A la suite d’une défaite face aux Dragons de Rouen, Olivier Dimet s’était épanché sur la nécessité des siens de se présenter dès les entames de matchs, et d’être réguliers sur les 60 minutes. Et malgré un scénario de match pas forcément « naturel », les Boxers ont démontré leur irrégularité face à un adversaire supérieur dans beaucoup, si ce n’est tous les domaines. Certains aspects du jeu, négatifs mais aussi positifs, sont récurrents cette saison, nous avons donc pu interroger le coach bordelais sur tout ça en quelques questions. Entretien rapide.

PDM : Olivier, en regardant les statistiques avancées de ce début de saison (en l’occurrence les 10 premiers matchs), certaines tendances ressortent, notamment celle de concéder des occasions franches, et d’encaisser les buts, quasi exclusivement sur la gauche de notre défense. Pas de joueur(s) incriminé(s)s car c’est une statistique globale, mais qu’en penses-tu ? 

OD: On n’a pas un bon gap, on recule, et certains joueurs reculent trop. Cela permet à l’adversaire de nous mettre en danger en zone défensive. Avec le calendrier ces derniers jours, je n’ai pas eu le temps de vérifier très précisément mais en tout cas, ça me parle oui. On essaie déjà de le corriger via de la vidéo et des corrections durant les entraînements et durant les matchs. Je pense aussi que c’est une histoire de confiance. Ce qui nous donne du succès, c’est lorsque nous travaillons en équipe, avec un bloc équipe, la défense attaque dès la perte du palet, donc en zone offensive. Notre identité c’est de presser haut, mais à cinq.

Source: In Stat sur les 10 derniers matchs. Uniquement, les buts contre.

Lorsque l’adversaire arrive à passer, c’est aussi de faire les efforts de repli, de « Back check », qui donne du confort à nos défenseurs. S’ils s’aperçoivent que l’on est en surnombre, ou en tout cas à égalité numérique, peut-être qu’ils vont moins reculer, c’est ce travail que l’on essaie de mettre en place.

PDM : Globalement, pour l’instant, il y a plus de matchs où les stats de domination sont positives que l’inverse. Du coup, quand on perd, quel est le discours donné aux joueurs ?

OD : Qu’il faut se concentrer sur les petites erreurs et les petits détails. Voilà, le haut niveau se joue sur les détails, et il faut avoir 60 minutes de concentration. Dès que l’on a des moments de déconcentration, on le paie souvent cash nous, et il faut être capables de gérer les moments forts et surtout faibles, et ceux là on a du mal à les gérer.

On est un peu paniqués, alors qu’il n’y a pas besoin, il suffit de faire un peu le dos rond et être capables de se dire que l’on ne va pas jouer avec le palet pendant un petit moment. On a des joueurs à vocation offensive qui veulent avoir la possession du palet, il faut trouver cette patience-là, cet équilibre en offensive et défensive.

On ne va pas changer notre identité ou notre façon de jouer, mais essayer d’être plus précis sur les détails, et d’être plus intelligents au lieu de se mettre en difficulté.

PDM : Ce soir on prend le 4-1, suivi du 5-1 dans la foulée, et ce n’est pas la première fois cette saison que ce genre de « trou » arrive.

OD : Oui au-delà du fait que ce soir, c’était Rouen, et qu’ils nous ont mis une pression constante de par leurs qualités, force est de constater que l’on rend trop de palets faciles à l’adversaire. On fait les mauvais choix, au lieu de sortir le palet, on essaie un dribble qui, du coup, nous laisse sous pression en zone défensive, et c’est ce qu’il faut que l’on arrive à faire comprendre à certains, que c’est bien d’avoir le palet, mais qu’il faut faire des choix intelligents, pour ne pas mettre en difficulté l’équipe.

PDM : Il y a quelques temps, tu disais que la ligne canadienne (Massimo Carroza, Maxime Legault, Loïk Poudrier) n’avait pas encore cliqué. Depuis le déplacement à Gap, ils ont débloqué les compteurs, qu’as-tu changé ?

OD : Ils ont continué à travailler, à faire des efforts, on ne peut pas leur reprocher leur investissement, mais parfois les buteurs sont en manque de confiance, il suffit d’un but pour que cela clique. Massimo a trouvé l’ouverture à Gap, ce soir c’est « Pou » qui marque, il était en manque de réussite.

Je suis content pour eux, j’espère que cela va les libérer d’un poids, ils travaillent fort. J’espère qu’ils vont retrouver leur plein potentiel parce que l’on a besoin de tout le monde.

PDM : Du coup, tu as quand même changé les lignes ?

OD : Oui, j’ai changé je voulais amener une nouvelle dynamique, je trouvais que certaines lignes produisaient offensivement mais prenaient beaucoup de buts. J’ai essayé d’équilibrer les choses, cela a amené un petit coup de fouet sur le match de Gap, on a joué beaucoup simple, donné le palet beaucoup plus rapidement que sur les rencontres précédentes. Ce soir avec les absences et blessures, j’ai dû remodifier les lignes en cours de match.

L’idée c’est de trouver de la complémentarité et de l’efficacité, c’est bien de marquer des buts mais si on en prend plus que l’on en marque, le ratio n’est pas bon.

PDM : Dernière question, Julien Guillaume. Statistiquement, il fait partie des meilleurs ratios aux mises en jeu, et devant le but.

OD : Julien, il fait un très très bon début de saison, c’est l’un, voir le joueur le plus utile à l’équipe en tout cas. Il est bon défensivement, il est bon offensivement, il joue simplement et intelligemment, je suis content pour lui, il travaille beaucoup et c’est un joueur de l’ombre on va dire. Son début de saison fait qu’il sort justement de l’ombre.

PDM : Le fait qu’il soit sur une ligne un peu supérieure techniquement aux autres années où il était peut-être plus un joueur de rôle. Son rôle change justement ?

OD : Il prouve qu’il peut jouer un rôle supérieur. C’est un joueur qui est capable de jouer des deux côtés de la glace, très utile. Le fait de jouer avec des joueurs d’un calibre supérieur, il est capable aussi de monter son niveau de jeu, et ce n’est pas donné à tout le monde. Il faut lui donner du crédit, il mérite par son travail, ses efforts, son implication, son temps de jeu.