La Fédération Française de Hockey sur Glace (FFHG) tenait son assemblée générale aujourd’hui, 22 juin. De nombreux éléments ont été partagés pendant cette assemblée. Réforme des championnats, bilan financier, arbitrage… Plan de Match vous propose un état des lieux complet de la situation.

Un déficit important

L’année 2023 s’est clôturée sur un déficit de 303 268€, mieux que la prévision initiale de 350 000€. Cette perte, représentant environ 4,55% du budget annuel, s’explique par une conjoncture économique défavorable. L’inflation galopante, la baisse des subventions ministérielles et l’augmentation des coûts liés aux événements sportifs majeurs ont pesé sur les finances de la fédération.

Malgré des efforts de réduction des coûts, notamment en diminuant le nombre de stages et en ne renouvelant pas certains contrats (Sport&Co, l’agence marketing notamment, remplacée par le recrutement d’un directeur marketing), la FFHG n’a pas pu compenser entièrement ces dépenses supplémentaires.

Si nous rentrons dans les détails, les produits de la FFHG ont atteint 6 362 354 €, soit une hausse de près de 4 % par rapport à l’année précédente. En comparant avec les clubs de ligue Magnus, la fédération a un budget équivalent à celui de Grenoble ! La principale source de revenus, représentant 2,4 millions d’euros, provient des contributions des licenciés, comprenant les frais d’adhésion et les renouvellements annuels. Les subventions, s’élevant à 1,4 million d’euros, sont octroyées par diverses institutions gouvernementales et privées pour soutenir des projets spécifiques et renforcer nos capacités opérationnelles. Les évènements organisés et les partenariats établis ont généré 1 million d’euros, incluant les recettes des compétitions, des manifestations et les contributions de nos sponsors.

Les clubs affiliés ont contribué à hauteur de 821 000 euros via les frais d’affiliation et les cotisations annuelles. L’Institut National de Formation (I.N.F.), avec 218 000 euros générés par les programmes de formation, de stages et de certifications, joue un rôle central dans le développement des compétences des entraîneurs et officiels. C’est ce qu’indique la présentation. Un audit de l’INF pourrait être intéressant pour comprendre comment il est perçu.

Ensuite, le Pôle France féminin, dédié à la promotion du sport féminin, a rapporté 277 000 euros grâce à des subventions spécifiques et des partenariats. Les autres revenus, totalisant 212 000 euros, incluent des dons, des recettes publicitaires et d’autres sources de financement diversifiées. Enfin, les produits exceptionnels, s’élevant à 34 000 euros, proviennent de revenus ponctuels ou inhabituels comme les ventes d’actifs ou les indemnités exceptionnelles.

Du côté des charges, elles se sont élevées à 6 665 622 €, marquant une hausse de près de 9 %. Les principales augmentations concernent les événements, les partenaires, et la communication fédérale, avec des coûts supplémentaires liés notamment à la Coupe de France et aux divers événements organisés. La masse salariale a également augmenté de 2 % pour compenser l’inflation et maintenir le pouvoir d’achat des salariés. Les principales variations sur les postes de charges en comparaison avec l’année 2022 révèlent des changements significatifs qui ont impacté le budget.

Tout d’abord, le secteur de l’événementiel, des partenaires et de la communication fédérale a enregistré la plus grosse variation avec un budget de 1,269 millions d’euros, soit une augmentation de 514 000 euros. Cette hausse est principalement justifiée par la Coupe de France à l’ACCOR ARENA, qui a entraîné une augmentation des charges de 330 000 euros. De plus, un différentiel de 100 000 euros entre la production vidéo et l’organisation de matchs EDF ou du Championnat du Monde à Angers a contribué à cette augmentation des charges. À cela s’ajoutent les coûts liés à l’organisation du Média-Day et de la soirée des trophées, qui ont coûté près de 80 000 euros.

Ensuite, la masse salariale globale, comprenant la Direction Technique Nationale (DTN) et le siège, s’élève à 1,545 million d’euros, marquant une augmentation de 2 % destinée à compenser une partie de l’inflation. Par ailleurs, les frais généraux ont été maîtrisés avec une légère hausse de 9 000 euros, soit une augmentation de 3 %. En revanche, le budget de la DTN (hors salaires) a diminué de 150 000 euros, soit une baisse de 5,3 %. Cette diminution s’explique par une baisse de 125 000 euros du nombre et du coût des stages EDF. Par ailleurs, l’Institut National de Formation (INF) a vu ses charges augmenter de 19 000 euros, en adéquation avec ses produits. Le Pôle France Féminin à Cergy conserve le même volume de charges pour la quatrième année consécutive et a célébré sa 15ème année d’existence le 1er juin dernier.

Enfin, les aides aux ligues ont diminué de 45 000 euros, soit une baisse de 21 %, principalement en raison de la fin progressive des aides à l’emploi mises en place par la Fédération depuis 2018. Les charges du secteur « fonctionnement » de la Fédération, qui incluent les commissions fédérales, les aides aux clubs et le coût de l’Assemblée Générale, totalisent 424 000 euros. Le coût des commissions fédérales ont augmenté de 20 000 euros par rapport à 2022, malgré une hausse des réunions en distanciel. La principale augmentation dans ce secteur est liée aux honoraires d’audit pour la réforme de l’arbitrage (120 000€ selon nos estimations).

Sur l’arbitrage, le montant de l’arbitrage reste à la charge des clubs, concernant la Magnus le montant par match reste identique à 2 500 €. Cependant, sur ce montant la fédération récupère 600 € par match. Notons que les deux consultants ont été embauché pour continuer à mettre en place leur stratégie. Ils sont désormais en contrat à durée déterminé avec la fédération.

Enfin, la fédération a annoncé une réorganisation de son organigramme, le DTN par intérim devrait être confirmé dans les prochains mois. Certains acteurs devraient prendre plus de responsabilités au sein de la fédération, M. Thirion devrait s’attaché les services d’un DTN adjoint dans une organisation renouvelée.

Des signes encourageants pour l’avenir ?

Malgré ces difficultés financières, la FFHG se félicite de plusieurs succès. Le nombre de licenciés a continué d’augmenter, atteignant un record pour la deuxième année consécutive. Cette croissance témoigne de l’attractivité du hockey sur glace en France et constitue une source de revenus supplémentaire pour la fédération. Cependant, les infrastructures qui ferment et qui vieillissent pourraient devenir un frein au développement du sport. Le partenariat avec Synerglace est stratégique pour la fédération à ce titre.

De plus, les transferts nationaux et internationaux de joueurs ont généré des recettes importantes. La FFHG a également bénéficié d’une aide exceptionnelle de l’agglomération de Cergy, qui a permis de compenser en partie la baisse des subventions ministérielles. Une subvention qui a failli manquer au club des Jokers soit dit en passant.

Notons que la FFHG prévoit un retour à l’équilibre budgétaire dès cette année (2024), grâce à une maîtrise accrue des coûts et à une optimisation des revenus. La fédération compte notamment sur la poursuite de la croissance du nombre de licenciés, le développement de partenariats avec des entreprises privées et la recherche de nouvelles sources de financement. Selon nos informations, Synerglace devrait rempiler pour une année pour le « naming » de la ligue Magnus. La fédération a enclenché des discussions avec d’autres partenaires potentiels sans résultats pour le moment.

Les « fees » pour participer aux différents championnats augmentent légèrement, pour la ligue Magnus ils s’élèvent à 33 900 € pour la saison 2024-2025. Cela permet à la fédération de récupérer 120 000 €. Souvenez-vous la forte augmentation de l’année dernière a été justifiée par le fait qu’il fallait payer l’audit sur l’arbitrage. La mise sous contrat des deux consultants impacte tout de même les finances de la fédération.

Des défis à relever

La fédération doit néanmoins relever plusieurs défis pour assurer sa pérennité financière. L’inflation persistante et l’augmentation des charges d’infrastructure, notamment pour le Pôle France féminin à Cergy et l’Aren’Ice, constituent des risques importants. La fédération devra également faire face à la concurrence d’autres sports et loisirs pour attirer de nouveaux licenciés.

Enfin, ce qui pourrait aider fortement la fédération d’un point de vue financier, c’est la qualification pour les jeux olympiques des équipes séniors. En effet, l’ANS (agence nationale du sport) accompagne les sports dits olympiques. Ce n’est pas le cas du hockey, c’est pourquoi le TQO d’août prochain revêt une importance capitale aux yeux de l’équipe fédérale. Cela explique la décision d’écarter Philippe Bozon après des championnats du monde à Ostrava en demi-teinte. Par ailleurs, l’équipe de Pierre-Yves Gerbeau a validé sa réforme des championnats qui devrait s’appliquer dès la saison prochaine.

La réforme des championnats

Le comité directeur de la Fédération Française de Hockey sur Glace a présenté le 31 mai 2024 une réforme ambitieuse des championnats, destinée à restructurer et dynamiser le hockey français à tous les niveaux. Cette réforme, élaborée après une série de consultations et de travaux intensifs, introduit des changements significatifs pour répondre aux besoins des pratiquants et renforcer la compétitivité du hockey en France. Le processus de réforme a débuté en novembre 2022 avec des consultations étendues jusqu’en février 2023. Ensuite, un groupe de travail dédié a pris le relais de février à mai 2023 pour formuler des propositions concrètes.

Principes directeurs de la réforme

La réforme est guidée par plusieurs principes clés :

Valorisation de la filière amateur : Avec plus de 95% des pratiquants étant des amateurs, la réforme vise à structurer les compétitions pour favoriser leur développement. Simplification des règlements : Afin de rendre les compétitions plus accessibles, la simplification des règlements est un objectif prioritaire. Développement individuel : Plutôt que l’obligation collective de gagner, la réforme met l’accent sur le développement individuel des joueurs, assurant ainsi un accompagnement adapté à leurs projets sportifs et scolaires.

Organisation des compétitions jeunes

Pour les jeunes catégories (U7 à U13), la réforme prévoit des actions de fidélisation et de développement harmonisées à l’échelle nationale. La fédération recommande des actions ouvertes à tous dès l’âge de U13 pour garantir une reconnaissance des talents indépendamment de leur lieu de pratique. Les compétitions U13 seront organisées en poules de niveau géographiques pour optimiser l’adversité et minimiser les déplacements. Des formats de jeu adaptés, tels que des matches pleine glace et des tournois tiers de glace, seront utilisés.

Pour les U15, deux formats de compétition sont introduits : le hockey 5×5 et le hockey 3×3. Le format 5×5 comprendra des phases finales nationales pour les poules de niveau supérieur, tandis que les poules de niveau inférieur participeront à des phases finales de zone. Le hockey 3×3, en revanche, sera structuré en tournois réguliers avec des phases finales de zone et nationales.

Les catégories U18 et U20 bénéficieront également de la réforme avec des compétitions structurées en phases géographiques et des finales nationales. L’objectif est de créer des championnats attractifs pour le public et les sponsors tout en garantissant une progression cohérente pour les joueurs.

Un engagement pour le futur

Cette réforme des championnats du hockey français est un tournant majeur pour le sport. En mettant l’accent sur le développement des jeunes, la simplification des règlements, et la structuration des compétitions, la fédération espère non seulement améliorer la qualité du hockey en France mais aussi attirer davantage de pratiquants et de soutiens financiers.

 

L’année 2023 a représenté une année charnière pour la fédération française de hockey sur glace. Certains éléments sont au vert, notamment l’augmentation du nombre de licenciés, les affluences dans les patinoires. Cependant, la fragilité financière de notre fédération pourrait tuer dans l’œuf le développement du hockey sur glace. La mise en « stand-by » de la candidature des JO 2030 n’est pas une bonne nouvelle pour le plan de développement du hockey. En effet, l’équipe dirigeante espérait au minimum une mise en valeur du hockey entre 2028 et 2030. Le hockey se met en ordre de marche, il faudra surveiller la CNSCG pour évaluer la santé financière du hockey des territoires. Cependant, les fragilités financières sont réelles et le chemin critique menant à la réussite en 2028 est ténu.