Eliminés d’entrée en playoffs l’an dernier, les Boxers de Bordeaux veulent perpétuer le projet qui les a vu rajeunir l’effectif, tout en souhaitant approfondir un cœur d’équipe meurtri par les blessures en 2021-2022. Toujours encadrés par la direction financière de la fédération, Bordeaux a composé, mais semble avoir trouvé un compromis des plus intéressants.

Soucieux de rentrer dans les clous de la fédération, les Boxers de Bordeaux ont changé de braquet dans leur projet sportif, et ont décidé l’an passé de rajeunir l’effectif, en misant sur une équipe moins expérimentée, mais avec une ossature censée rester sur le long terme, pour enfin évoluer collectivement de saisons en saisons.

Loin d’avoir les faveurs des pronostics l’été dernier, avec certaines projections les plaçant même en queue de classement, les hommes d’Olivier Dimet ont pourtant terminé au 8e rang en saison régulière, soit dernier qualifié. Ils s’inclineront au premier tour des playoffs 4-0 face au futur champion de France grenoblois, avec une équipe fière de ce qu’elle a réalisé, mais clairement au bout du rouleau tant le groupe a connu de blessures et d’absences désorganisant le collectif tout au long de la saison.

Contraints de jouer à trois lignes offensives régulièrement, voir moins, le club a donc décidé de s’adapter à ce constat, renouvelant 70% de l’effectif tout en tentant d’apporter un peu de profondeur pour pallier aux soubresauts d’une saison.

Progresser par la continuité

Majoritairement, jouer la continuité donc. A commencer par le poste de gardien. Clément Fouquerel va donc débuter sa 6e saison consécutive sous le maillot bordelais. Auteur de sa deuxième meilleure saison statistiquement parlant l’an passé (91.4% d’arrêts en 30 matchs), le normand joue donc la sécurité en poursuivant l’aventure sur les bords de Garonne.

Numéro un depuis son arrivée, « Fouquy » reste malgré tout meilleur lorsqu’il est poussé par son gardien de soutien, en l’occurrence Gaëtan Richard. Même si ses stats sont moins bonnes que le portier titulaire (89.5% d’arrêts en 15 matchs), il a effectué de bons matchs, et même volé Angers en début de saison, eT fortement ennuyé d’autres cylindrées par la suite. Certains matchs, “lâchés” par l’équipe au creux de la vague, ne l’aident pas à se refaire la cerise dans les chiffres, mais il est clair que son évolution devrait continuer.

Les deux cerbères girondins ne sont, statistiquement, que 10e sur 12, mais peu d’équipes possèdent un duo aussi homogène. Pour la plupart d’entre eux, les gardiens numéro un sont excellents, voir tentaculaires, mais les numéro 2 n’ont pas le niveau d’un Gaétan Richard.

En défense, en revanche, on change de philosophie. Avec les retraites de François Paquin et Maxime Moisand, et le départ vers Nice de Louis Bélisle, le staff a souhaité agrandir et épaissir sa défense.

Bordeaux a donc recruté costaud, avec Axel Prissaint, qui va apporter son gabarit (1.85 / 82 Kgs). Pas le plus gros pointeur de la ligue, mais un physique dissuasif pour les adversaires, et un élément solide, qui devrait être dans la lignée de son impact à Amiens ou Gap.

Parlant de gabarit, Bordeaux a étonné, en amenant le second américain de l’histoire du club, Hunter Warner, ex du Wild du Minnesota, et auteur de près de 193 matchs en AHL. Après une saison sans jouer pour avoir tenté d’épouser une carrière de …boxeur… Hunter Warner a choisi de se relancer en France, accompagné de son épouse. Un beau bébé d’1m93 pour 101 Kgs qui devrait jouer les déménageurs à ses heures perdues.

Ces deux-là pourraient être associés aux jeunes Bastien Lemaître, enfant du club, et sans doute l’un de ceux qui a le plus progressé la saison dernière, et Jules Boscq, auréolé de sélections internationales en fin de saison passée, et très scruté de par son beau potentiel.

La première paire reste la même, avec les prolongations de Marc André Levesque, taille capitaine la saison dernière, et de Kevin Spinozzi, grand animateur des deux côtés de la glace, à tel point que la Ligue Magnus entière le voyait sous des cieux plus clinquants. Aina Rambelo, local de l’étape, et véritable couteau suisse, prolonge également et continuera d’amener sa versatilité.

En fin d’été, ils ont même rajouté le jeune défenseur Matteo Mahieu, 20 ans, et qui a alterné entre glace et roller hockey. Des qualités et une bonne réputation, additionnées à un bon état d’esprit, prêt à intégrer l’équipe sans faire de vagues et en se laissant du temps pour progresser.

4 éléments sur 7 restent donc à Mériadeck en défense, tout comme les 2 gardiens. Les recrues sont supposées apporter ce déficit physique qui a embêté le staff, soucieux de “se faire plus respecter devant le gardien“. Un recrutement fidèle à ce que voulait l’organisation, et une cohérence entre les idées et les actions.

Améliorer le Top 6

L’an passé, en attaque, les blessures de plus ou moins longues durées d’Alexandre Mulle, Austin Fyten, ou Loïk Poudrier, notamment, ont complètement désorganisé les plans de base d’Olivier Dimet. Austin Fyten et Alex Wideman auraient dû évoluer ensemble après avoir joué sur la même ligne en Allemagne précédemment. Les blessures récurrentes du canadien ont empêché cette association plus que prometteuse, au grand damne de tout le monde.

Les jeunes comme Louis Vitou, Enzo Carry, ou Esteban Ragot ont donc eu beaucoup plus de temps de jeu, et de responsabilités, que prévu, avec succès par ailleurs.

L’objectif 2022-2023 revient donc à renforcer un top 6 dégarni par les départs, et permettre aux jeunes de continuer à évoluer, bien encadrés par des coéquipiers confirmés, correspondant bien à l’état d’esprit sur lequel le staff ne souhaite pas déroger.

Alexandre Mulle revient, accompagné de ses compères Julien Guillaume, et Loïk Poudrier, et du retour de Maxime Legault, aussi absent de la fin de saison régulière et playoffs l’année dernière. Parmi ceux-là, on se connaît, et les associations avaient bien fonctionné en début d’année dernière.

Autre retour, mais celui-ci depuis Grenoble, en la personne de Peter Valier. Espéré dans une autre grosse équipe de la ligue, il re pose finalement ses valises en Gironde, lui qui a déjà porté les couleurs bordelaises il y a quelques saisons, avant de partir chez les Brûleurs de Loups. Là pour amener sa vivacité et sa créativité, il avait de toute façon laissé un excellent souvenir aux supporters locaux.

Et les nouvelles têtes sont décidément bien dans l’offensive. Pour recruter une valeur sûre, et Français, le club s’est aussi tourné vers l’ex rouennais et gapençais, Fabien Colotti. Le néo international qui aurait pu partir vers l’étranger ne l’a finalement pas fait, et Bordeaux en a profité. Bon buteur, le joueur formé à Grenoble vient garnir une attaque qui devrait avoir fière allure.

Fière allure, car le premier trio a de quoi détonner si la mayonnaise prend. Le finlandais Karri Forsblom, le canadien Massimo Carozza, et le letton Nikita Jevpalovs, sont 3 trublions qui vont devoir apprendre à jouer ensemble, mais dont les profils ont de quoi mettre en bouche les travées de Mériadeck.

Le finlandais arrive de Mestis avec de jolies statistiques et un profil complet. Jeune (23 ans), physiquement intéressant (1.85 / 85 Kgs), on devrait le voir sur tout le long de l’attaque et en supériorité, avec sa patte gauche.

Ayant d’abord jeté leur dévolu sur un tchèque qui est parti avant même d’arriver, les Boxers ont finalement décidé de recruter l’italo-canadien Massimo Carozza. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont peut-être pas perdu au change. 26 ans, polyvalent, son win share est le même que son compère suomi. Ses expériences européennes, en Italie, ou Angleterre, lui ont toujours permis d’avoisiner au pire le point par match en moyenne.

Enfin, le letton Nikita Jevpalovs. 27 ans, polyvalent aussi, il a un passif récent en AHL et KHL, a évolué sous le maillot de sa sélection internationale, et vient de 2 bonnes saisons en Autriche.

La dernière expérience lettone ne restera pas dans les meilleurs souvenirs locaux, puisque l’an passé Viktor Jasunovs était arrivé en renfort en cours de saison, très attendu pour aider une équipe décimée, mais parti comme un voleur au bout de 3 jours, sans prévenir. Nikita Jevpalovs semble déjà intégré au microcosme local et ne devrait pas s’acheminer vers le même échec pour son club. Avec des flashs techniques, le letton peut être brillant par moment.

On change donc un top 6 qui a vu les départs de Robin Lamboley (Retour à Anglet), Austin Fyten, Alex Wideman. Joueurs regrettés mais bien remplacés, et un effectif prometteur sur le papier, même si les statistiques avancées ne le placent « qu’en » 7e position. Le staff d’Olivier Dimet a prouvé l’an dernier qu’il savait fédérer et créer un vrai groupe.

Comme l’a par ailleurs signifié le coach bordelais, tout le monde s’est renforcé dans la Magnus, notamment les équipes de milieu de tableau dont Bordeaux fait partie. Les profils semblent malgré tout différents, avec des noyaux durs peut être plus forts chez les autres, mais une homogénéité qui peut payer à Mériadeck.

En tous les cas, contrairement à l’année dernière, la pré saison est prometteuse, avec une défaite en prologations à Rouen 3-2 après être revenus de 0-2, puis 2 victoires face à Anglet et une contre de rugueux universitaires québécois, 6-5, dans un match spectaculaire.

L’entame face à Amiens vendredi soir s’est soldé par un match en deux temps. Tout d’abord, deux très bons premiers tiers, et un avantage de 3-0 sans aucune forme de discussion, avant que les Gothiques ne reviennent dans les neuf dernières minutes et n’échouent qu’à un seul but.

Une image donc de ce à quoi peut ressembler la saison des bordelais, et un axe majeur de travail pour le staff:  Comment rester réguliers, si tant est qu’ils évitent les blessures comme la saison passée. Cela commence d’ailleurs mal puisqu’Alexandre Mulle ne verra pas la glace avant plusieurs semaines, à la suite de complications de sa blessure au genou de la saison dernière. L’effectif est malgré tout mieux fourni que les années précédentes, tout en restant dans les clous imposés par la fédération, ça a donc recruté malin, en espérant que cela se traduise sur la glace.

Pour aller plus loin (environnement économique, sportif : nombre de victoires projetées sur la saison)…

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