Après 13 mois d’absence, les Boxers de Bordeaux ont vu le retour d’un de leur joueur phare en attaque, le numéro 11 Alexandre Mulle. Après une rupture des ligaments croisés, et des complications dans la rééducation, le rouennais a galéré pour revenir mais n’a jamais lâché. Entretien avec un revenant, ravi de pouvoir retrouver les glaces, mais d’une lucidité sans faille.

Plan de Match : Cela fait plaisir de te revoir sur la glace après un arrêt de plusieurs mois, quelles ont été les complications après l’été ?

AM : J’ai eu 2 opérations, en novembre des croisés internes, et en Juin pour enlever quelque chose qui était resté. Durant l’été, pendant la préparation, j’ai senti que ça se raidissait un peu, j’ai continué en aout et j’ai senti que le genou s’enraidissait vraiment. Du coup, nous nous sommes rendus compte que c’était de l’algodystrophie, le genou s’enflammait à l’effort, il fallait donc arrêter pour que le genou se regonfle. A l’effort, ça me gênait un peu sur la glace, mais c’était surtout en dehors, je n’avais plus de flexion, plus d’extension, je boitais après les entraînements et les matchs donc nous avons compris que quelque chose n’allait pas.

Plan de Match : Mentalement, tu es prêt à revenir, finalement tu ne reviens pas, comment on gère ça ?

Il y a des choses plus importantes, la famille par exemple. C’est certain que c’était compliqué car personne ne pouvait me donner de date de retour, cela peut prendre 2, 3 mois, 1 an, 2 ans. J’ai été très suivi au Centre des Grands Chênes entre musculation ici et rééducation là-bas. Et s’aérer la tête aussi.

Pas trop le choix, c’était dans la continuité de la saison que j’avais passé blessé, de toute façon je n’avais ni le choix, ni l’envie d’arrêter.

Plan de Match : Tu étais sûr de revenir ?

Moi j’avais la volonté, mais on n’est jamais sûr, c’est le genou qui décidait un peu. Mais à aucun moment je me suis dit que j’allais arrêter mes efforts, ce n’était pas mon leitmotiv, cela a pris 13 mois. La famille, ma femme, les enfants aussi, c’est important.

Plan de Match : Quand on est absent comme cela, a-t-on un rôle dans le vestiaire ?

On l’a. Je m’entrainais avec les gars, en début de saison je me suis entraîné, donc les gars qui ne me connaissait pas m’ont vu jouer aussi. On a un rôle dans la vie de tous les jours, après pour les matchs c’est différent, parce que les matchs à l’extérieur on n’y est quasiment pas hormis à Nice au début et à Anglet.

Sinon, à domicile, je descends dans les vestiaires entre les tiers, mais on n’est pas dans le match, donc je laisse les gars gérer leur truc, il faut trouver sa place.

Plan de Match : Que fait-on du coup physiquement pour rester dedans, puisque l’on ne peut pas forcer sur le genou notamment ?

C’était le dilemme. Avec ce que j’avais, je ne pouvais pas faire de musculation du bas du corps de manière importante car cela risquait de ré enflammer le genou, donc je le faisais au centre, progressivement, avec les kinés. Et lorsque je venais à la patinoire, je travaillais le haut du corps. Dur de travailler le cardio car je ne savais pas quand je reviendrai.

C’est compliqué comme blessure pour se préparer, à la reprise, il fallait voir comment le genou réagissait, et après re travailler dessus sur les jambes notamment que je n’ai pas pu travailler ces derniers mois.

Et puis il y a un écart physique avec les autres, tu ne joues pas tu as beau d’entrainer ce n’est pas le même rythme, cela va prendre du temps. Cela ne sert à rien de trop tirer. Je me sens plutôt bien sur ces 2 premiers matchs, mais je sais qu’il y aura des périodes où la fatigue arrivera après une si longue inactivité, il ne faut pas être naïf, autant de matchs d’un coup, il va falloir travailler physiquement pour limiter ces périodes de moins bien qui arriveront forcément.

Plan de Match : Comment qualifies-tu ton jeu au fur et à mesure des années ?

Depuis que je suis arrivé à Bordeaux, j’ai eu un rôle plus offensif, en tout cas je suis allé le chercher, et tout s’est bien déroulé, que ce soit avec Philippe Bozon la première année où le club ne m’avait pas recruté dans ce rôle-là. Ensuite, quand Olivier Dimet est arrivé, cela a été dans cette continuité là aussi. Donc jusqu’à la blessure, j’ai essayé de produire plus, dans des lignes plus offensives, avec un rôle sur le powerplay.

Après cela va être différent, j’espère retrouver tout ça, je joue beaucoup en 5 contre 5, ou en infériorité, ce que je faisais beaucoup avant d’arriver à Bordeaux. On veut jouer partout, on veut retrouver du temps de jeu partout, mais il faut être lucide aussi, et je suis juste content d’être là, je prends ce que l’on me donne.

Cela fait voir les choses autrement, il y a des choses plus graves, c’est quand même quelque chose d’important mais cela fait voir la vie différemment. Je vais reprendre plus de plaisir dans les années qu’il me reste. Si je ne m’étais pas blessé…on a la chance de faire ça mais on ne s’en rend pas tous les jours compte, parce que cela devient un métier, et là cela me donne une vision différente. C’est ma passion, j’avais toujours ce plaisir là, mais je suis vraiment très, très content d’être là.

Plan de Match : Depuis le début de saison, la caractéristique de l’équipe est l’irrégularité. Impossible d’enchaîner les bons résultats, ni même de garder les scores. Comment as-tu vu ça de l’extérieur ?

C’est souvent un cercle vicieux. Il suffit qu’il y ait des matchs qui se passent de façon négative et on y pense. Les gars ont fait des gros matchs contre de grosses équipes, comme ce soir, ils ont leurs chances, nous avons eu les nôtres, c’était un très bon match, mais parfois contre des équipes contre qui il faut faire plus de jeu, avec qui nous sommes en concurrence directe au classement, on rate des moments clés.

Ce soir on rate des powerplay, comme ce qu’il s’est passé à Chamonix où on a eu des situations sans vraiment bien joué. On a marqué mais dès que l’on a été en infériorité ils ont scoré tout de suite. Ce sont des moments clés que l’on rate, malheureusement, nous avons l’impression que cela nous tombe dessus tout de suite.

Là, à 4 lignes, c’était mieux qu’à Chamonix, nous avons eu plus d’énergie, il fallait aussi réagir après notre mauvais match. On aurait aimé prendre les 3 points, les 2 points on n’était pas loin, cela reste un bon point contre une grosse équipe. Il faut être content mais ne pas se satisfaire de ça.

Il y aura d’autres échéances, à Mulhouse, qui est en forme, et où c’est toujours compliqué de jouer, puis contre Rouen donc il faudra prendre des points là aussi.