Dans le cadre du match Nice – Bordeaux de ce vendredi, Plan de match a souhaité faire un focus sur les Aigles de Nice, qui depuis le début de la saison nous offrent de belles prestations en Magnus. Pascal Margerit, le coach vidéo, a bien voulu répondre à nos questions.

Plan de match : Pascal, quel a été ton parcours pour être, aujourd’hui, coach vidéo des Aigles de Nice ?  

J’ai été joueur professionnel pendant plusieurs années entre Chamonix, Villard, Caen et Nice. Je suis arrivé à Nice une première fois en 1997 à la suite du problème de patinoire à Chamonix. J’ai terminé ma carrière de joueur en 2008 après un titre de D2. J’ai commencé ma carrière de coach à Nice, j’ai ensuite coaché Lyon pendant 3 ans et nous avons pu remonter en D1. Pour des raisons personnelles j’ai décidé de redescendre à Nice. J’ai échangé avec Stan Sutor et on a tout de suite “matché”. Cela fait 7 ans désormais que l’on travaille ensemble.

Plan de match : Pourquoi avoir accepté de jouer un match face à Bordeaux en ces temps troublés ?

Nous souhaitons jouer car le sport passe avant tout. Nous voulons surtout avancer afin que le calendrier de fin de saison ne soit pas trop chargé ! Par ailleurs, jouer un match télévisé est toujours une bonne chose pour les clubs, et notamment pour nous les Aigles qui n’avons que rarement l’opportunité de le faire. Nous la saisissons avec plaisir ! Les gars ont les patins qui démangent, s’entraîner c’est bien mais jouer c’est mieux ! J’espère juste que le manque de compétition ne va pas nous faire surjouer, Bordeaux a joué la semaine dernière et c’est un avantage pour eux, c’est certain. 

Les gars ont les patins qui démangent, s’entraîner c’est bien mais jouer c’est mieux !

Pascal Margerit, coach vidéo des aigles de Nice

Plan de match : Revenons aux Aigles, comment construit-on son effectif en temps de Covid à Nice ?

Comme tous les clubs de Magnus je dirais, nous construisons en fonction de nos moyens. Il faut noter qu’à Nice nous avons eu une baisse de budget de près de 200 000 € en 2 ans. Pour être tout à fait complet, notre budget est aujourd’hui inférieur à 900 000 €. Nous avons eu un déficit il y a deux ans. Ce n’est pas simple. Cependant nous sommes bien aidés par les collectivités locales notamment en termes de subventions. (NDLR : selon nos recherches la ville, la métropole et le département octroient près de 300 000 € au club). Il faut savoir qu’en D1 nous avons gagné avec un budget inférieur à 400 000 €. Enfin, l’élément clé c’est que pour cette saison, nous avons reconduit une bonne partie de l’équipe. Nous ne payons pas les transferts internationaux, c’est un maximum d’économie. Toujours dans un souci d’économie et en anticipation de la saison 2020-2021, nous n’avons pas fait venir de Nord-américain cette année nous avions de gros doutes. Cela s’est confirmé. Il faut savoir que dans les contrats il existe toujours une clause de remboursements de billets d’avion. C’est un coût non négligeable. Nous faisons attention à ces coûts annexes tout en construisant un effectif solide qui doit répondre à l’objectif.

Plan de match : Justement quel est l’objectif des Aigles de Nice ?

Nous avons à Nice un objectif qui est très ambitieux. Il est de terminer 6ème. Pourquoi sixième me direz-vous ? Tout simplement pour faire les play-offs tout en évitant à tout prix les deux intouchables que sont Rouen et Grenoble et se classer un peu mieux que d’habitude.

Plan de match : Depuis le début de la saison vous avez 3 victoires pour 2 défaites, ce sont plutôt de bons résultats, comment l’expliques-tu ?

Vous savez, le budget c’est une chose mais la façon de travailler avec les joueurs en est une autre. Tout d’abord, nous avons de bons joueurs. Ils sont compétitifs et le groupe vit bien. Nous avons des joueurs qui se connaissent bien et qui restent plusieurs saisons. Je pense notamment à Carpentier. Ensuite nous avons une filière Slovaque qui fonctionne, beaucoup viennent de Poprad. Ce sont des joueurs de qualité avec un salaire défiant toute concurrence. Travailler sur le long terme est gage d’une certaine stabilité de l’effectif, c’est la clé de nos résultats. Nos joueurs se connaissent tous à 90%. Une année, nous avions fait un nombre important de changements et cela n’avait pas fonctionné.

Plan de match : Quel(s) impact(s) ont les mesures sanitaires pour vous à Nice ?

Evidemment le premier impact est financier. Ces mesures ont, également, un impact sur nos routines même si nous nous y sommes tous habitués, comme par exemple rentrer dans la patinoire avec le masque. Ensuite ces restrictions ont un impact sur nos déplacements. Le manque de visibilité du calendrier nous impacte fortement. Pour quitter Nice le plus simple et le plus économique c’est l’avion… Quand nous sommes en mesure de planifier longtemps à l’avance nos déplacements. Pour un match à Cergy ou Rouen en avion cela nous revient à 2 000 € tout compris quand en bus cela nous revient à 4 voire 5 000€.

Enfin la dernière problématique qui concerne tous les clubs, ce sont les accès aux salles de sport pour le hors-glace. Cela devient compliqué mais on essaie de s’adapter.

Plan de match : Malgré un budget serré, je ne doute pas que vous regardiez les techniques modernes de hockey sur glace comme les statistiques avancées ou la cryothérapie par exemple ?

Oui nous regardons. En ce qui concerne la cryothérapie, l’investissement est trop important pour que nous l’utilisions par rapport à notre budget. A propos des statistiques avancées nous avons le logiciel Instat depuis près de 3 ans. C’est une vraie aide pour nous dans l’analyse des matchs. Toutes les présences des joueurs sont séquencées. Nous avons accès à un nombre important de statistiques comme les shots, les passes, le Corsi par ligne, le pourcentage de passes réussies, les takeaways… Nous avons également des statistiques sur les sorties de zones de notre équipe et de l’adversaire, c’est un vrai plus. Après nous n’utilisons pas tout car parfois nous avons du mal à maîtriser ou analyser les statistiques qui nous sont fournies par le logiciel comme les xG par exemple. Instat propose tout un tas de statistiques pour définir le niveau du joueur. Nous, on se base aussi sur notre vision du jeu et du joueur. C’est un vrai avantage mais cela a aussi un coût. Aujourd’hui on a réduit le niveau de service d’Instat du fait des coupures budgétaires.