Nous l’avions interviewé avant le début de la saison au moment de l’officialisation de la montée en Magnus. Après un début de parcours remarquable, nous avons voulu faire un point d’étape avec le président des Spartiates : Eric Lagache. Les objectifs sont ils revus à la hausse ? Le hockey à Marseille une vraie réussite ?

 

PdM : Vu le début de saison, vous êtes un président heureux aujourd’hui ?

 

Lagache : Bonjour, oui très content de ce début de saison.

 

PdM : Marseille était une équipe considérée comme très faible, c’est une véritable surprise de la voir en route pour les play-offs ?

 

Lagache : Tout d’abord, on n’est pas en route pour les play-offs, on est en route pour le maintien. Personne ne nous voyait faible, on nous croyait potentiellement faible parce que nous sommes montés tardivement. On a eu la chance de bien recruter, en tout cas de ne pas se tromper dans le recrutement. On est aujourd’hui en bonne position pour se maintenir. Il reste encore deux tiers du championnat à disputer, c’est beaucoup mais on est content d’occuper cette place.

PdM : Justement, comment est-ce que s’est construite cette équipe malgré le timing compliqué ?

Lagache : On a eu beaucoup de mal à se décider, on ne savait pas ce qu’on allait faire ou ce qu’on pouvait faire dans le laps de temps que nous avions jusqu’au début de saison. Mais on a eu la chance de constater que ça a été plus simple qu’on ne l’espérait car le potentiel de recrutement était plus large que prévu. Par contre, chez les français ça a été plus compliqué. On a eu le plaisir de s’apercevoir que Marseille avec sa ville et son projet, réputé comme sérieux, attirait plus qu’on ne l’imaginait. On a eu un bon bouche-à-oreille et il y a des joueurs qui ont attendus le dernier moment, en espérant qu’on serait apte à les signer, parce qu’on jouerait en Ligue Magnus. Ils ont su patienter, on a eu cette chance-là et on a pu recruter de bons joueurs français.

PdM : Quels joueurs par exemple ?

Lagache : Par exemple, Colotti était parti pour chercher à l’étranger puis est revenu et on l’a prévenu de l’éventualité. Lui était intéressé, parce que Marseille, et on a réussi à trouver la solution ensemble. C’est pareil pour Ten Braak et d’autres qui ont attendus le dernier moment pour venir jouer avec nous. On avait une tendance, on avait un sentiment, on avait une envie, on a quand même beaucoup réfléchi avant de se décider. Et puis de toute façon on avait un timing imposé par la Fédération et son processus qui nous obligeait de ne pas dire quelque chose de faux à des joueurs potentiels. On était donc dans l’attente. Au final, ces joueurs ont attendu et puis on a eu un peu de la chance, on a eu de la qualité. Il y avait des joueurs français de qualité qui étaient encore disponibles et qui avaient envie de venir, très envie même. Et surtout la vraie chance, c’est qu’ils se soient bien entendus, parce que c’est ça le vrai succès de l’équipe à l’heure actuelle. Il y a une vraie cohésion entre les français et les étrangers, entre les hommes qui composent l’équipe.

PdM : Une bonne cohésion et une équipe assez jeune accompagnée de taulier comme Da Costa, Stolyarov ou encore Ciliak, c’est ça la recette de Marseille ?

Lagache : Et même Colotti, oui on a fait un bon mélange. Tous ces gars-là apportent un bonus aux plus jeunes, même avec le petit Maurice Zwikel, c’est ce mélange d’expérience et de qualité individuelle qui fait le succès de l’instant.

PdM : On a également vu de nouveaux arrivants comme Tommy Parran ou David Aslin, ce dernier qui est très performant déjà, que vont-ils apporter maintenant ?

Lagache : Oui c’est remarquable mais Parran aussi, là il était blessé deux matchs mais il est très bien aussi, on a beaucoup de satisfaction sur les dernières recrues qu’on a prises, et la dernière semble manifestement de haut niveau comme on le présumait et on s’en réjouit.

PdM : Petit focus sur Teddy Da Costa, comment s’est faite son arrivée ?

Lagache : Il connaissait très bien Luc Tardif, il a joué avec lui. Il me semble qu’il a aussi joué avec Jonathan Zwikel, au tout début de sa carrière et à la toute fin de celle de Jonathan. Mais en tout cas, il a joué avec Luc, ils sont très proches et lorsque Luc l’a appelé, Teddy était très intéressé. Il a accepté de venir avec grand enthousiasme. On était sûr de notre coup parce qu’avec Luc ils s’estiment beaucoup et on savait que ça allait être une bonne pioche.

PdM : Faisons un détour par la Coupe de France où les Spartiates ont réussi à se défaire de Briançon malgré les blessures, quel est l’objectif pour votre équipe dans cette compétition ?

Lagache : L’objectif pour nous est de figurer le mieux possible, sachant que dans ce sport je découvre qu’il est toujours possible de faire un miracle, un exploit. Enfin c’est toujours plus facile face à certaines équipes que contre d’autres. Au prochain tour, ça sera Grenoble, qui est un peu le Paris Saint-Germain du hockey. On aurait préféré avoir un meilleur tirage ou au minimum les recevoir. L’objectif là-bas sera d’aller chercher le ticket pour le prochain tour et de se bagarrer pour la victoire. On ne sera pas favori mais sur un match tout est permis. L’objectif reste le maintien en Ligue Magnus mais on veut tout de même aller le plus loin possible en Coupe de France. Si on a un bonus, tant mieux.

PdM : En parlant de Grenoble, ils ont un gros réservoir de jeunes, est-ce que Marseille a également pour projet d’avoir un centre de formation pour développer des jeunes à long terme ?

Lagache : On n’a pas de centre de formation mais on a un cycle de sport-étude. Actuellement on aimerait que l’association MHCA, dont Richard CROUZET est le président, se développe. Je pense que le succès des Spartiates peut être une opportunité pour l’association qui enregistre d’ailleurs plus de licences que l’an dernier. On espère bien que cela aura un vrai retentissement à terme sur la qualité de formation des U20. De manière générale, il y a un gros laps de temps entre le moment où on en a envie et où cela se réalise réellement. C’est pour ça que je reste prudent sur la réponse, on veut le faire mais cela prendra du temps. D’ici là il faudra que l’on existe autrement.

PdM : Est-ce que justement Maurice Zwikel pourrait représenter la première étape de ce processus ?

Lagache : Oui mais c’est tout de même un exemple particulier. Il est né à Rouen, il a été formé en parti ici… C’est un exemple, il est très apprécié, très aimé par les ados qui le côtoient. Il est bien élevé, il a la tête froide, ce n’est pas un problème pour lui. Mais plus généralement, tout ce qui fait le succès des Spartiates crée une dynamique auprès des jeunes, on verra ce qu’il en est. Stratégiquement parlant, oui c’est un objectif mais on sait que ça ne sera pas du jour au lendemain. C’est pour cela qu’à court terme on est plutôt dans une politique classique de recrutement intelligent avec les moyens du bord.

PdM : Aujourd’hui le club se développe, on voit de plus en plus de monde en terme d’affluence, on voit également beaucoup de VIP, des joueurs de l’OM, des sportifs connus, des politiques, des personnes connues… c’est l’attrait de la Ligue Magnus ça ?

Lagache : C’est l’impact de la Ligue Magnus sûrement, c’est l’impact de la communication, la qualité du travail du service marketing qui est remarquable et qui est original par rapport à beaucoup de club. On n’est pas ridicule, on est à la hauteur de la Ligue Magnus sur le plan de communication. J’estime qu’il y a la communication, la qualité des joueurs, les premiers succès, le bouche-à-oreille… il y a aussi le fait que ça colle parfaitement à l’état d’esprit d’un marseillais qui aime voir ses équipes se bagarrer, et que ce sport soit non seulement un show mais surtout qu’il oblige les joueurs à aller jusqu’au bout. De ce point de vu là, on a des guerriers et j’espère que ça continuera. C’est l’ADN du club et ça correspond à l’état d’esprit des spectateurs marseillais. On n’a pas encore un public expert du hockey mais ça viendra et une chose est sûre : ce public, il aime les victoires et le côté guerrier. Après, que l’on attire aussi un peu plus des politiques, que l’on ait la visite d’un Pablo LONGORIA content de notre développement ou d’un Valentin RONGIER, ça fait partie des bonnes nouvelles et des bonnes surprises du début de saison et si ça peut créer un peu d’engouement médiatique, c’est génial. On ne le cherche pas à tout prix mais on est content de pouvoir l’exploiter.

PdM : Pour conclure, est-ce que l’on peut se projeter avec les Spartiates, sur des objectifs futurs ou sur la saison prochaine ?

Lagache : Le premier objectif c’est de se maintenir. Une fois qu’on sera maintenu, j’espère qu’on sera en capacité de viser haut, parce qu’on aura convaincu de nouveaux sponsors et parce que le public sera encore plus nombreux. S’il y a une dynamique qui se confirme tout au long de la saison alors pourquoi pas viser plus haut, mais ne rêvons pas trop rapidement. Je ne suis pas venu ici, les actionnaires et moi-même, pour one-shot, on veut absolument réussir, on ne veut pas redescendre car ça tuerait la dynamique du moment. On a la chance d’avoir pu monter et maintenant il y a interdiction de redescendre. On voudra toujours aller plus haut car ici à Marseille on ne peut pas se satisfaire de la médiocrité. Avec l’outil que l’on a, avec la qualité du staff et en étant la première ville de France de Ligue Magnus, on a le devoir d’être ambitieux et de permettre à Marseille de faire ce qu’il y a de mieux. Cela prendra du temps, on n’est pas les seuls, on ne nous attendra pas, il y a de très grands clubs, nous, on est le petit poucet mais on va essayer d’évoluer encore à partir de cette première année. Si elle se passe bien, on essayera naturellement d’être ambitieux. Comme une entreprise, on ne peut se satisfaire d’un bon exercice, on veut toujours faire mieux sur le suivant. Mais tout d’abord, on veut se maintenir et perdurer le mieux possible.