Après la draft de la PWHL, Chloé Aurard a été repêchée par New-York. Ce choix a été une surprise alors que beaucoup la voyait à Boston. Nous avons voulu savoir pourquoi et comment Chloé Aurard avait été choisit… Pascal Daoust, le manager général de l’équipe PWHL de New-York a répondu à nos questions : comment on construit une équipe ? quel fonctionnement ? Pourquoi avoir sélectionné Chloé ? Il a répondu sans langue de bois.

 

 
Plan de Match: Pouvez-vous nous parler de la création de l’équipe PWHL et de votre rôle en tant que GM ?

Pascal Daoust: L’équipe PWHL est née dans des circonstances particulières. Normalement, pour constituer une équipe, on aurait des dépisteurs qui suivent les joueuses pendant des années pour établir une liste de recrutement. Cependant, en raison de la situation actuelle, nous avons dû faire preuve de créativité. Nous avons utilisé des outils vidéo, en particulier Instat, et avons sollicité nos contacts parmi sur l’ensemble de notre réseau. Cela inclut entraîneurs, dépisteurs, agents, et dirigeants. Les statistiques avancées ont également joué un rôle important. J’ai même impliqué certains de mes athlètes dans le processus. Au final, nous avons eu la chance de signer trois joueuses de calibre international, et nous voulions nous assurer que leur profil correspondait à ce que nous recherchions à la fois sur le plan athlétique et humain. L’harmonie dans le vestiaire est cruciale, donc nous voulons les meilleures personnes.

Plan de Match: Pouvez-vous nous parler de la collaboration avec Christophe Perreault  et de la manière dont vous avez utilisé les statistiques avancées dans le recrutement ?

Pascal Daoust: Christophe Perreault  est une personne de confiance qui travaille toujours avec les Carabins et qui m’a apporté une grande aide. Il est également mon expert en statistiques. Les statistiques avancées dans l’univers du hockey féminin sont similaires à celles des hommes. Nous nous concentrons sur de multiples aspects tels que la création de revirements, la victoire dans les duels, et la capacité à convertir offensivement et à créer des opportunités de marquer.

Plan de Match: Pourquoi avez-vous choisi de venir à New York et pouvez-vous nous parler de votre parcours dans le monde du hockey ?

Pascal Daoust: J’ai consacré ma vie au hockey, ayant commencé à patiner dès l’âge de 18 mois. J’ai obtenu une licence en management sportif avec une spécialisation dans le hockey sur glace. À l’époque, je ne savais pas que je deviendrais directeur général. J’ai eu la chance d’entraîner de nombreux athlètes au fil des ans, notamment Sebastien Bisaillon  Brent Aubin, joueurs connus de ligue Magnus, mais également Alexis Lafrenière et Nicolas Roy. J’ai également travaillé avec l’Université de Montréal en tant que manager de sport complexe et entraîneur des Carabins de Montréal. L’opportunité de devenir directeur général de l’équipe de Val-d’Or m’a été offerte, et cela m’a ouvert la voie vers New York, plutôt que Montréal, où Daniele Sauvageau a fait beaucoup pour le hockey féminin. C’était un privilège d’être directeur général, et en 1998, j’ai même écrit que je deviendrais entraîneur à New York. Tout s’est finalement concrétisé.

Plan de Match: Comment avez-vous procédé pour choisir Chloé Aurard et quels sont les critères que vous avez pris en compte ?

Pascal Daoust: Le choix de Chloé Aurard a été le résultat d’une liste de souhaits que nous avons élaborée. Lors du repêchage, il s’agit de faire des projections et d’anticiper les besoins des autres équipes. Chloé était sur une liste très restreinte en raison de sa touche offensive et de son intelligence sur la glace. La différence entre les joueurs professionnels et ceux qui aspirent à le devenir réside dans la constance. Dès qu’ils comprennent comment faire les choses, ils deviennent des métronomes. Chloé est un métronome, vous savez ce qu’elle apportera pendant un match et une saison entière. C’est une joueuse exceptionnelle sur et en dehors de la glace.

Plan de Match: Pouvez-vous nous en dire plus sur l’évolution du hockey féminin en France et son impact sur le recrutement de joueuses comme Chloé ?

Pascal Daoust: Nous avons pour objectif de regarder toutes les joueuses sur la planète, car cette ligue est en pleine expansion. Nous croyons en l’avenir de cette ligue et nous espérons attirer des joueuses talentueuses, y compris des Françaises. À court, moyen et long terme, la France va développer d’autres joueuses de calibre comme Chloé. La France est ouverte à l’idée de chercher de l’aide en Amérique du Nord pour progresser. Le hockey féminin a encore un énorme potentiel à exploiter.

Plan de Match: Où allez-vous jouer et comment gérez vous le calendrier ?

Pascal Daoust: A ce jour, je ne peux pas me prononcer sur le calendrier et les lieux des rencontres. La ligue PWHL n’a toujours rien annoncé à ce sujet. Elle devrait l’annoncer d’ici la fin du mois.  En ce qui concerne la gestion du calendrier, les joueuses sont arrivées mi-novembre. De mon côté, je vais faire de nombreux allers-retours entre Montréal et New York mais pas uniquement pour planifier le prochain repêchage, la prochaine saison et évaluer toutes les options, que ce soit en matière de repêchage, d’agents libres ou de transactions. En ce qui concerne le personnel, nous sommes en train de le mettre en place et nous devrions entamer la saison avec 12 personnes. Le budget est également un élément clé pour assurer un environnement professionnel aux joueuses. [Selon nos estimations les budgets des clubs de la PWHL sont de l’ordre de 10 millions de dollars]. Avec la signature de la convention collective, les joueuses auront une moyenne de 55 000 dollars, avec des avantages supplémentaires.