Coach par intérim en janvier dernier en remplacement d’Alexandre Gagnon pour les Scorpions de Mulhouse. Ce n’était pas fait pour durer, Erwan Agostini, manager sportif il l’est et le restera. Il a répondu aux questions de Plan de Match sur ses ambitions et le projet des Scorpions. Une interview en complément de celle de Kevin Hecquefeuille
Plan de Match : pourquoi et comment es-tu devenu manager général des Scorpions ?
Erwan Agostini : Avant d’être définitivement manager général, il me reste une année en tant que manager sportif. Je suis une formation au CDES de Limoges et je devrai être diplômé à la fin de la saison prochaine.
Ce n’est pas un hasard mais un vrai choix. Je ne suis pas arrivé là par hasard. J’ai commencé à entraîner très tôt. Au bout d’un moment, j’avais la sensation d’avoir fait le tour du poste. Ce que j’aime faire, c’est mettre en place des projets or pour mettre en place des choses, la formation, les diplômes sont importants. Cela permet d’avoir une vision globale. Par ailleurs, mettre en place des projets ça prend du temps. Je me heurtais sur les marges de manœuvres d’un entraineur. Le poste qui a cette vision globale et qui peut travailler sur le long terme, c’est celui de manager général.
Un manager général permet la structuration du club et le hockey français doit se structurer. Les clubs doivent se structurer. Je suis là pour ça en prenant en compte les contraintes du club. Vendre le produit, c’est le travail du manager général.
Plan de Match : Justement, comment selon toi on vend le produit sportif ?
E. A : Tout d’abord, j’ai une profonde conviction, celle que la performance n’est pas liée uniquement à la performance sportive. La performance passe par un accompagnement complet des joueurs. Cela passe par un accompagnement sur leurs projets de reconversion, développer l’accompagnement diététique. Travailler également sur la préparation physique. Enfin, un élément qui n’est pas assez développé dans les clubs de ligue Magnus selon moi c’est l’accompagnement des gardiens.
Plan de Match : Peux-tu nous parler des Scorpions de Mulhouse, quels sont les projets mis en place ?
E. A : Nous voulons nous définir dans un rôle clair dans la ligue. Nous nous inscrivons dans un projet d’accompagnement des jeunes joueurs. Nous devons accélérer le processus et être plus performant sur ces sujets. Quand je dis jeunes joueurs, ce n’est pas uniquement les joueurs français mais tous les joueurs.
E. A (suite) : … nous souhaitons être un acteur majeur dans le développement du hockey en Alsace, le hockey est un sport de territoire. Pour nous, c’est primordial d’avoir une empreinte territoriale. C’est pour cela que nous faisons partie de l’entente Alsace. L’objectif c’est de promouvoir le hockey et sa pratique dans toutes les catégories.
Selon moi, il faut développer l’accessibilité du hockey, l’amener à avoir une visibilité au niveau de la région. Aujourd’hui, le hockey se divise en deux catégories de clubs soit le haut niveau, soit le loisir. Il n’y a pas d’entre-deux. C’est un axe de développement, notamment pour nous à Mulhouse. Cela nous permettrait de ne pas perdre de licenciés.
Plan de Match : Quel est le budget des Scorpions ? Sa masse salariale ?
E. A : Le budget des Scorpions de Mulhouse est de 1.3 M€ avec une masse salariale de 430 000€ pour les joueurs de l’équipe élite. Notre objectif est de ne pas augmenter cette masse salariale. Il nous faut d’abord structurer le club. C’est-à-dire prendre une partie du budget pour professionnaliser le staff. Améliorer le staff afin qu’il soit le plus complet possible. Comme je l’ai déjà évoqué aujourd’hui cela me paraît indispensable d’avoir un préparateur physique, un coach gardien, un assistant coach.
A Mulhouse, nous avons la volonté de travailler avec un entraîneur. gardien. Nous n’avons pas d’assistant coach dédié pour le moment. Nous y travaillons. Pour la prochaine saison, je serai l’assistant coach de Kévin Hecquefeuille.
Plan de Match : Ne pas augmenter la masse salariale, d’accord mais le budget ?
E. A : Oui, nous devons augmenter le budget. Cela passe par une augmentation de nos recettes. Comment ? En mettant en place un plan commercial, marketing, développer le merchandising. Il faut aussi regarder ce que font les autres clubs pour s’en inspirer.
Plan de Match : Prendre les idées des autres clubs, cela ne fait pas un plan de développement, si ?
E. A : Non. Ce n’est pas notre philosophie. Pour ne rien cacher, nous finalisons notre diagnostic. Nous souhaitons répondre au mieux aux attentes de notre public. Pour cela, nous devons mieux le connaitre. Connaître la population, le tissu économique de notre territoire alors nous serons en mesure de proposer ce qui correspond aux attentes. Mulhouse ce n’est pas Grenoble, ce n’est pas la même région. A nous de définir notre identité et étudier nos capacités.
Plan de Match : Quelles sont les forces et faiblesses des Scorpions ?
E. A : Pour moi, sa force principale c’est son public. Il participe au spectacle, notamment les ultras. Il y a un fort sentiment d’appartenance au club de Mulhouse. Les partenaires et propriétaires du club sont investis. Ils n’ont pas peur de prendre leurs responsabilités. L’autre force de Mulhouse c’est d’avoir une histoire chargée avec de bonnes et de mauvaises choses même si le club est jeune. Il y a une véritable histoire.
Quant aux faiblesses, je dirais principalement la structuration globale du club. Nous avons un travail important à faire pour formaliser un projet sportif, commercial. Il faut aussi avancer sur le développement de notre patinoire. Par exemple, nous n’avons pas de loges ou de salles de réception attitrées. C’est un point important. C’est une perte de recettes non négligeable dans le budget du club. A l’exception de Nice, nous devons être le seul club de ligue Magnus à ne pas avoir de loges ou de salle de réception dédiée.
Plan de Match : Tu évoques les partenaires, les problématiques de réception. Comment fonctionne le club avec ses partenaires ?
E. A : Tout d’abord, sachez que le montant du partenariat s’élève à environ 600 000 € pour 60 partenaires inscrits. Les partenariats sont multiples, nous proposons tout de même de l’hospitalité même si nous n’avons pas de salle dédiée. Nous proposons comme tous les clubs de la publicité sur la bande de la patinoire et bien évidemment sur l’écran au centre de la patinoire.
A Mulhouse, nous essayons d’innover également. Depuis un an nous proposons la Scorpion expérience. En quoi cela consiste-t-il ? Nous invitons nos partenaires dans une immersion totale auprès de l’équipe. C’est une expérience accessible à deux personnes uniquement.
Pour des raisons d’assurance, nous les licencions à la FFHG, nous leur prenons une licence, ils arrivent à partir de 19h00 pour les matchs à 20h00. Ils assistent aux meetings d’avant match. Nous leur expliquons notre plan de match. Pendant le match, ils se trouvent sur le banc ou à côté. Pendant les tiers, ils nous accompagnent dans le vestiaire. C’est une immersion totale. Nous avons également un partenariat plus classique, le parrainage joueur. Une entreprise parraine un joueur. Cela créer un lien avec l’entreprise. Le joueur peut intervenir auprès des collaborateurs. C’est quelque chose qui est fait dans de nombreux clubs de ligue Magnus.
Plan de Match : Un dernier point, quel est ton point de vue sur le recrutement ?
E. A : Cette année, les nord-américains semblent réticents à venir en Europe. Depuis 2020, le marché s’est restreint à cause du covid. Les voyages deviennent plus compliqués, il y a eu des retraites anticipées pendant la période du Covid. C’est à prendre en compte pour les prochaines années. C’est pour moi une excellente raison pour former en France.