Luciano Basile, le sorcier des Hautes-Alpes, a accepté de répondre à nos questions suite à la signature de son contrat à Brunico (Sud-Tyrol / Italie) dans une équipe de l’élite transalpine (AHL). Un retour aux sources pour lui, il revient sur le pourquoi et le comment de cette opportunité et quel est le projet de cette équipe.
Plan de match : Comment as-tu eu cette opportunité ?
Cela a commencé avec Diego Scandella (l’oncle de Marco Scandella qui joue aux Blues de Saint Louis en NHL) qui est un de mes meilleurs amis depuis près de 30 ans. Il a commencé à me parler d’une opportunité avec Brunico à l’automne dernier. Il venait d’êtreapproché pour le poste de directeur technique du hockey mineur là-bas. A ma connaissance, c’est le seul club qui met autant de moyens dans son hockey mineur. Son rôle à lui c’est de coacher les coachs du mineur. Il va les aider dans la préparation. Il me disait alors qu’un poste allait s’ouvrir pour l’équipe première. Je n’ai plus eu de nouvelles pendant (pendant) plusieurs mois… Et puis un jour, Patrick Bona m’a appelé. Patrick, c’est un joueur que j’ai eu à coacher au tout début de ma carrière en Europe. C’était l’un des meilleurs U-10 à l’époque à Bressanone. Nous avions une belle génération. Il m’annonce qu’il vient d’être nommé Manager Général à Brunico et il voulait savoir si cela m’intéressait. L’occasion était trop belle de revenir en Italie. Je suis ravi de travailler avec eux.
Plan de match : Pourquoi cette opportunité ?
C’est le premier projet qui réunit à la fois un challenge pour moi et qui répond à mes attentes d’un point de vue familial. Il correspond à ce que j’ai envie de faire en ce moment. J’ai eu d’autres opportunitésce printemps, notamment en Angleterre mais je les ai refusés. Coacher dans la ligue Anglaise est intéressant parce que même si le hockey Anglais n’est pas meilleur que le hockey Français, le championnat y est supérieur. Tout est plus professionnel qu’en France. Mais il n’y avait pas de hockey mineur donc ce n’était pas possible pour moi. J’ai 3 garçons qui jouent au hockey, je voulais qu’ils puissent poursuivre.
La saison écoulée – loin du banc – a été compliquée pour moi : malgré les offres reçues, il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas (projet sportif peu ambitieux, obligation de m’éloigner de ma famille).Cette fois-ci avec Brunico, le timing est parfait pour aller à l’étranger. Mon plus grand, Luca, vient d’obtenir son baccalauréat et a été admis à l’Université de Grenoble (Licence STAPS Parcours Sportif de Haut Niveau) et les 2 plus petits Noah (9 ans) et Milo (4 ans) vont pouvoir vivre une expérience enrichissante à l’étranger : apprendre 2 nouvelles langues (italien et allemand).
Tu sais, je me considère comme un entraineur made in France, mais j’avais toujours en tête de revenir en Italie à un moment donné pour montrer ce que je savais faire. C’est un espèce de retour aux sources car j’ai commencé ma carrière en Europe à 35 kilomètres de Brunico.
Plan de match : Quel est le projet de Brunico ?
Le projet est intéressant, nous sommes dans un monde avec beaucoup de contraintes notamment économiques. En Italie, les clubs sont propriétaires des licences des joueurs et ils veulent bâtir avec les jeunes locaux. L’effectif sera composé de 16 joueurs locaux et 4 étrangers. Le budget sera réduit de près de 45%. Cependant l’objectifdu club est de monter un dossier pour jouer en EBEL la saison suivante (2021-2022) avec une nouvelle patinoire (2 glaces) qui est en cours de construction. Elle devrait être livrée à l’automne 2021 si tout va bien. Ils ont établi leur budget (qui doit être de l’ordre de 2M€ ndlr) en prévoyant éventuellement une saison sans supporter à domicile. Le projet m’a plu parce que nous avons un staff étoffé de qualité etj’ai trouvé intéressant la philosophie du président de Brunico qui est de trouver du positif dans cette crise pour repartir de l’avant, en revenant à faire des choses simples avec encore plus de joueurs locaux.
Plan de match : Brunico c’est du long terme ou tu as envie de revenir en France à terme ?
Brunico, c’est un contrat d’un an pour le moment, une année de transition et ce challenge c’est une parenthèse pour moi. Ce que je ne sais pas à l’heure actuelle, c’est la durée de cette parenthèse. Je suis ouvert à tout… une, deux ou trois saisons. Une chose est certaine c’est que je pense que j’ai encore de belles pages à écrire en France. Je suis persuadé que la bonne opportunité arrivera à la fin de cette parenthèse. La France c’est chez moi. Cette année, même loin des patinoires, j’ai suivi le championnat de ligue Magnus de près parce que ce championnat me tient énormément à cœur.