[ap_dropcaps style=”ap-normal”]D[/ap_dropcaps]ans le cadre de l’enquête sur l’impact du covid-19 sur le hockey Français, Eric Ropert a accepté de répondre à nos questions. Retour avec lui sur la saison passée, celle à venir de la Magnus. Où en sommes-nous de la structuration de la Magnus et enfin un mot sur l’impact de la crise sur l’Equipe de France.
Plan de match : La pandémie a arrêté net la ligue Magnus, quelles conséquences ?
Tout d’abord je pense qu’il faut dissocier la saison 2019 – 2020 de la prochaine. Cet arrêt brutal a impacté les clubs dont les budgets prévisionnels prévoyaient une demie ou une finale de Magnus. C’est-à-dire Grenoble, Rouen et surement Angers ou Amiens. Notre inquiétude est plus forte pour la saison prochaine. Tout d’abord nous ne savons pas quand le championnat reprendra. Notre calendrier de Magnus est rendu public entre mi-juin et début juillet. Nous avons le temps encore d’adapter ce calendrier selon plusieurs facteurs. Tout d’abord l’état sanitaire du pays qui est la priorité une. Nous devons également nous inscrire dans le calendrier de l’IIHF. Est-ce que les championnats du monde l’année prochaine se dérouleront plus tard ? Cela nous permettrait d’allonger la saison au maximum…
Plan de match : L’incertitude demeure pour la saison prochaine, quant à son début et sa forme, non ?
Oui, les clubs sont incapables de dire quelles seront les pertes liées aux différents partenariats en cours. Quel sera le pourcentage de public présent ? Serons-nous limités à 1000 personnes maximum ce qui aura un impact sur de nombreux clubs en termes de rentrées d’argent d’un point de vue billetteries grand public et VIP. Nous sommes actuellement en train de collecter toutes les informations disponibles et de discuter avec l’ensemble des partenaires. Nous avons un groupe de travail avec la fédération, la DTN, les représentants des clubs et des ligues. Nous ne savons pas encore quelle forme prendra la saison 2020-2021 mais ce sera probablement une saison extraordinaire. Il nous faudra probablement revoir la formule actuelle. L’incertitude est également sur les clubs amateurs et les juniors, est-ce que les enfants reviendront aussi facilement et dans de bonnes conditions ? Aujourd’hui nous ne le savons pas, c’est pourquoi nous travaillons aussi dans ce sens aujourd’hui. Les clubs amateurs et le junior c’est le hockey de demain, ne l’oublions pas.
Plan de match : Vous nous dites consulter l’ensemble des acteurs, quelles sont les propositions que la fédération met en avant pour amortir à son niveau le choc ?
Nous travaillons ensemble pour accompagner la communication de tous les clubs et les ligues mais également les clubs amateurs qui sont les premiers touchés. En ce qui concerne la Magnus, nous allons décaler certaines mesures : gèle des tarifs des arbitres la saison prochaine alors qu’ils n’ont pas été augmentés depuis 4 ans. Dans notre plan de structuration de la Magnus nous avions validés ensemble l’obligation d’augmenter les contrats professionnels par équipe tous les ans pendant 4 ans avec à terme uniquement des contrats pros. Ce mécanisme est gelé pendant 1 an. Nous avions fait valider (les Présidents et en assemblée générale) par les clubs une augmentation progressive sur 4 ans du nombre de JFL sur les feuilles de matchs en D1, D2 et D3 ce mécanisme lui est maintenu.
Finalement sur 20 joueurs sur la feuille de match en D1 il y aura 13 JFL, en D2 sur 20 joueurs 15 et en D3 sur 22 joueurs maximum sur la feuille de match il y’aura dès la saison prochaine 3 non JFL maximum.
[NDLR : Précisions apportées par Eric Ropert sur Twitter]
Ceci ajouté aux obligations de formation en Magnus, à la règle des clubs ferme qui permet de faire jouer des moins de 23 ans dans des équipes de D1, D2 ou D3 tout en gardant leurs licences dans leur club doit permettre d’améliorer la formation.
Pour mémoire nous sommes partis d’une feuille de match de 22 joueurs dans toutes les divisons avec obligation de 11 JFL. La réduction du nombre de joueurs sur les feuilles de match y compris en Magnus et l’augmentation du nombre obligatoire de JFL doit donner plus de temps de jeux aux JFL.
Plan de match : Certains, pourraient vous dire que ce n’est pas suffisant pour sauver la Magnus ?
Nous faisons avec nos moyens. Aujourd’hui le budget alloué par la Fédération pour gérer la SLM est d’environ 800 000 € quand il en faudrait 1,5 millions pour pouvoir créer une ligue indépendante. Cette crise risque de ralentir le développement de notre Magnus. Nous avions décidé ensemble : les clubs, la fédération de mettre en place un plan de structuration progressif de la Magnus il y a 7-8 ans il faut continuer à structurer pour pérenniser.
Plan de match : Justement sur la structuration et les revenus additionnels, quid des droits TV ?
Les droits TV c’est compliqué d’y penser aujourd’hui (rires). Il est difficile d’attirer une chaine de télévision sur le hockey à titre d’exemple lorsqu’on retransmet un Winter Game c’est 150 à 250 000 téléspectateurs, pareil pour l’Equipe de France. Pour la Magnus nous tombons à 30-40 000 téléspectateurs, ce n’est pas assez pour que cela soit rentable pour les chaines de télévision (NDLR : Alexis Fremont nous en parlait en octobre c’est à lire ici).
J’entends ici ou là parler de WebTV mais nous avons une solution. Il s’agit de Fanseat. Lorsque nous avons entamé le projet de structuration de la Magnus il y a 7-8 ans tout le monde était d’accord pour dire que la première marche devait être la webTV afin de servir les fans, les réseaux sociaux. Jusqu’à la saison dernière la solution fonctionnait plutôt bien. Les problèmes sont apparus cette saison avec la nouvelle technologie utilisée (NDLR : Nous avions fait un dossier sur la technologie Playsight ici).
Nous avons décidé d’y aller avec les informations que nous avions. Les clubs ont financé une bonne partie du dispositif, nous sommes peut-être allés trop vite.
Oui nous avons une part de responsabilité sur le sujet. Néanmoins la qualité est revenue à la normale à partir de janvier 2020. Par ailleurs pour vendre le produit Magnus il nous faut un bon produit et cela passe par des patinoires de qualité. Petit à petit les clubs avec l’aide des collectivités améliorent leurs produits. Ces dernières années nous avons eu plusieurs beaux projets : Gap, Angers, Rouen (qui agrandit sa patinoire pour la saison prochaine). Nous faisons avec nos moyens et pour rappel la fédération a un budget de 6 millions d’euros quand le seul club de Grenoble a un budget de 4 millions… Si quelqu’un a une solution miracle pour la TV un président de club arrive à signer avec une chaine de télévision, j’en serai le premier ravi…
Plan de match : Sur la solution Fanseat justement, il devait y avoir des modules complémentaires pour les entraineurs, qu’en est-il ?
Oui, Playsight analytics sera bien fonctionnel à partir de la saison prochaine.
Plan de match : Un remplaçant de Magnus Corsi, peut-être ? A ce sujet que pensez-vous des statistiques avancées ?
Un remplaçant de Magnus Corsi, je ne sais pas. Mais c’est un début. Les statistiques avancées est un sujet qui intéresse principalement les coachs. C’est peut-être un peu trop technique pour les fans. A ce titre Playsight a un algorithme qui doit apporter des éléments statistiques aux coachs. Par ailleurs nous continuons à améliorer le service. A partir de la prochaine saison également les feuilles de matchs seront totalement dématérialisées. Nous arrêtons avec PointStreak et mettons en place une solution avec Exalto. Cela évitera normalement d’avoir des ‘new player’ dans les feuilles de matchs et elles seront plus exploitable.
Plan de match : Revenons sur la structuration, les montées de la prochaine saison se sont faites sur le classement de saison régulière, ne pensez-vous pas que cela pourrait bloquer lors du passage à la CNSCG en juin ?
Non cela ne devrait pas, puisque nous ne nous sommes pas uniquement basés sur les résultats sportifs. Nous avons demandé à l’ensemble des candidats de répondre à cahier des charges précis pour la Magnus. A savoir une structuration du club, une projection vers la professionnalisation notamment pour la montée en Magnus… et évidemment une solidité financière pour répondre à tous ces critères. Ce sera le cas à chaque saison.
Nous reprenons ce qui se fait en Suisse. C’est à dire qu’en février tous les clubs qui souhaitent monter en cas de victoire du championnat doivent remplir le cahier des charges ; a savoir un général Manager salarié, avoir un coach et un assistant, développer une stratégie de communication et marketing.
Plan de match : Nous avons beaucoup évoqué la Magnus mais quels impacts pour l’Equipe de France peut avoir cette crise : classement IIHF, statut d’athlète de haut-niveau, impact financier ?
Pour l’Equipe de France le classement IIHF n’a pas d’impact à court terme, un peu plus à moyen terme. Il fallait que l’IIHF prenne une décision. Elle n’est pas favorable à l’équipe de France mais la situation est compliquée pour tout le monde. Concernant le statut d’athlète de haut-niveau je pense que le ministère va geler le processus cette année mais la remontée est obligatoire l’année prochaine pour pérenniser ce statut. Il permet aux joueurs d’avoir un accompagnement tout au long de leur carrière et préparer l’après. Concernant le price money, l’impact n’est pas très important.
Plan de match : Est-ce que la France pourrait organiser le mondial de D1A, l’année prochaine ?
Un mondial de D1A vu le format est encore plus compliqué à tenir économiquement que le mondial élite. Je ne pense pas que cela soit possible pour nous aujourd’hui de l’organiser…
Plan de match : si vous deviez résumer en quelques mots la situation du hockey français avec cette crise ?
Je dirais que nous devons continuer à avancer. Nous voudrions tous avancer plus vite mais nous faisons tous ensemble avec les moyens que nous avons. Cette crise pourrait ralentir nos avancées mais nous devons tous rester unis pour faire que le hockey Français avance dans la bonne direction.