En mai dernier aux championnats du monde à Helsinki et Tampere, il n’y avait pas uniquement les Bleus qui représentaient la France. Nous avions sur place deux arbitres Pierre Dehaen et Nicolas Constantineau, respectivement arbitre principal et juge de ligne. Retour avec eux sur leur expérience sur place.

Plan de Match : Pour vous l’élite ce n’était pas nouveau, comment avez-vous appris la nouvelle ?

Nicolas Constantineau (NCU) : En effet, Il s’agissait de mon deuxième tournoi, l’an dernier j’étais à Riga pour le mondial 2021. Cette année, la nouvelle est arrivée par un appel de Fabrice Hurth pendant les séries éliminatoires de Magnus.

Pierre Dehaen (PDN) : J’ai déjà eu l’opportunité d’arbitrer en tant que juge de lignes sur trois éditions du Mondial élite jusqu’à deux ¼ de finales. En ce qui me concerne, c’est avant un match à Grenoble que Fabrice a souhaité s’entretenir avec moi pour évoquer un sujet “important”. Il m’a alors annoncé que j’avais été sélectionné par l’IIHF pour participer en tant qu’arbitre principal au Mondial élite en Finlande. (une première pour notre pays). J’ai demandé si c’était “une blague” et il m’a répondu que c’était très sérieux. Par ailleurs, le Président de la FFHG m’a personnellement appelé pour me féliciter et m’encourager. C’est plaisant et cela prouve que l’arbitrage ne laisse pas indifférent nos dirigeants.

 
Plan de Match : Comment s’organise le déplacement et la logistique sur place ?

NCU et PDN : Tout est organisé par la fédération internationale. Elle s’occupe des billets, du logement, de tout. Nous ne nous occupons que de nos bagages (sourires). Une fois sélectionnés par l’IIHF, nous intégrons un groupe qui reçoit des informations régulières de la part des Responsables de l’Arbitrage au niveau international. Nous avons assisté à des visioconférences et avons dû répondre à des questions sur des séquences de jeu.

Quelques semaines avant l’événement nous avons reçu par courriel les premières informations concernant les impératifs liés à la crise sanitaire de la COVID-19, le programme avant le début de compétition (séances théoriques, analyses vidéos, débriefing de la réunion avec les coaches, étude des compositions d’équipes), lieux d’hébergement.

Une dizaine de jours avant le départ, l’IIHF nous a directement transmis les informations concernant nos vols et les conditions de prise en charge à l’aéroport. A partir de ce moment-là, nous sommes intégralement gérés par la Fédération internationale et nos journées sont rythmées en fonction des impératifs que les responsables et coaches des arbitres nous fixent.

Plan de Match : Comment les arbitres sont-ils répartis entre les groupes ?

NCU : Lorsqu’il y a deux sites comme cette année, ils divisent le groupe en deux et font des changements durant le mondial si besoin. J’ai débuté mon mondial à Tampere, j’ai fait quatre matchs. Ensuite, j’ai reçu un coup de téléphone le mardi m’indiquer que je partais le lendemain pour Helsinki. J’ai arbitré deux matchs à Helsinki.

PDN : Cinq jours avant le début du tournoi nous avons tous été convoqués à Helsinki pour se rencontrer, échanger et apprendre à se connaître. A l’issue de la phase de préparation, deux listes nous ont été transmises afin de nous informer des choix qui avaient été faits. Certains sont donc restés sur place et d’autres sont partis pour Tampere. Une semaine après le début du Mondial, après 3 matches, ils ont effectué des changements. Je me suis retrouvé l’autre poule où j’ai fait 2 matches dont un de la Finlande. Sur les deux dernières journées, des navettes (2 heures) amenaient certains arbitres sur les sites en fonction des désignations.

Plan de Match : Quels ont été votre pire et meilleur match ?

 

NCU : Mon meilleur match a été le match d’ouverture de la Finlande contre la Norvège. Une patinoire pleine, de l’ambiance, la joie de retrouver les spectateurs du mondial ! J’aimerais bien refaire mon match Lettonie-Norvège pour la communication avec les collègues !

PDN : Le match qui m’a le plus marqué est celui de la Finlande devant une patinoire pleine à craquer où l’ambiance était extraordinaire. En plus de ça, nous avons fait un très bon match alors ça aide aussi. Je n’ai pas de mauvais souvenirs. Cependant, sur une action lors d’un match à Helsinki j’aurais aimé aider plus mes collègues. Heureusement, le joueur ayant subi la faute a pu reprendre le jeu et a participé aux autres rencontres de son équipe.

Plan de Match : Qu’en retenez vous ?

NCU : Les souvenirs, l’expérience, c’est ce qu’on retient le plus d’un tournoi comme celui-là. Nous tentons de prendre tout ce que nous pouvons pour la fédération Française et prendre du plaisir !

PDN : C’était une expérience sportive incroyable et une aventure humaine très enrichissante. Les moyens mis à notre disposition sont considérables (arbitrage vidéo, logistique, qualité des coaches des arbitres, infrastructure sportive à Tampere de très grande qualité, bénévoles pour les officiels…). J’étais un des seuls arbitres à ne pas être professionnels. C’est donc un sentiment de fierté que d’atteindre un tel niveau avec mes contraintes. Je me suis battu avec “mes armes” en donnant le maximum à chaque occasion. Je pense avoir bien fait sans faire d’erreur concernant l’application des règles et des directives reçues pendant l’événement. Il me faut à présent travailler sur certains points pour continuer ma progression. Afin de mettre en application les conseils qui m’ont été donnés, je vais continuer de travailler dur en France et lors d’éventuelles convocations pour les Coupes d’Europe (Continental Cup et/ou Champions Hockey League). Concernant les prochains mondiaux, j’honorerai avec grand plaisir toutes les sélections que l’IIHF voudra bien m’attribuer.

Plan de Match :  En quoi est-ce différent de la Magnus ?

 

NCU : Il y a beaucoup de différences avec la Ligue Magnus, il s’agit du plus gros événement de l’année pour le hockey international. Les équipes et les joueurs sont beaucoup plus rapides, l’environnement IIHF est extraordinaire, rien n’est laissé au hasard. L’encadrement des arbitres fait aussi la différence, nous avons des coachs et les représentants des arbitres de l’IIHF.

PDN : En Ligue Magnus, nous devons composer avec nos contraintes professionnelles et personnelles. De plus, nous devons tout gérer d’un point de vue logistique… ce qui est parfois assez lourd. Au niveau technique, nous disposions au Mondial de beaucoup plus d’angles et d’un ou une  technicien(ne) vidéo qui avait pour mission de nous trouver les meilleures prises de vues afin que nous puissions prendre notre décision finale. Avec l’utilisation de l’arbitrage vidéo pour les pénalités majeures, les Coachs Challenges et sur certaines situations de but cette plus-value est très importante. Sur l’aspect sportif, le jeu va plus vite et les transitions sont plus percutantes. En tout cas, ce qui est certain, c’est que j’ai pris, comme en Ligue Magnus, beaucoup de plaisir à arbitrer d’excellents joueurs avec des collègues investis et très motivés.