coach. Le temps de réaction de l’équipe de France au moment du temps mort demandé par la Grande-Bretagne apparait ainsi comme l’une des images marquantes du match décisif.

Alors vous me direz “taper” sur le sélectionneur, c’est un peu facile : ce n’est pas lui qui était sur la glace ; vous auriez raison. De toute façon la Fédération ne lâchera pas le sélectionneur. Il est trop précieux pour professionnaliser les jeunes.

Nous voulons mettre en œuvre une trame commune entre les U16 et les Séniors […] Il s’agit de mettre en place des référentiels pour chaque catégorie. Si un joueur ne correspond pas à l’attendu il ne sera pas sélectionné. Il est mis au courant dès le début de son entrée en pôle espoir.

philippe bozon, hockey hebdo 21/08/2019
L’inexpérience ?

Les exploits de l’équipe de France ces dernières saisons n’ont-ils pas fait plus de mal que de bien au hockey français ? Le noyau dur de l’équipe de France semble très limité pour jouer au niveau élite IIHF. De nombreux joueurs présents en Slovaquie ne comptaient pas beaucoup d’expérience du très haut niveau et n’avaient pas forcément fait leurs preuves dans les catégories U18 et U20 ; dit autrement, le haut niveau et les matchs couperets, ce n’est pas leur tasse de thé.

La vie de groupe ?

Enfin la vie de groupe ne semblait pas être au beau fixe cette année, comme l’année dernière du reste. La cohésion d’équipe était-elle au rendez-vous ? Dans les moments compliqués, c’est cette cohésion et le mental qui vous permettent de vous en sortir… Ce n’était manifestement pas le cas cette année. Le leadership n’a pas forcément été bien partagé et compris par tout le groupe. D’ailleurs Philippe Bozon aurait aimé un coach mental pour les joueurs ET le staff.

J’avais demandé un préparateur mental avant le championnat du monde, à la fois pour les joueurs mais aussi pour le staff pour savoir gérer les matchs couperets »

Hockey Hebdo, 21/08/2019.

Tous ces éléments mis bout à bout peuvent expliquer pourquoi, lorsque l’équipe de France s’est retrouvée dans une situation critique en Slovaquie, elle a failli… Pour mieux rebondir cette saison ? Les cadres de cette équipe sont persuadés que la saison 2019 – 2020 sera une saison champagne, espérons-le !