Dans le cadre de notre mise en lumière du hockey Français, nous avons voulu donner la parole à deux soeurs jumelles qui pratiquent leurs sports loin de leur pays en Amérique du Nord. A quoi ressemble leurs vies ? Retour sur leur saison et les objectifs de la prochaine saison, acte 2 avec Chloé Aurard qui évolue en NCAA à Northeastern dans le Massachusetts.
Plan de match : Chloé, comment as-tu vécue le confinement ? Comment prépare-t-on la prochaine saison dans cette situation ?
Je suis toujours confinée aux Etats-Unis, mais je le vis plutôt bien. Je suis à Walpole, NH chez ma copine et sa famille (les Bushee). Je suis beaucoup active, que ce soit en faisant du sport ou en faisant des randonnées. Je cours aussi beaucoup. Je prépare la saison prochaine en me renforçant comme je peux. C’est vraiment dur sans salle de muscu mais j’essaye de trouver des choses avec quoi faire de la muscu. J’ai trouvé une petite planche en bois que j’utilise pour faire du maniement donc je travaille aussi un peu mon maniement. Nous avons des team meeting quelquefois pour parler, check in, et être sûr que nous restons proche en équipe.
Plan de match : Pourquoi et comment avoir fait le choix de l’Amérique du Nord très tôt ? (Vermont puis Massachusetts).
Je suis partie très tôt parce que c’était l’opportunité pour moi d’apprendre beaucoup de choses très jeune. Partir aux Etats-Unis jeune cela m’a permis d’apprendre l’anglais rapidement, en un an j’étais bilingue. Plus on part jeune, plus on a de chance de se faire recruter par des Universités Américaines. Les coachs Universitaire aiment regarder le développement d’une joueuse d’année en année parce que le caractère compte beaucoup pour eux. L’université ne se base pas uniquement sur les talents. Une grosse partie des Universités jouent sur les deux tableaux : sport et études. Tu peux être le meilleur joueur du monde, si tu n’es pas bon dans ta scolarité, tu peux ne pas être recruter. Partir jeune cela m’a permis de m’adapter au système de notation nord-américain. J’ai eu la chance de pouvoir partir alors que j’étais encore au lycée tout en ayant déjà une université qui était prête à me recruter. Décider de partir très tôt ne m’apportait que de bonnes choses à tous les niveaux mais je ne voulais pas partir seule.
L’élément déclencheur pour moi a été le fait que ma sœur soit partie avec moi. Je n’avais plus d’hésitation parce que je savais que je ne partais pas seule.
Plan de match : Peux-tu nous dire comment le hockey s’organise en NCAA / la vie dans le Massachusetts ?
En NCAA le hockey est plutôt bien organisé. Nous sommes suivis toute l’année, pendant les breaks et les vacances d’été. Les coachs et même le staff de notre équipe travaillent vraiment fort tout au long de l’année. Leur objectif est que les joueuses soient uniquement concentrées sur le hockey sans avoir besoin de penser aux petits détails. Je vis aujourd’hui à Boston, MA et c’est vraiment différent de ce que j’ai vécu dans le Vermont. Je marche dans Boston pour aller de cours en cours. Sur l’aspect nutrition nous sommes plutôt libre. Tant que nous sommes en forme et en bonne santé il n’y a aucune restriction. Personnellement je suis “healthy” toute l’année parce que je me sens beaucoup mieux physiquement. Il y a un suivi physique toute l’année. Nous avons des préparations physiques tous les jours en saison avant ou après les entrainements mais tout est suivis notamment le rythme cardiaque. Si notre kiné/docteur voit que nous somme fatiguées, l’information est directement communiquée avec les coachs pour que l’entraînement soit un peu plus tranquille. J’aime beaucoup leur structure et fonctionnement parce que tout est suivis de près et notre corps et santé sont vraiment entre de bonnes mains.
Plan de match : Quelles différences avec ce que tu as pu vivre en France ?
En France c’était totalement différent. J’étais jeune et il n’y avait aucun suivi à niveau-la. Quand je jouais en France, je commençais les cours à 8h jusqu’à 17h puis je devais directement aller à la patinoire pour l’entrainement qui était de 19h à 20h30. Je devais rentrer chez moi et faire une tonne de devoirs. C’était dur de faire ça tous les jours parce que physiquement et mentalement c’était fatiguant. J’étais jeune quand je jouais en France donc je n’avais pas tout ce que j’ai là avec Northeastern.
Plan de match : … et niveau coaching et entraînements, est-ce que tu peux nous dire comment cela fonctionne ? (Comment s’organise une journée type pour toi).
Il y a un temps pour tout. Le matin j’ai cours, cela peut commencer à 8h comme ça peut commencer à 11h, peux durer jusqu’à 12h comme jusqu’à 15h. Mais généralement juste quelque heure de cours, puis repas du midi, petite sieste ou études et hockey l’après-midi. Une journée type est prépa de 15h30 à 16h30, nous avons la glace de 17h à 19h tous les jours mais on n’utilise pas souvent les 2h de glace. Une grosse pratique en début de semaine dure 1h30 et en milieu de semaine. Avant les matchs le week-end l’entrainement est plutôt orienté sur les systèmes de jeux et les unités spéciales, cela dure 1h-1h15. Le coach nous demande toujours comment on se sent après les entrainements précédents pour pouvoir prépare les entrainements suivants.
Plan de match : Est-ce que les charges sont plus tolérés en NCAA et ton avis sur le sujet ?
Les charges ne sont pas autorisées en NCAA, ça reste du hockey féminin mais je pense que c’est plus toléré en NCAA, surtout en division 1. (Je m’en suis prise 2-3 bonne haha). Parfois, il y a de grosse charge qui sont pénalisées, mais la plupart du temps ce sont des petites charges qui sont propre. Le niveau NCAA div.1 est très physique et toutes les joueuses et coach le savent donc ça nous permets de pouvoir jouer physique sans voir de bagarre ou de pénalités parce que le jeu continue après une petite charge.
Plan de match : Une belle saison pour toi avec 49 points, comment l’as-tu vécue ?
J’ai super bien vécu cette saison à part la fin. On travaille dur toute l’année et le fait que ça paye, je suis vraiment contente. C’était une super belle saison, on a perdu que quelque match mais ça ne nous a pas démotivés. On est vraiment solidaire en équipe et c’est plaisant de gagner en équipe. La fin d’année a été vraiment dur pour nous. On travaille toute l’année pour nos objectifs qui sont de gagner le championnat dans notre ligue et de jouer dans le Final four de NCAA et même de gagner un titre national. Cette année, on allait jouer le quart de final de NCAA chez nous mais cela a été annulé à cause du virus. On était vraiment triste parce qu’on pensait vraiment gagner un titre national. Bien sûr que ça nous n’enlève pas notre titre dans notre ligue mais c’était quand même dur.
Plan de match : Quels sont tes objectifs pour toi la prochaine saison ?
Mes objectifs pour l’année prochaine sont les même que l’année précédente. Gagner un titre dans notre ligue et gagner un titre national. Avec l’équipe qu’on a et le travail qu’on fait, j’y crois vraiment. En tant que 3ème année à Northeastern, je veux pouvoir montrer l’exemple aux plus jeunes et les aider à accomplir leur objectif, tout comme j’ai été aidée mes années précédentes. Je veux aussi continuer à me renforcer et travailler physiquement.
Plan de match : Est-ce que tu arrives à garder le lien avec l’Equipe de France tout au long de la saison et comment ? (Exemple des session videos / webinars) ?
Oui, j’arrive à garder un lien avec l’équipe de France, je suis en contact avec les coachs et le préparateur physique qui contrôlent régulièrement mon état de forme. On parle beaucoup pendant la saison, on fait des retours sur mes performances et on essaie d’analyser ce que je peux faire de mieux. On s’appelle régulièrement pour parler de l’équipe de France et faire le point sur les stages à venir.
Plan de match : Peux-tu me décrire en 3 mots Anaïs Aurard ?
Anais m’a aidée à accomplir mes rêves. C’est grâce à elle que je suis partie, comme je l’ai dit avant, je ne serais pas partie seule. Anais a un talent incroyable même si elle ne le pense pas. Elle ne se satisfait de rien et continue à travailler quel que soit les conditions. Elle est ambitieuse et je crois en elle. En étant gardienne, gagner sa place est plus dur, mais c’est une travailleuse donc je ne suis pas inquiète. J’ai toujours travaillé mes feintes et mes shoots sur elle et elle m’a toujours poussée à jouer de mon mieux. Nous avons une famille très soudée, ce qui nous aide à donner le meilleur de nous. Mon frère Eric Aurard nous a toujours montré le chemin. En tant que petites soeurs, on est vraiment fière de le suivre et de pouvoir partager la même passion. Nos parents, Thierry et Séverine Aurard nous ont toujours soutenu et on n’en seraient pas la sans eux…