Les Jokers montent en Magnus pour la saison 2020-2021, Plan de Match a voulu connaitre quelle était la philosophie du coach, Jonathan Paredes, il évoque avec nous le recrutement, sa méthode, sa vision du hockey et la saison à venir. Les Jokers c’est du solide.

Plan de match : Jonathan tu étais à Dijon lorsque la Magnus nouvelle formule à 44 matchs est arrivée, tu y reviens la saison prochaine, content ?

Oui évidemment je suis content de revoir la ligue Magnus. Cela valide par ailleurs tout le travail effectué, par l’ensemble des acteurs du club de Cergy, depuis plusieurs années pour arriver à ce résultat. C’est toujours plaisant de se dire qu’on va jouer plus de matchs sur la saison. C’est aussi un vrai challenge pour nous.

Plan de match : comment prépares-tu la prochaine saison ?

C’est un vrai chamboulement de notre côté, nous travaillons sur plusieurs sujets à la fois. Tout d’abord la transition pour moi entre le mineur et l’élite. Jusqu’à la saison dernière j’avais aussi la charge du mineur, c’était important pour moi. La formation c’est primordial pour moi, cela me fait un pincement au cœur mais en étant en Magnus je ne peux plus gérer correctement les deux. Nous l’avions anticipé mais il faut finaliser la transition avec ceux qui vont reprendre le flambeau… J’aurais toujours un œil sur le mineur. Dans le même temps il nous faut faire le bilan de la saison passée pour nous projeter sur la saison à venir : quels joueurs nous ont donnés satisfaction ou non et évidemment recruter pour la Magnus.

Plan de match : Une philosophie particulière pour les Jokers ?

Oui, soyons le plus polyvalent possible. Nous essayons de recruter des joueurs qui soient capable de travailler dans les deux sens de la patinoire. Il nous faut également un groupe plus élargit. Nous avons comme tous les clubs des contraintes budgétaires fortes notamment dans cette période compliquée de crise sanitaire et économique. Notre philosophie est aussi axée sur le développement du hockey mineur. Nous avons cinq coachs sur le hockey mineur. Depuis que je suis à Cergy, le projet est toujours bâti sur le long terme. Notre objectif est de pouvoir durer dans le temps et de nous structurer de plus en plus. Un des meilleurs moyen pour nous est d’avoir un hockey mineur compétitif. D’ailleurs dès la saison prochaine nous aurons des jeunes qui intégreront l’effectif élargi de la Magnus.

Plan de match : la formation, le développement des jeunes semble être primordial, vous pensez développer des licences bleues comme le font de plus en plus de clubs ?

Oui comme je l’ai déjà dit j’apporte une attention toute particulière à la formation. Oui nous travaillons à la mise en place de licence bleues. Si nous voulons bien faire les choses, la formation est un processus long. L’arrivée en Magnus va accélérer notre expérience. Nous avons beaucoup à apprendre et je ne veux pas « griller » mes jeunes, c’est-à-dire les lancer dans le grand bain de la Magnus sans accompagnement. Il faut donner du temps au temps, rare sont les jeunes qui arrivent à être performant en sénior dès leurs 18 ans.

Plan de match : Comment tu fais ton recrutement ?

Il faut savoir que je suis extrêmement difficile, je passe des heures à regarder des vidéos. Je commence à avoir un bon réseau en Amérique du Nord, je regarde les statistiques mais dans certaines ligues il faut creuser beaucoup plus car la qualité n’est pas 100% fiable. Après nous partions sur un effectif de 21 joueurs. Nous n’avons pas le droit de nous louper. La Ligue Magnus est une ligue épuisante. La formule de 44 matchs en peu de temps fatigue beaucoup les joueurs. Elle n’est pas forcément pensée pour l’athlète.

Plan de match : Utilises-tu les statistiques avancées pour le recrutement ?

Eh bien oui (sourire), cela ne fait pas tout évidemment. Je regarde le parcours des joueurs, j’essaie d’évaluer la possibilité d’intégrer le joueur dans notre système. Comme tu le sais nous avions Iceberg la saison passée et c’est un outil qui demande du temps pour l’appréhender, par contre quand tu sais comment ça fonctionne c’est génial. Les plus jeunes sont fans des statistiques avancées, cela me fait gagner un temps fou pour tuer des sujets récurrents comme le temps de glace… Cela m’a pris du temps mais contextualisé une statistique est primordiale pour qu’elle soit efficace. Il faut « humaniser » la statistique, par exemple lorsqu’un joueur étranger arrive dans le championnat, il a des objectifs élevés. Il s’aperçoit que le championnat est finalement d’un bon niveau… Il faut pouvoir contextualiser ses performances. Il faut travailler avec le joueur pour le remettre en confiance.

Plan de match : Jonathan statistiques avancées avant et pendant la saison, tu vas plus loin ?

Oui. Nous mettons en place des cellules vidéos avec les gars pour regarder sur les différentes actions quelles options il avait : sortie de zone en contrôle, entrée de zone à gauche ou à droite en contrôle ou en dump. Les joueurs sont fans de ces expériences, d’ailleurs en fin de séance je leur laisse la possibilité de voir toutes leurs statistiques. Ils en entendent beaucoup parler, connaissent plutôt bien le fonctionnement et son ravi d’avoir ce type d’outil pour améliorer leurs performances. Encore une fois tout n’est pas centralisé sur les statistiques mais cela permet d’ouvrir la discussion avec les joueurs. Je pense que le hockey moderne doit s’ouvrir autant que possible à ces outils que ce soit les statistiques ou par exemple la préparation mentale. C’est quelque chose que je regarde aussi… Je crois sincèrement que ces “nouveaux” outils sont associables et devraient faire partie de la formation des jeunes joueurs de hockey. Cela va au-delà des buts ou des assistances et cela permet d’évaluer les performances des joueurs avec ou sans palet grâce aux statistiques.