Au départ, tout le monde était content tant l’annonce semblait belle. Peut-être même trop belle. Après des années à entendre et lire des montagnes de grognements sur l’arbitrage venant des réseaux, des bancs et des tribunes, la FFHG prenait enfin les choses en main et semblait avoir pris conscience de l’étendue des dégâts.

C’était lors de l’été 2023. Pour éteindre l’incendie provoqué par un arbitrage de plus en plus contesté, la Fédération française sortait l’artillerie lourde avec deux noms tout droit sortis de la NHL. Dans un premier temps, c’est Pierre Racicot et ses quelque 2000 matchs en Amérique du Nord qui était annoncé comme responsable de l’arbitrage. Stéphane Auger a vite suivi pour l’assister, et Antoine Roussel a été invité à siéger à la Commission des Infractions aux Règles du Jeu (CIRJ) pour apporter un œil de joueur trop absent jusqu’à présent.

Sur le papier, ça envoyait du rêve. Une « dream team » venue du plus haut niveau mondial ne pouvait qu’améliorer la qualité de l’arbitrage. Mais dans les faits, l’effet qu’a provoqué l’annonce est retombé bien vite. Nous voilà deux ans plus tard, et, soyons honnêtes : qu’est-ce qui a changé ? Pas grand-chose. Si le but de la manœuvre était louable, le résultat frôle le statu quo, voire la régression. La tension se fait sentir sur tous les secteurs du hockey français. Dans les gradins, le public s’offusque, s’énerve. Sur la glace, les esprits s’échauffent. Sur les bancs, les coachs s’arrachent les cheveux (parfois déjà peu nombreux) devant des décisions complètement lunaires. La cohérence arbitrale ainsi que le respect des règles semblent être des options aléatoires, activées seulement une action sur deux.

Plus grave encore, le flou général vire désormais au danger physique. Il suffisait de regarder le match Grenoble-Angers du 30 novembre pour comprendre. Ce soir-là, la discorde l’a emporté sur le sport et les joueurs ne se sentent désormais plus en sécurité sur la glace.

Au bout du compte, avoir des arbitres « NHLers », c’est bien. Mais si c’est pour encadrer des arbitres amateurs, dépassés par la vitesse d’un jeu progressant bien plus vite qu’eux, c’est un peu comme si on mettait un moteur de Ferrari dans une Fiat Panda. Ça fait du boucan, ça impressionne derrière une porte fermée, mais une fois sur le terrain, ça se plante.

Le décalage est tel que les solutions semblent maintenant venir plutôt d’en bas que d’en haut, dans un silence fédéral parfois assourdissant. Regardons par exemple du côté de l’Anjou. Récemment, Johan Fauvel, juge de ligne en Magnus et Head en D1, a décidé de monter sa propre académie d’arbitrage à Angers. Une très bonne initiative venue directement du terrain pour combler les manques de la formation officielle. Et la Fédé dans tout ça ? Silence radio. L’information n’a été que très peu, voire pas du tout, relayée par les instances. Pourquoi un tel silence sur une bonne idée et une solution potentielle ? Est-ce par négligence, ou par peur d’admettre que les initiatives d’acteurs privés font mieux que la grosse fédération ?

Mais que pouvons-nous faire pour changer tout ça ? Changer des têtes suffit-il ? Peut-être qu’au final, c’est l’ensemble du système qui est bancal. Plutôt que de tirer (encore une fois) avec acharnement sur l’ambulance zébrée, essayons de nous poser la vraie question : est-il seulement possible d’avoir un arbitrage pro en France, et si oui, comment faire ?


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