Désigné coach de l’année en Ligue Magnus, Jonathan Paredes revient sur la victoire d’Angers en Coupe de France, une victoire construite sur la maîtrise des émotions et une stratégie payante. Entre célébration et préparation pour les play-offs, il dévoile les ambitions de son équipe et son analyse des forces en présence.
Qu’as-tu ressenti au moment du coup de sifflet final dimanche à l’Accor Arena ?
Beaucoup de joie, toutes les émotions positives possibles. Au fil du temps, tu réalises un peu plus, tu prends du recul, mais dans les premières heures qui suivent, c’est énormément de joie et de bonheur. Même avec le recul, ça reste très positif, mais tu repenses à beaucoup de choses.
Quel genre de choses ?
En ce qui nous concerne, nous avons beaucoup travaillé tout au long de la saison sur la gestion des émotions et tout ce qui en découle. Pour moi, c’était un point clé pour l’équipe, et nous avons su bien le gérer. C’est ce qui nous a permis de revenir dans le match, car je pense que nos premières minutes ont été très timides pour différentes raisons. Grenoble a attaqué fort, mais nous on était plutôt dans une phase d’observation.
On savait que ce scénario pouvait se produire, et la gestion des émotions nous a permis d’anticiper ça et de contrôler ce que nous pouvions, sans nous disperser. Il peut toujours y avoir des faits de jeu, des décisions arbitrales, l’atmosphère de la patinoire… Apprendre à surmonter tout cela était un aspect sur lequel nous avons beaucoup travaillé et ça a été l’une des clefs.
Y a-t-il eu un moment où tu as senti que le match basculait en votre faveur ?
Il y a eu plusieurs moments où j’ai senti que ça allait la faire Le premier, c’est quand on encaisse le premier but. Tout le groupe sur le banc, rejoint par le reste de l’équipe, a affirmé que nous jouions de la bonne manière, que même si nous avions pris un but, ça allait le faire. Ce n’était pas juste pour se rassurer, c’était sincère, et c’était vraiment top.
Ensuite, au début de la deuxième période, les gars se sont dit : « Ça y est, on joue. » Et toute la troisième période, on n’a presque rien laissé à l’adversaire. C’était positif, et plusieurs petits détails ont fait basculer le match en notre faveur. Dans le dernier tiers, Grenoble sortent Pinta à la fin pour tenter de revenir à 3-3, mais ne parviennent pas à générer d’offensive. Dans les travées de Bercy, c’est partagé entre « Ils cherchent trop le tir parfait » et « Angers ont défendu parfaitement ». Quel est ton avis ?
Si on re-regarde les images, on verra que nous n’avons pas laissé l’opportunité à Grenoble de créer les situations de jeu dans lesquelles ils excellent. On peut se dire que c’est Grenoble qui n’a pas été assez incisif ou qu’Angers a bien défendu, mais je ne sais pas. Nous nous sommes concentrés sur nous-mêmes et sur ce que nous pouvions faire, et ça a fonctionné.
Cette victoire en Coupe de France est la troisième victoire face à Grenoble de la saison. As-tu trouvé la recette ?
Non, tu as beau avoir la recette, parfois, ce sont aussi le coup de main et les ingrédients qui font basculer les choses d’un côté ou de l’autre. Si nous avons le plaisir de les affronter à nouveau, d’autres paramètres entreront peut-être en jeu et feront la différence. Chaque rencontre contre Grenoble s’est déroulée dans un contexte différent. Lors du premier match chez nous, c’était l’un des seuls de la saison où nous étions au complet. Lorsqu’on a gagné chez eux, on s’est présenté avec un effectif très réduit, mais on a quand même réussi à aller chercher la victoire. Ensuite, on a aussi perdu deux fois contre eux : une fois avec un but du 3-1 en cage vide, et une autre fois en prolongation chez eux.
À chaque fois, le scénario a été différent, et la Coupe de France n’a pas échappé à cette règle. Même s’ils avaient l’avantage du dernier changement, c’était un terrain neutre, sur un match unique, ce qui change tout. Les gars ont fait un super travail, mais il n’y a pas de recette miracle.
Après une telle victoire, on passe dans l’euphorie, on fait un peu (ou beaucoup) la fête, et on est sur un petit nuage. Comment tu fais en sortes que l’équipe repasse en mode playoffs ?
Eh bien, nous allons remettre en place certains process. Il est certain qu’une phase de redescente est nécessaire, mais elle ne peut pas être brutale, c’est impossible.
Déjà, dans notre contexte, avec des matchs tous les trois jours, redescendre immédiatement serait un vrai challenge. Si quelqu’un connaît la recette, je la veux bien, car après avoir étudié ce qui se fait ailleurs dans des situations similaires, on remarque qu’il y a généralement plus de temps entre une finale et la reprise de la compétition.
Si on prend l’exemple du football, la finale de la Coupe de France est souvent le dernier match de la saison, début juin. Dans ce cas de figure, une équipe qui ne fait pas les playoffs n’a pas joué depuis deux mois, ce qui laisse du temps pour gérer l’avant et l’après-finale. De notre côté, la redescente doit être progressive, comme un avion avant de redécoller. Il faudra franchir plusieurs paliers : les deux ou trois jours d’euphorie, les matchs de championnat qui arrivent vite, la présentation de la coupe, la réception à la mairie…
Ensuite, le processus sera de connaître notre adversaire, puis de se préparer physiquement et mentalement en nous concentrant sur un match à la fois. Il ne faut surtout pas se voir trop beaux, car le championnat est très serré cette année. Nous avons de vrais atouts à faire valoir, mais il faudra bien gérer cette transition pour redescendre avant de mieux remonter.
Comment on se prépare sans connaître son adversaire ?
On sait déjà que notre adversaire sera soit Nice, soit Chamonix. Cham’ peut encore être éliminé si une égalité à 54 points se crée entre eux, Nice et Briançon. Cela dit, nous avons déjà beaucoup de données sur ces équipes, et avec Zack, nous analysons très rapidement les tendances de l’adversaire pour les comprendre et les exploiter. D’habitude, nous avons seulement deux jours pour préparer un match. Cette fois on a une semaine, c’est un avantage au fond.
Nous anticipons toujours notre préparation en amont : par exemple, les joueurs ont reçu les vidéos pour le match de vendredi dès ce matin dans le bus (jeudi). L’avantage ici, c’est que je peux libérer plus d’espace dans notre planification, car certaines équipes que nous avons analysées ne seront plus nos adversaires dans les prochaines semaines.
Après le match on a discuté avec Sami qui semblait heureux mais aussi très focalisé sur la Magnus. Est-ce que c’est son état naturel ou est-ce que c’est l’effet Paredes ?
Pour Sami, c’est son état naturel. C’est un vrai compétiteur, et il a apporté beaucoup de choses positives au club d’Angers. J’aime beaucoup sa façon d’être et de travailler. Je pense que son tempérament de compétiteur s’est renforcé grâce aux excellentes écoles de formation par lesquelles il est passé. C’est un très bon joueur, et il n’y a pas grand-chose à lui dire sur cet aspect. Tous les coachs seraient ravis d’avoir un joueur comme lui.