Eric Lagache, Président des Spartiates de Marseille a répondu à nos questions suite à l’annonce officielle de la montée en ligue Magnus de l’équipe phocéenne. Qui est-il ? Quels sont ses réseaux ? Ses projets ? Sans fioritures, il répond à tout.
Plan de Match : M. Lagache, qui êtes-vous ?
Je suis un chef d’entreprise qui importe des fruits tropicaux. Notre groupe est basé à Marseille, Cavaillon, Rungis et également aux Pays-Bas, à Rotterdam. Nous sommes solides économiquement avec 200 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mon engagement auprès des Spartiates a débuté il y a quatre ans avec du sponsoring. Au moment de la création de la SAS, l’année dernière j’en ai pris la présidence. Je suis néophyte dans le hockey sur glace.
Plan de Match : Comment êtes-vous venu au hockey sur glace ?
Par hasard, vraiment. Dans le cadre de la politique RSE de mon groupe (responsabilité sociétale des entreprises), je cherchais à exister localement. J’ai rencontré par hasard Jonathan Zwikel et Luc Tardif Jr. au cours d’un déjeuner, ça a fonctionné entre nous. J’ai pris le bateau en route. Le seul lien que j’ai avec le hockey, c’est une paire de patins Adidas qui m’a été offert par ma grand-mère et tout le monde me les envie. (Rires).
Plan de Match : Revenons aux Spartiates, la ligue Magnus après une saison en demi-teinte, comment on se prépare ?
Effectivement, nous avons eu une année compliquée. Nous avons recruté à l’identique, notre cadre budgétaire n’était pas aligné avec nos ambitions et nous n’avons pas été réguliers. Nous nous préparions pour construire une équipe prête à gagner la Division 1 en 2023-2024. Cependant, nous avions également monté un dossier pour monter en ligue Magnus. [Jonathan Zwikel nous l’indiquait dans notre podcast cette saison].
Plan de Match : Pourquoi en dépit des résultats vous avez monté ce dossier ?
Initialement, le dossier avait une vertu pédagogique. Cela nous permettait d’apprendre, de comprendre comment la ligue Magnus fonctionne. En interne, cela a permis de faire un audit de l’organisation. A titre personnel, cela a été très instructif. Un des moments importants a été de le « pitcher », nous faisions face à la réalité du terrain. Notre dossier a été reconnu comme valable. Notre discours était en adéquation avec la réalité. Nous nous préparons pour l’année prochaine.
Plan de Match : Sauf que Mulhouse a eu des déboires, la fédération s’est rapprochée de vous, vous vous êtes dit tout de suite allez on y va ?
Entre les bruits et la réalité, il y a un moment compliqué. A partir du moment où la fédération nous demande si nous souhaitons monter, nous avons contacté toutes les parties prenantes. Deux jours avant l’annonce de notre montée, en interne nous n’étions pas sûr de le faire. C’est tellement complexe. Heureusement, les institutions, les actionnaires ont répondu présents. Le projet est positif, c’est positif aussi pour la ville de Marseille.
Deux jours avant l’annonce de notre montée, en interne nous n’étions pas sûr de le faire.
Quand je dis que le projet est positif, c’est que par exemple des joueurs ont attendu notre décision pour se positionner ou non. Cela montre, aussi, que notre projet est pris au sérieux par tout le hockey Français. C’est rassurant.
Plan de Match : Qu’est ce qui vous a fait hésiter ?
Tout ! Nous sommes des gens sérieux. Le gap financier est très important. Nous devons minimiser les risques. Nous devions avoir des assurances sur le recrutement possible, le budget. Nous devions être certains que les politiques nous soutiendraient. Le challenge est important. Il nous faut désormais fédérer le tissu marseillais. Notre dossier est réaliste et raisonnable.
Plan de Match : Est-ce que vous mesurez l’impact de l’arrivée de Marseille en élite pour le hockey Français ? Les critiques, vous les comprenez ?
De nos jours, tout ce qui est normal devient suspect. La vie n’est pas noire ou blanche. N’oublions pas que l’objectif de la fédération c’est de défendre les intérêts de tous les clubs. Elle applique un règlement. En l’espèce, il y avait deux clubs qui avaient déposé un dossier pour monter, en vertu du règlement elle a choisi. Jouer à onze clubs n’est souhaitable pour personne, c’est un manque à gagner de 3 à 5 millions d’euros pour la ligue. (C’est entre 100 et 150 000 € de manque par club sur une saison, de ne pas jouer à douze).
Quant à l’impact, je suis conscient que pour Marseille c’est génial. Je suis très fier d’être Marseillais et fan de l’OM. Notre arrivée, c’est également un bonus pour le tissu économique. Le sport est important à Marseille et cela permet de faire des affaires avec un rapport qualité / prix tout à fait abordable. Je suis persuadé qu’il y a plein de choses à faire de ce côté-là.
Enfin, nous mettons Marseille sur la carte du hockey français. C’est une excellente chose pour le marketing de notre sport. Pour raconter des histoires et vendre des expériences utilisateurs. Nous pouvons vendre des derbys avec Gap, Briançon, Nice. Nous accueillerons des grands clubs comme Rouen ou Grenoble.
Nous avons également la possibilité de faire le lien avec le football et les affiches historiques entre Bordeaux et Marseille ou Paris avec Cergy-Pontoise.
Plan de Match : Vous indiquiez que les institutions ont répondu présent rapidement. Effectivement, cela nous a frappé de voir que tous les politiques de la ville ou la région ont réagi rapidement sur les réseaux. Vous êtes proches des politiques Marseillais ?
Les politiques sont venus tout au long de l’année au POMGE. Ils ont tous été impressionnés par le spectacle. La dramaturgie de ce sport est géniale, nos animations entre les tiers ont été appréciées. J’ai de bonnes relations avec le milieu politique marseillais. C’est aussi le fruit de l’importance du sport à Marseille. C’est un travail de fond, de promesse tenue. Ils voient bien que nous sommes sérieux, que le projet est bien construit.
Plan de Match : Quelle est votre vision du hockey ?
Le hockey est un sport hyper spectaculaire pour moi. C’est la culture américaine avec tout ce que cela implique symboliquement. C’est un spectacle, un show permanent. Quand on découvre ce sport, même quand on ne comprend pas toutes les règles, on est impressionné. Au niveau de l’ambiance, de l’organisation il se passe toujours quelque chose. Ce sont tous ces ingrédients qui rendent ce sport attirant. On a envie de revenir.
Plan de Match : En termes de budget, vous êtiez à 750 000 € la saison passée, et la prochaine ?
Notre budget prévisionnel est de 1.5M€, c’est le budget minimum pour se maintenir dans la ligue. Il se décompose comme tous les autres clubs avec la billetterie, le merchandising, les sponsors et les institutions sans oublier les actionnaires. Les subventions représentent environ 20-25% du budget. Notre challenge ce sera la billetterie. Nous avons pas mal d’invitations encore, il nous faut concrétiser.
Plan de Match : Le recrutement va être revu ? Quid des licences bleues avec Gap ? le Staff ?
Sur le recrutement, nous avons beaucoup de candidats de qualité. La ville et le projet attirent dans la globalité. Sur les licences Bleues, nous travaillons avec Gap pour régler les problématiques pour les joueurs impactés. Nous aurons un assistant en plus dans le staff pour le reste c’est en place, d’ores et déjà.
Plan de Match : L’objectif pour la saison prochaine ?
En toute humilité, le maintien. Nous ne voulons pas faire le yo-yo. C’est Marseille ici. Nous ne pouvons pas nous permettre de redescendre. Nous travaillons pour avoir une équipe qui soit capable de figurer convenablement.