Aujourd’hui a eu lieu l’assemblée générale de la fédération française de hockey sur glace. La première année de l’équipe de Pierre-Yves Gerbeau se termine, l’occasion pour Plan de Match de faire le bilan. Le président de la fédération a répondu à nos questions.
Plan de Match : Que retenir de cette première année pour vous ?
Intense, une année très intense. Une année qui nous a permis, nous l’équipe fédérale, de lancer nos réformes tout en traitant des sujets importants. Il nous a fallu faire face à la crise énergétique et la fermeture de patinoires, nous avons accompagné le plus possible nos partenaires sur ce sujet. Nous avons travaillé la communication sur ce sujet auprès des acteurs qui gèrent les patinoires.
Nous souhaitions absolument remettre l’église au centre du village et pour cela, il nous fallait changer les perceptions sur les patinoires. Nous travaillons avec des acteurs privés comme Naldéo qui accompagne les pouvoirs publics dans la réduction de l’empreinte carbone des infrastructures publiques. En collaboration avec plusieurs acteurs nous avons travaillé sur des plans d’accompagnement pour expliquer avec pédagogie l’intérêt d’une patinoire mais également accompagner la transition écologique des patinoires.
Nous avons également débuté nos réformes sur les championnats que nous avons présentés à l’assemblée générale de la fédération. L’autre réforme que nous avons initiée, l’arbitrage.
Plan de Match : Pouvez-vous nous en dire plus sur la réforme des championnats ?
Tout d’abord, cette réforme a été faite en co-construction. Cela a représenté 64 heures de réunions de travail, 22 pages de propositions, plus de 50 clubs au panel représentatif. Nous avons mis en place des principes, ne rien s’interdire, intégrer les échanges de la consultation, valoriser la filière « amateur » et se structurer pour jouer et se développer. Enfin, le plus important à mes yeux, simplifier les règlements à chaque fois que c’est possible.
Dans les grandes lignes, la Synerglace Ligue Magnus ne change pas. La D1 passerait à 16 équipes tout en conservant la formule actuelle. La D2 la création de deux poules de dix équipes chacune. Nous souhaitons apporter ces changements avec douceur avec une saison de transition pour la saison 2023-2024 et une application pleine et entière pour la saison 2024-2025.
Nous souhaitons également développer le championnat élite féminin qui fait partie des échanges également.
Plan de Match : l’arbitrage a fait couler beaucoup d’encre au cours de la dernière saison, c’est un secteur qui fait partie de vos réformes, sous quelle forme ?
Nous avons suivi ce qui s’est passé cette saison. Nous cherchions depuis plusieurs mois la personne idoine pour répondre à nos besoins. Nous souhaitions faire un diagnostic de ce qui est fait en France et qu’un plan d’action soit mis en place. Je peux désormais le dire, nous avons trouvé. Cela débute dès la semaine prochaine. Nous avons trouvé un binôme Pierre Racicot et Stéphane Auger, deux francophones qui ont officié en NHL. Stéphane Augier et Pierre Racicot totalisent à eux deux près de 2700 matchs dans le meilleur championnat du monde.
Nous recherchions également des personnes qui connaissent l’Europe, bonne pioche, ils ont déjà travaillé avec l’Autriche. Ils vont nous permettre de donner une nouvelle dynamique à l’arbitrage. Le calendrier est déjà défini. Ils vont faire un état des lieux pendant l’été, à l’automne ils travailleront sur un plan d’action. La mise en place de ces actions interviendra en janvier 2024 avec la nomination d’un nouveau responsable à temps plein pour mener à bien ces changements.
Plan de Match : Une autre réforme est en cours, les pôles de performances et centre d’excellence sportives ?
Tout à fait, nous souhaitions mettre en œuvre un Pôle France masculin, certaines contraintes ne nous le permettent pas, notamment l’aspect financier. Cependant, nous avons souhaité revoir notre approche du haut niveau avec la création de 4 pôles de performance et des centres d’excellence sportives.
Il s’agit pour nous de créer un tunnel de la performance. Nous allons recréer un championnat de France et accompagner les joueurs. Nous souhaitons faire de l’individualisation. C’est le cas avec le collectif Talents par exemple. Il s’agit de détecter des talents et les faire entrer dans une structure qui les poussera vers le très haut niveau. Nous avons absolument besoin de ça pour développer le hockey de haut niveau. Nous voulions accompagner les clubs qui perdent leur Pôle Performance, nous avons négocié avec l’Agence Nationale du Sport afin de créer le label Centre d’Excellence Sportive.
Nous avons d’autres sujets à traiter pour lesquels nous devons accélérer les choses, je pense notamment au bénévolat qui est primordial dans notre sport comme dans tous les sports. Nous devons travailler également sur notre plan citoyen et les valeurs du hockey.
Plan de Match : En quoi consiste ce plan citoyen ?
Le hockey sur glace n’échappe pas aux phénomènes de société, nous devons travailler sur l’homophobie, le racisme. Tous ces éléments qui perturbent la société existent aussi dans le hockey, contrairement à ce que certains peuvent penser. Nous allons mettre en place des actions de sensibilisation, nous sommes un peu en retard sur notre plan.
Plan de Match : Une année intense, vous vous y attendiez ?
Je savais qu’il y avait beaucoup de travail de fond, il a fallu aussi gérer les incendies. Je pense notamment à la crise énergétique. Je ne m’attendais pas à ce que cela soit aussi dur, mais c’est prenant et je ne lâche rien.
Plan de Match : Que pensez-vous des performances des équipes de France au printemps ?
Je tiens à féliciter les équipes U18 féminines et U20 masculine qui ont réalisé de très belles performances. Cela montre aussi que nous sommes capables de belles performances.
Les séniors masculins ont fait le travail en se maintenant. Il y a eu deux championnats avec une bonne première partie et la deuxième plus compliquée. Cependant, les retours que nous avons des autres Nations c’est que notre jeu s’est amélioré. Nous avons progressé mais nous n’arrivons pas à gagner les matchs de « chiffonniers » comme face à la Hongrie. Ensuite, il nous a manqué des joueurs clés comme Pierrick Dubé ou Stéphane da Costa. Ce dernier n’était pas sélectionnable non pas que nous ne le voulions pas mais le Ministère nous l’a fortement déconseillé.
Stéphane est installé en Russie depuis de nombreuses années et s’il était parti, son club aurait pu lui demander de payer sa dernière année de contrat. Certains clubs l’ont fait avec des Finlandais notamment. Par ailleurs, il était blessé avec une main cassée. Alexandre Texier a été victime d’un virus sur la deuxième partie de championnat et cela ne lui a pas permis d’être à 100%, malheureusement. L’essentiel est là, nous restons en élite.
Pour les séniors féminines, j’ai envie de dire que c’est la chronique d’une défaite annoncée. Lorsque tu perds 8 cadres en montant en élite c’est toujours compliqué. Si je devais faire une comparaison c’est comme si nous perdions Cristobal Huet et sept Laurent Meunier du côté masculin. Ce n’est pas simple. N’oublions pas que Caroline Baldin faisait partie du top-5 mondial des gardiennes…
Plan de Match : Pour les hommes, cette année déterminent les prochains TQO, comment la France peut s’en sortir ? Quid de la réintégration des Russes et des Biélorusses ?
En l’état actuel des choses, nous avons 80% de chance d’affronter soit la Slovaquie, soit la Lettonie. Ce ne sera pas une mince affaire. Concernant la réintégration de la Russie et de la Biélorussie, une première décision sera prise en mars 2024 pour les Biélorusses et l’année d’après pour les Russes. J’attends de voir comment les choses vont bouger, du côté de l’IIHF et du monde du hockey la position est plutôt ferme contrairement au CIO et à l’organisation de Paris 2024.
Cela peut avoir un impact pour les jeux olympiques de Milan en 2026, en effet si la Russie et la Biélorussie sont exclues, alors les deux meilleurs deuxième des TQO pourraient être repêchés. Si c’était le cas, cela voudrait dire que la guerre continue et son lot de drames humanitaires. J’en profite pour rappeler que nous avons aidé l’Ukraine et qu’encore aujourd’hui près de 70% des réfugiés sont encore chez nous. C’est une position délicate.
Plan de Match : L’année prochaine, les féminines vont jouer en Chine le championnat du monde D1A, pas simple ?
C’est ce qui est prévu et la Chine prend en charge une bonne partie des frais des équipes, notamment le transport. Cependant, si la Chine monte cette année [le championnat du monde aura lieu en août en Chine], nous pourrions nous positionner pour organiser à nouveau le championnat. Je sais que les filles aiment jouer en France, cela les galvanise. Nous avons plusieurs possibilités qui répondent aux exigences de l’IIHF, nous pourrions proposer Epinal, Grenoble, Cergy-Pontoise ou Amiens.
Plan de Match : Une année intense, que nous réserve la prochaine saison ?
Tout d’abord, nous allons mettre en place la réforme de l’arbitrage, suivre la réforme des championnats. Nous allons également nous concentrer sur nos valeurs : Qui sommes-nous ? Et mettre en place le plan médiatisation.
Plan de Match : Est-ce que cela signifie que Fanseat, c’est fini en 2024 ?
Normalement oui. Nous avons créé une unité de valeur. Nous avons quatre offres sur la table, je ne peux évidemment pas donner les noms. Je peux néanmoins évoquer ce qui nous est proposé. Nous avons la possibilité d’avoir des images de grandes qualités tout au long de la saison, de ne plus avoir de frais de production. Les solutions proposées nous offrent la possibilité d’avoir vingt matchs sur des chaînes nationales pour le championnat et les équipes de France.
Si le prestataire n’arrive pas à positionner de matchs, ils s’engagent à payer pour que nous ayons cette possibilité. C’est vraiment intéressant. Pour revenir sur les coûts de production, aujourd’hui Sport en France cela nous coûte entre 250 000 et 270 000 euros par an. Nous sommes en mesure de dire que Fanseat c’est fini et que nous devrions avoir une offre qualitative pour la saison 2024-2025.
Plan de Match : Une toute dernière question pour vous sur la ligue Magnus, l’arrivée de Marseille, c’est une bonne chose ? Quid de Synerglace ?
L’arrivée de Marseille, c’est surtout le drame pour Mulhouse. Oui c’est une bonne chose de pouvoir jouer en élite à douze clubs. C’est le seul club qui a passé tous les « contrôles » de façon indépendante. C’est une décision collégiale avec la CNSCG, dont l’ancien président a utilisé l’article 40 contre Mulhouse sans que Luc Tardif ou moi ayons été mis au courant.
Synerglace devrait continuer la saison prochaine pour la ligue Magnus, nous ne savons pas encore à quelle hauteur. Nous sommes toujours en discussion. Nous n’avons pas rompu le lien entre nous.