Les New York Rangers sont censés être parmi les favoris pour la coupe Stanley, mais luttent face aux tous meilleurs de la ligue. En toile de fond, un alignement offensif pas forcément optimisé, et certains cadres sur courant alternatif. Mais les jeunes performent, et ce sont même souvent eux qui tirent l’équipe vers le haut. Un trio fonctionne d’ailleurs plutôt bien, celui qui aligne Kaapo Kakko, Filip Chytil, et Will Cuylle.
Ce dernier, jeune canadien de 22 ans, qui entre dans sa véritable seconde saison (il n’avait joué que 4 matchs dans sa première il y a 2 ans) n’est déjà pas très loin de faire mieux que l’an passé, après à peine un quart de la saison. Et si l’on regarde un peu plus loin, vers les statistiques avancées, on peut d’ores et déjà y déceler des choses plus qu’intéressantes. Présentation rapide.
Evolution éclair
Lorsque les New York Rangers ont sélectionné Will Cuylle au 60e rang en 2020 (2e tour), le choix paraissait axé sur l’impact physique, avec un gabarit plutôt notable. 1.91 pour 92 Kgs, le natif de l’Ontario a tout d’abord été faire ses classes en ligues mineures. Il intègre alors le Wolfpack d’Hartford, équipe réserve des NY Rangers en AHL.
Sa première saison le verra pointer à 5 reprises, pour 2 buts et 3 assistances, en 18 rencontres. On note 35 minutes de pénalités, ce qui semble confirmer ce tempérament de joueur « pénible », lui qui venait d’aligner deux saisons autour de 40 points en OHL avec les Spitfires de Windsor. Il y reviendra d’ailleurs une saison en 2021-2022, mais avec d’autres résultats, puisqu’il culminera à 80 points, en doublant le nombre de points, de buts et presque d’assistances, en quelques matchs de moins, et avec une indiscipline toujours notable, mais raisonnable. Il jouera aussi avec le Canada aux mondiaux Junior pour 2 buts et autant de passes décisives, en 7 matchs, et le titre au bout.
Du coup, il reprend du service l’été suivant en AHL, et se met au niveau, pour 25 buts et 20 assistances, quelques matchs en playoffs AHL, et surtout 4 rencontres avec les NYR en NHL. Il ne sera visible que sur le banc des pénalités, mais pointe le bout de son nez malgré tout, et c’est presque tout naturellement, que le camp d’entrainement inaugural suivant, il gagne sa place dans le roster NHL, et va donc vivre sa première saison rookie pleine pour 13 buts, 8 assistances, 21 points, 59 minutes de prison, et surtout, deux réalisations en séries éliminatoires en 16 matchs.
La saison de la confirmation ?
On se dit donc que le profil est intéressant, et on le place sur la troisième ligne offensive, associé à Filip Chytil, le centre tchèque qui aurait clairement un rôle décisif aux Rangers, s’il ne collectionnait pas les blessures, dont plusieurs commotions l’ayant éloigné de la glace une grande partie de la saison précédente.
Le profil de Will Cuylle peut donc rendre service au tchèque, que le staff espère économiser en l’associant à un élément avec un côté dissuasif affirmé. Le troisième larron n’est autre que le finlandais Kaapo Kakko, dont l’évolution tarde à venir, mais qui possède malgré tout des atouts intéressants dans la conservation du palet notamment.
Les précédents staffs avaient tenté une « Kids line » avec Alexis Lafrenière, Filip Chytil et Kaapo Kakko, qui promettait beaucoup, sauf que les besoins de l’équipe sur les ailes droites de la première et seconde ligne ont propulsé « Laf » sur le second trio avec Artemi Panarin et Vincent Trocheck. La ligne des jeunes est malgré tout reproduite, mais un canadien peut en cacher un autre aux Rangers (et une forêt d’autres en NHL), et c’est Will Cuylle qui prend le poste.
Force est de constater que les premières impressions sont bonnes, et le numéro 50 des Blueshirts continue de casser les codes. C’est très simple, si les Chris Kreider ou Mika Zibanejad sont toujours en formes alternatives, après une vingtaine de matchs, le canadien est le deuxième meilleur buteur de l’équipe (9), parmi les meilleurs passeurs (8), et du coup second meilleur réalisateur avec Adam Fox (17 points), derrière les 26 unités de l’artiste russe Artemi Panarin.
Un profil « à la Tkachuk » ?
Il ne perd toujours pas ses habitudes physiques, puisqu’après 56 minutes de pénalités l’an passé, il en a pris « que » 10 cette saison, mais ne rechigne pas au contact, comme pour signifier qu’il ne se laissera pas marcher dessus, malgré son jeune âge, sans pour autant tomber dans les excès d’autres nouveaux arrivants de l’équipe, du type Matt Rempe.
Toutefois, il est bien différent de ce type de joueur, et les statistiques avancées en parlent mieux. Grâce à NaturalStatTrick, on peut se rendre compte de l’influence qu’il a sur le jeu avec sa ligne. Le Corsi n’est pas ultra révélateur avec un total de 49.02%, qui signifie qu’ils subissent plus de tirs qu’ils n’en donnent au gardien adverse, même si la statistique peut être complétée par le FF% (Fenwick), qui prend en compte tous les tirs, sauf ceux qui sont bloqués. Dans ce cas, la ligne est à 51.98%.
Là où cela devient plus intéressant est sur les buts anticipés, ou fameux « expected goals« . On rappelle qu’un total à 50% en fait une ligne productive. Là où le premier trio (C. Kreider / M. Zibanejad / R. Smith) est à 46.31%, nos trois larrons sont à …62.86%.
Autres données intéressantes, celles des « Scoring Chances for » avec 54.76%, ou les « High Danger Chances For » à 64%, autrement dit, les occasions de buts en général, ou les occasions très dangereuses. Ils sont positifs, voir même dominants. En comparaison, la première ligne officielle en est à 48.34% 50.85%.
A titre personnel, sur le site officiel de la NHL, Will Cuylle en est à 24.30% de réussite devant le but, soit le meilleur pourcentage de l’équipe. Il fait aussi partie des joueurs qui se procurent le plus de tirs non bloqués, de chances dangereuses de marquer, et enfin celui qui provoque le plus de rebonds des gardiens adverses.
Pour la comparaison, certains assimileraient son profil à ceux des frères Tkachuk, dont la polyvalence est réelle, et l’impact physique incontestable, même si un peu plus anciens dans la ligue. Il est par ailleurs le second meilleur pointeur à égalité numérique, troisième joueur de l’équipe qui reçoit le plus de charges adverses, et celui qui en distribue enfin le plus. Combiné aux statistiques devant le but, cela montre le côté complet du joueur, présent autour du but, et dans l’échec avant. Tout cela avec un échantillon correct en terme de temps de jeu, puisqu’il a le huitième temps de glace de l’équipe, toujours selon Naturalstattrick.
Les prestations de Will Cuylle sont plus que prometteuses, et si l’on attendait évidemment Alexis Lafrenière, ou Kaapo Kakko pour le futur, majoritairement à cause du fait qu’ils ont été des choix numéros un et deux, force est de constater que les Rangers ont très drafté sur les dernières années.
Will Cuylle, au même titre que Braden Schneider, et Zac Jones, ou bien les futurs arrivants réguliers que sont Brennan Othmann ou Victor Mancini, sont certainement le futur de la franchise. Et encore, on ne vous a pas encore parlé de Gabe Perreault…