Plan de match, vous a livré une rapide analyse de l’impact du Covid-19 sur les budgets des différents clubs de Magnus. A n’en pas douter la crise sera forte et son impact encore flou. Le hockey Français doit saisir cette crise pour en sortir plus fort. Après plusieurs échanges avec des acteurs du hockey, nous proposons une liste de propositions à mettre en place pour le hockey en France. N’hésitez pas à nous faire part de vos avis. C’est ensemble que l’on avance.
Tout le monde s’accorde à dire que cette crise sanitaire est dramatique tant sur le plan humain que sur le plan sportif. Nous espérons de tout cœur que les clubs arriveront à s’en sortir, à construire des budgets cohérents en vue de la prochaine saison. Nous ne savons pas si et comment le hockey reprendra à l’automne. Aujourd’hui ce sont tous les acteurs de notre sport qui souffrent de la situation. Cela a et aura un impact sur de nombreux emplois autour des clubs ; en premier lieu les joueurs.
Une professionnalisation en construction
La professionnalisation du hockey en France n’en est qu’à ses balbutiements et est encore fragile. La crise sanitaire et économique que nous subissons aura un impact. Cependant, dans une équipe de Magnus il n’est plus possible plus jouer le soir et travailler la journée. La source principale de revenus de la plupart des joueurs Français est le salaire versé. Or nombreux joueurs Français tournent autour de 1000 € par mois souvent sur 9 mois avec beaucoup de sacrifices. A long terme ce n’est évidemment pas la bonne option ni pour nos jeunes ni pour la valorisation du hockey Français. Le marché des transferts comme nous l’évoquions précédemment n’est pas au beau fixe. Beaucoup de clubs anticipent déjà des baisses de budget de l’ordre de 20 à 30%.
La principale problématique de notre sport est qu’actuellement il n’y a pas de véritable modèle économique en France. Nous avons voulu structurer le championnat rapidement, sur les 5 dernières années en structurant le championnat avec 44 matchs au lieu de 26. Mettre en place un cahier des charges pour les clubs de Magnus qui doivent désormais avoir un Général Manager, un assistant coach, développer le marketing et la communication. A l’époque tous les acteurs étaient excités par cette démarche ; avec le recul on se rend compte que cela a demandé beaucoup de dépenses sans réussir à augmenter les revenus en conséquence. Peut-être est-ce allé trop vite ? Nous devons, désormais, faire en sorte que les clubs soient rentables, pour cela il faudrait une forte solidarité entre tous clubs. La coopération et la solidarité sont les clés de la réussite de la ligue Magnus. Les plus grands clubs doivent s’occuper de la santé économique des petits clubs. Quant aux petits clubs ils doivent prendre conscience que les grands clubs peuvent être une locomotive pour l’ensemble du hockey Français. Il faut absolument travailler ensemble. Il faut faire en sorte que la ligue Magnus devienne plus homogène. Ne devons-nous pas nous questionner sur les écarts au sein du championnat lorsque cette saison 3 des 4 séries de quart de finale se sont terminées par un balayage en 4 matchs secs.
Attention tout n’est pas mauvais, loin de là mais il est nécessaire que le produit phare : la ligue Magnus, génère de l’argent. C’est seulement à cette condition que les clubs seront en mesure de mieux se structurer, de s’améliorer et viser l’excellence. La plupart des clubs ne font que survivre d’un mois sur l’autre. Il y a trop peu de clubs capables de viser l’excellence ; dit autrement les bénéfices générés doivent représenter l’oxygène de notre sport, ainsi notre championnat pourra mieux respirer : c’est-à-dire structurer les équipes, embaucher à tous les niveaux les meilleurs dans leur domaine.
Pour réussir il faut que l’ensemble des acteurs du hockey se mette autour de la table et étudie toutes les solutions possibles. C’est ce qu’est en train de faire la fédération (cf. l’interview d’Eric Ropert), espérons qu’il en sortira quelque chose.
Un format à 10 ou par conférence pour une attractivité plus forte ?
Comme nous l’évoquions plus haut, il faudrait rendre la ligue Magnus plus attractive, plus homogène. Pour cela, une des solution possible serait peut-être de passer de 12 à 10 équipes. Par ailleurs pour de nombreux clubs le calendrier n’est pas favorable. Il y a beaucoup de matchs sur une période relativement courte (septembre à février), et ce en même temps que le sport majeur en France, le football. Pourquoi ne pas réduire le nombre de matchs par saison ?
Pour rendre le championnat plus attractif, pourquoi ne pas diviser le championnat en conférences, avec des matchs A/R au sein de celles-ci, par exemple. Cette solution permettrait de rendre les matchs plus attractifs pour de nombreuses équipes en démultipliant les derbys, source de revenus assurés tout en réduisant les coûts de transport. En échangeant rapidement avec certains acteurs nous pouvons estimer une réduction des coûts de transport de l’ordre de 20 ou 30% et une augmentation des revenus de 10 à 15%…
Imaginons, 6 clubs dans chacune des divisions, si nous partons du principe de deux allers-retours dans chaque division et un aller-retour dans la conférence opposée. Nous aurions 36 matchs, soit 8 de moins qu’aujourd’hui, nous pourrions également réguler le calendrier en fonction des besoins de chacune des équipes en jouant si possible tous les jours de la semaine. Nous pouvons imaginer que Rouen, Grenoble, Angers ou Bordeaux apprécient de jouer en semaine (notamment pour la partie VIP) mais pas Gap ou Briançon parce que le public n’est pas le même, en utilisant ce système nous serions plus à même de satisfaire tout le monde. Avec le système actuel par exemple, avoir 3 matchs dans la même semaine à domicile ce n’est pas tenable économiquement pour des équipes comme Gap ou Briançon.
Enfin, pour compléter le nombre de matchs par saison nous pourrions par exemple jouer la Coupe de France en aller-retour, ce qui ajouterait du suspens.
Plus de JFL et une solution avec des droits TV ?
Vu la crise actuelle, il est fort à parier que le hockey Français vivra avec moins d’argent mais avec plus de temps : pourquoi ne pas utiliser ce temps pour développer nos jeunes. Certains championnats en Europe se posent déjà la question comme en Italie ou en Slovaquie. Chaque championnat doit choisir son chemin pour trouver la meilleure solution pour s’améliorer. Cela peut être une bonne opportunité pour faire jouer nos jeunes. Si cela se concrétise nous verrons beaucoup de jeunes de 17 ou 18 ans jouer dans les championnats élite. Selon nos informations, sur la saison précédente nous avions près de 50% de joueurs étrangers dans notre championnat.
Toujours d’un point de vue économique, la médiatisation du hockey revient souvent dans les conversations. Pourquoi ne pas générer des revenus via des droits TV ? Aujourd’hui aucune chaîne de télévision ne diffuse de hockey parce que ce n’est pas rentable, mais pourquoi ne pas utiliser une WebTV qui allie le côté développement sportif (mise en place d’analytics) et la possibilité pour les clubs de créer des revenus complémentaires ?
La solution actuelle Fanseat ne répond qu’en partie à la question puisque les analytics sont prévus mais pas la distribution des revenus. Cependant les abonnements sont de l’ordre de 5 à 7000 sur l’ensemble de la France, selon nos informations. C’est peu, mais certains clubs pourraient peut-être créer plus de flux, avec les joueurs, le staff… Il faudrait creuser la question.
Nous pourrions aussi, comme l’ont décidé les clubs suisses de supprimer pendant deux ou trois ans les relégations / promotions. Les clubs n’auraient plus d’épée de Damoclès dès le début de la saison. Cette idée de montée / relégation est un enfer pour les clubs qui sont limites financièrement car l’impact économique est extrêmement violent. Il faut voir comment Briançon a vécu cette saison. Un enfer de bout en bout. Ce blocage pendant quelques années permettrait aux clubs de respirer financièrement, de se structurer et de faire jouer les plus jeunes qui prendraient de l’expérience. En ayant une vision de très long terme, tout le monde en sort gagnant.
Nous évoquions dans un édito en début de saison que le hockey hexagonal était à la croisée des chemins. Nous ne pensions pas que ce serait aussi fort. Posons-nous, ensemble, la question est-ce que l’on veut faire du développement ou du hockey spectacle demain ? Ce qui fonctionne partout dans le monde c’est le hockey spectacle c’est ce qui marche en terme de business. Malheureusement aujourd’hui nous n’avons pas assez de développement localement. Ce sont dans des moments comme celui-ci où nous pouvons essayer de penser différemment. Cette crise doit être une opportunité pour le développement du hockey de demain en France.