Pour leur dernier test avec le grand-rendez-vous du TQO, la troupe de Philippe Bozon avait rendez-vous avec une équipe du Danemark elle-aussi quasi au complet pour aller chercher la qualification olympique. Des joueurs NHL, seuls l’attaquant Lars Eller et le gardien Frederik Andersen manquent à l’appel Oliver Bjorkstrand, Nikolaj Ehlers sont là, auxquels s’ajoutent plusieurs ex-NHLers comme Frans Nielsen, Mikkel Boedker ou Peter Regin. Non seulement la troupe danoise possède ainsi de beaux CV mais ceux-ci sont souvent des joueurs très offensifs, capables de profiter de la moindre occasion, et les Bleus en ont fait l’amère expérience hier soir.
Les danois ont déroulé un jeu intelligent, profitant des ouvertures dans les lignes tricolores pour s’approcher au plus près de Hardy et Buysse parfois bien seuls. Le forecheck tricolore ou la défense en zone neutre n’ont pas pu empêcher les offensives danoises, contournant les français par des changements d’ailes bien sentis et parvenant à percer une défense trop étirée sur sa ligne bleue. Plus inquiétant, les Bleus n’ont pas pu créer grand chose offensivement, rendant trop facilement le palet à la défense danoise et ne parvenant quasi jamais à s’installer en zone offensive.
Le score est sévère mais il reflète pleinement la physionomie du match. Voici ce que les stats collectées par nos soins nous disent.
Le match en chiffres
Pas besoin de faire dans la demi-mesure, les français ont été malmenés de bout en bout. Forcés très tôt de subir le jeu, prenant des pénalités en zone défensive. Au total, les danois ont dominés 53-26 aux tirs tentés, pour 16 chances de marquer à 9 et 4.78 buts anticipés (Expected Goals : évaluation du nombre de buts potentiels suivant la quantité et la qualité des tirs tentés) contre 1.44 pour la France.
À 5 contre 5, le ratio est aussi plus du double, avec 2.60 buts anticipés à 1.03. Avec un tel écart, les danois avaient historiquement 85% de chances de remporter ce match… C’est en fait le maximum possible selon notre modèle pour l’équipe à domicile. Et même si le score n’invitait pas à se jeter au combat, les 30 dernières minutes ont été d’un calme plat pour les français comme on peut le voir sur le Game Flow ci-dessus.
Dans toutes les types d’attaque, les danois ont su créer d’avantage de danger, que ce soit en Walk-in (entrer dans le slot en possession du palet), via des high-danger passes (1.54 buts anticipés créés à 0.24!) ou en rush. Les locaux ont également obtenu 5 rebonds, marquant 3 fois. Côté français, Roussel a bien concrétisé 1 des 2 rebonds, mais c’est maigre. Enfin, la France n’a pas su créer un seul jeu traversant la Royal-road, cette ligne imaginaire au centre de la zone offensive, si dangereuse car elle implique que le gardien doive se déplacer latéralement pour suivre l’action.
Défensivement, le mouvement de cycle danois a donné beaucoup de peine aux Bleus que l’on sentait souvent perdus dans leur couverture entre qui devait suivre le palet et qui restait en marquage de zone. Plusieurs fois aussi, dont sur le premier but, la défense et l’infériorité numérique française s’est effondrée vers un côté (tous les joueurs se rapprochent comme attirés par le palet), laissant beaucoup d’espace libre dans son dos.
Des transitions à la peine
Une des raisons de l’inefficacité tricolore à s’installer en zone offensive vient de sa difficulté à tenir le palet en entrée de zone. Si les sorties de zone ont été propres (66% d’entre elles réussies en contrôle), trop souvent on a vu les Bleus envoyer le palet en fond de zone danoise, pour ne jamais le revoir. Des 52 tentatives françaises, 27 ont été des rejets en fond de zone, plus de la moitié, et uniquement 33% de ces rejets ont été récupérés par un Bleus dans les secondes qui suivaient.
Au final seules 37% des entrées de zone ont ainsi été réussies en contrôle, contre 53% pour les danois par exemple, un chiffre bien plus proche des normes en hockey. On peut aussi ajouter qu’une fois en zone, si danois et français ont chacun tenté 17 high-danger passes vers le slot, les danois en ont réussi 53%, contre 12% pour les Bleus. On ne se trouvait pas faute d’espace et de mouvement. Fleury et Da Costa ont bien montré quelques éclairs de chimie qu’il faudra renouveler la semaine prochaine.
Les gardiens
Difficile de dire qui a gagné des points hier soir dans la course à la titularisation. Buysse a affronté 21 tirs cadrés et 3.23 buts anticipés, plus du double de Hardy (9 tirs et 1.55 buts anticipés) mais les deux ont donc encaissé bien plus que prévu, laissés seuls sur des rebonds mais aussi battus à la régulière par des tirs danois.
Au moins, Buysse s’est montré un peu plus solide dans ses interventions. La dangerosité des tirs affrontés laissait penser que 61% de ses arrêts pouvaient être contrôlés (gelant le palet ou le dégageant hors de danger), et il en a contrôlé 52%. Hardy avait aussi 61% de contrôle attendu mais a affiché 44% en réalité. Avec trois matchs en quatre jours, il est quasi certain qu’ils verront chacun un match de l’Italie ou de la Hongrie. A eux de montrer qui pourrait affronter la Lettonie pour un match que l’on espère décisif.
Les joueurs
Personne ne s’est vraiment démarqué hier soir. Bellemare a été de loin le plus actif en transition, avec un beau 7 sur 8 en sortie de zone mais avec de la difficulté à porter le jeu plus loin, et seules 2 de ses sorties ont débouché sur un tir français. Les autres leaders ont au moins répondu présent, Roussel avec 4 tirs et son but, Da Costa en transition et dans la zone offensive et un Auvitu assez en jambe pour son retour.
Mais c’est peut-être défensivement que le chantier sera le plus critique cette semaine. Au grès des changements de paires, il a été difficile de distinguer des leaders derrière Auvitu et quelques bonnes interventions de Thiry pour défendre sa bleue. Gallet s’est parfois projeté vers l’attaque mais a été malmené dans sa zone avec 4 chances de marquer accordées. Bault a été clairement à la peine face à la vitesse des danois en zone neutre et Manavian aussi. Des choix de temps de glace devront peut-être être faits.