Dimanche 29 août 2021, le hockey français a subi une deuxième défaite sur le plan international et celle-ci fait mal. En effet, nos Bleus ne verront pas les Jeux Olympiques de Pékin l’année prochaine. Ils étaient en mission, ils étaient prêts à en découdre. Ils l’ont fait de belle manière mais cette défaite deux buts à un face à la Lettonie a douché leurs espoirs. Ce nouvel échec car il s’agit bien d’un échec pose beaucoup de questions et ouvre de nombreux chantiers. Faisons un rapide tour d’horizon.

La fin d’une génération dorée, quelle est la relève ?

Ils étaient venus pour cette qualification et c’est probablement la dernière fois ou l’une des dernières fois que nous les avons vu en bleu. Ils ? La génération dorée des Stéphane Da Costa, Antoine Roussel, Pierre-Edouard Bellemare, Antonin Manavian, Kévin Hecquefeuille ou encore Damien Fleury… Nous avons fait les comptes dimanche soir après le match. Nous pensons qu’entre huit et douze joueurs ne reviendront plus en bleu. C’est près de la moitié de l’effectif.

Ils nous ont offert des moments sublimes dans le hockey français comme les victoires face à la Russie, au Canada ou encore la Finlande en 2017. Le hockey tricolore devra se relever sans eux. La relève arrive mais elle semble un peu juste pour relever le défi du hockey élite. Sur l’aspect offensif nous avons Alexandre Texier, qui, espérons-le confirmera en NHL ou encore Anthony Rech qui devra prendre plus de responsabilités, tout comme Charles Bertrand qui n’a pas réussi à percer en équipe de France.

Sur le plan défensif, la tâche semble encore plus ardue. Nous avons bien un top duo avec Florian Chakiachvili et Hugo Gallet, ce dernier ayant effectué un tournoi de grande classe. Sa dernière saison en Finlande l’a vraiment fait progresser. Pierre Crinon va devoir s’affirmer au cours des prochaines saisons tout comme Thomas Thiry qui a un profil de défenseur défensif. Il est probable que nous voyons arriver Enzo Guebey (NLA) prochainement également dans le collectif bleu. Cela reste néanmoins encore fragile pour nos bleus. Le système mis en place par Philippe Bozon commençait à porter ses fruits, les joueurs jusqu’en juillet dernier découvraient encore certains exercices de “skills”, comme nous l’indiquait Sébastien Bordeleau.

Sébastien Bordeleau – stage de l’équipe de France – juillet 2021.

Enfin, sur le plan des gardiens Henri-Corentin Buysse (“Riton”) semble avoir pris le lead, mais pendant combien de temps ? Qui pour lui succéder ? Quentin Papillon a fait le choix de la Norvège, espérons pour lui et pour l’équipe de France que ce choix soit payant. Il y a en ligue Magnus, deux gardiens qu’il faudra suivre : Clément Fouquerel et Julian Junca.

Quel avenir pour le coach Philippe Bozon ?

Dès sa nomination, le sélectionneur de l’équipe de France a fait face à de nombreuses critiques de toute part. Il n’est pas capable, il ne sait pas coacher, il n’a pas de système… La relégation en mai 2019 à Kosice n’avait pas arrangé ses affaires. Cependant, Philippe Bozon a appris de ces erreurs et avait changé de méthode, comme nous l’expliquions à l’époque (à lire ici) et nous étions également revenu sur le désastre de Kosice (ici). Depuis, les Bleus n’ont que très peu joué et Philippe Bozon a fait le pari de faire une revue d’effectif dès le mois d’avril et mai 2021 notamment lors du tournoi “Beat Covid” à Ljubljana. A l’époque, beaucoup était interrogatif sur ces choix dans le microcosme du hockey. Il a permis à des joueurs de se révéler comme Romain Bault. Philippe Bozon a réussi à emmener ses joueurs au TQO en étant prêt à se battre, à “mourir sur la glace”, comme il l’a déclaré en conférence de presse dimanche soir. Nos Bleus étaient prêts, cela ne fait aucun doute. La France a joué un hockey aboutit pendant soixante minutes et sans un rebond inattendu l’histoire aurait peut-être été différente. Ce qui est quasi certain, c’est que Philippe Bozon n’a pas rempli les deux objectifs qui lui étaient assignés à savoir : se maintenir en élite et se qualifier pour les Jeux Olympiques. Cependant, la conférence de presse de dimanche soir nous a permis d’être sûr d’une chose: Philippe Bozon devrait être encore sélectionneur pendant quelques mois, jusqu’au mondial D1A en Slovénie ? Peut-être, ce qui est sûr c’est qu’il faut déjà préparer son successeur. Qui peut ou veut prendre la relève de Philippe Bozon, alors que l’équipe de France est à la fin d’un cycle de dix ans ? La fédération doit-elle se tourner vers un sélectionneur étranger ? Avec quel budget ? Cet échec a également un impact sur la fédération de hockey sur glace.

Conférence de presse de Philippe Bozon – Riga, 29 août 2021

FFHG quel avenir ?

Riga 2021 marque également la fin d’un cycle pour la FFHG, selon toute vraisemblance Luc Tardif passera la main l’année prochaine à Pierre-Yves Gerbeau. Ce dernier n’a pas du tout le même profil que le président actuel, quels seront ses axes de développement ? Comment les mettre en place. Nous y reviendrons dans les prochains mois. D’autant plus que la passation pourrait avoir lieu rapidement si Luc Tardif était amené à prendre la présidence de l’IIHF à la fin du mois de septembre. Ensuite, cette non qualification a un impact sur les comptes de la fédération et nous y reviendrons en détail également dans les prochaines semaines.

Ce tournoi de qualification olympique en Lettonie laisse un goût amer car les Bleus étaient prêts et proches de la qualification pour les Jeux Olympiques. Ils ont été capable de regarder dans les yeux pendant soixante minutes une nation du top-10 mondial et c’est ce qui est rassurant pour notre hockey. Néanmoins, l’avenir est incertain. Ce nouveau Waterloo du hockey français nous apporte plus de questions que de réponses à l’heure actuelle.

Il faut espérer que les filles seront en mesure de se qualifier pour les Jeux Olympiques en novembre à Lulea afin de garder espoir pour le hockey français… Mais ceci est une autre histoire. Ce qui est sûr, c’est que les prochaines semaines et prochains mois seront passionnants pour le hockey français qui est à l’aube d’une nouvelle ère…