Equipe de la division Centrale dans la conférence Ouest, les Predators de Nashville ont longtemps été dans l’anonymat de la NHL. Pourtant, les joueurs du Tennessee ont réussi à disputer les playoffs durant 8 saisons d’affilée, avec comme point culminant une apparition en finale de la Stanley Cup en 2017 et un Trophée des Présidents en 2018. Les Preds auraient d’ailleurs pu prolonger cette série à 9 séries éliminatoires consécutives l’an passé mais l’équipe échouera à 3 petits points du bon wagon après avoir pourtant vendu massivement à la deadline (échangeant l’emblématique défenseur Mattias Ekholm, le solide Tanner Jeannot, le nouvel arrivant Nino Niederreiter et le vétéran Mikael Granlund dans la même semaine).

 

La jeunesse au pouvoir

 

C’est donc avec un effectif remanié, composé en grande partie de jeunes joueurs provenant des Admirals de Milwaukee, club école de Nashville évoluant en AHL, pour pallier aux trous dans l’effectifs dus au échanges et autres blessures, que les Prédateurs ont terminé la saison 2022-2023. Une jeunesse au pouvoir que les partisans réclamaient depuis plusieurs saisons maintenant, Nashville ne s’étant jamais vraiment remis de son sommet atteint en 2017 et 2018, vivotant depuis en milieu de classement malgré une base de prospects intéressante. Contre toute attente, le jeu des Preds a été meilleur que durant le début de saison, avec plus de vitesse et de fougue. Si les playoffs étaient un rêve difficilement atteignable (qui a pourtant duré jusqu’à la dernière semaine de saison régulière), l’engouement était là et le mouvement était lancé.

 

L’héritage de David Poile

 

Mais le mouvement a beau être initié sur la glace, il a aussi eu lieu en coulisses. Exit l’emblématique manager général David Poile qui laisse sa place à un autre nom connu dans le Tennessee : Barry Trotz, premier coach de l’histoire de Nashville qui a dirigé les Preds durant 15 ans ! Tapis dans l’ombre de Poile, Trotz tirait déjà officieusement les ficelles durant les derniers mois du mandat de l’ancien GM. Et un des premiers mouvements durant la saison morte a été de changer l’homme derrière le banc (John Hynes). Si le nom de Karl Taylor (coach des Admirals de Milwaukee avec qui il aura fait des merveilles, les amenant en finale de conférence 2022-2023 après avoir reçu le titre de coach de l’année en 2019-202), le choix se portera finalement sur un autre nom connu de la Bridgestone Arena : Andrew Brunette, qui a porté la tunique dorée et bleue durant la saison 1998-1999, devenant ainsi le (seulement) 4e coach de l’histoire de Nashville après Barry Trotz, Peter Laviolette et John Hynes donc.

 

Quelques coups réalisés

 

La direction embrassant ce virage vers la jeunesse, Ryan Johansen a été échangé contre trois fois rien (Alex Galchenyuk, qui n’a même pas été signé par les Preds) et le contrat de Matt Duchene a été racheté. Devant remplacer numériquement ces vétérans pour encadrer les jeunes, les Prédateurs signeront durant l’été Gustav Nyquist et Ryan O’Reilly, ainsi que Luke Schenn en défense pour venir tirer ces jeunes pousses vers le haut. L’équipe ainsi pensée est un savant mélange d’expérience et de jeunesse qui a même depuis été renforcé durant la saison 2023-2024 avec les ajouts de 2 bons prospects Samuel Fagemo (débarquant des Kings de Los Angeles et qui a d’ailleurs marqué dès son premier match avec Nashville) ainsi que Liam Foudy (ancien premier tour de draft, en provenance de Columbus), tous deux placés au ballotage et réclamés par la direction qui s’est mis en tête de faire un coup au moins aussi gros que celui subi l’an passé, lorsque Poile a placé Eeli Tolvanen (ex premier choix de Nashville) au ballotage, ne trouvant pas sa place dans le lineup, et qui a explosé avec Seattle qui l’a réclamé (35 points dont 19 buts en 62 matchs avec le Kraken).

 

Une vraie carte à jouer

 

Dans une division Centrale qui semble plutôt ouverte en dehors des 2 cadors attendus que sont l’Avalanche du Colorado et les Stars de Dallas, les Predators ont un vrai coup à jouer cette saison et devraient être en mesure de pouvoir disputer les playoffs, via une wild card ou la 3e place de la conférence si le sort veut rire, flirtant avec la barre des 100 points. C’est en tout cas le classement estimé par notre modèle qui place Nashville à la 8e place de la conférence Ouest et 5e place de la division Centrale (derrière Colorado, Dallas, Winnipeg et St Louis) avec 99 points.

 

Tout commence devant le filet

 

La différence risque clairement de venir de la cage avec un Juuse Saros qui a le calibre d’un finaliste du Vézina Trophy comme les statistiques avancées l’ont déjà prouvées, étant l’un des tous meilleurs portiers de la ligue alors qu’il est l’un de ceux ayant subi le plus de lancers l’an passé donc beaucoup d’occasions très dangereuses et émarge logiquement à 8,63 win shares, dans le top 1% à son poste et sera encore épaulé par un Kevin Lankinen pas en reste, lui qui n’avait de back-up que le titre l’an passé, affichant un beau pourcentage d’arrêts lui permettant de peser 6,85 win shares, dans le 80e percentile.

 

Une attaque homogène

 

Devant, l’éternel Filip Forbserg, fraîchement prolongé, continuera de jouer les dynamiteurs offensifs avec plus de 30 buts et près de 70 points projetés pour 3,18 win shares (94e percentile) mais devrait se sentir un peu seul devant la recrue vétéran O’Reilly qui devrait peser pour près de 2 win shares (1,99). S’en suit un large groupe de jeunes joueurs affamés, menés par un Tommy Novak qui a été la révélation de la saison passée (43 points dont 17 buts en 51 matchs) lui valant 1,9 win shares, le rookie Luke Evangelista auteur d’une pige remarquée (15 points en 24 matchs) pour 1,56 win shares, Cody Glass qui a su retrouver confiance (1,43 win shares) et le petit Finlandais Juuso Pärssinen sorti de nulle part et pourtant auteur de 0,55pt/match l’an passé (pour 1,4 win shares cette année). Une profondeur bienvenue donc, qui s’est encore étoffée en jeunesse avec les ajouts récents de Fagemo (1,18 win shares) et Foudy (0,59 win shares).

 

Le bât blesse en défense

 

Défensivement, les Predators bénéficient d’un des tous meilleurs défenseurs de la Ligue en la personne de Roman Josi qui sort pourtant d’une saison décevante (bien que meilleur pointeur de l’équipe) après son incroyable saison 2021-2022 qui aurait dû le voir remporter le Trophée Norris. Avec 4,61 win shares (top 1% des défenseurs), il reste le principal élément de cette escouade défensive, bien que vieillissant, devant Tyson Barrie, récupéré dans l’échange de Mattias Ekholm, qui compte pour 3,1 win shares mais pourrait bien être échangé d’ici la deadline pour récupérer d’autres jeunes atouts ou autres tours de draft. Hormis ces deux-là, un autre ancien en la personne de Ryan McDonagh pointe le bout de son nez avec un peu plus de 2 win whares (2,28) devant Alexandre Carrier, seul non-trentenaire de ce top 4 défensif, avec à peine moins de 2 win shares (1,93). Les premiers « jeunes » défenseurs ne seront qu’en 5e et 6e position en les personnes de Dante Fabbro (1,63 win shares) et Jake Livingstone (1,91). Une défense vieillissante assez hétérogène qu’il faudra rapidement fixer.

 

Le révélateur du début de saison : une agréable surprise

 

Les premiers matchs de la saison ayant été disputé, nous sommes en mesure de vous donner les premiers ressentis sur cette équipe hybride qui a entamé sa reconstruction sans avoir pleinement appuyé sur le bouton. La première chose que l’on puisse dire c’est que malgré la situation comptable (6 points en 7 matchs), les baby Preds ont bien mieux figuré que ce que l’on aurait pensé ! L’équipe a lancé plus de 30 fois à la cage sur l’ensemble de ces matchs et a tout le temps davantage lancé au filet que ses adversaires (exception faite du premier match à Tampa). Malgré les défaites, le score est resté serré sur leurs défaites à Tampa (5-3 dont un dernier but cage vide) et Boston (3-2), 2 équipes habituées au haut du tableau. Seule ombre au tableau, un cinglant revers (6-1) à domicile contre Edmonton mais là encore, Nashville a pourtant réussi à dominer les coéquipiers de McDavid (44-31) aux lancers ! L’équipe se bat, joue vite et fait plaisir à voir. Les partisans sont ravis de ce visage et poussent plus que jamais derrière leurs joueurs !

Vous l’aurez compris, l’optimisme est de rigueur mais il va falloir que la direction des Predators sorte de cette position inconfortable et prenne une décision quant à l’avenir à donner à la franchise : embrasser la reconstruction pleinement quitte à baisser sportivement ou bien garder ce fragile équilibre qui n’est finalement bénéfique ni pour le futur ni pour le présent faute de résultats probants.