Quart de finale : le choc des extrêmes entre Grenoble et Nice

Après une saison régulière dominée de la tête et des épaules, Grenoble débute ses playoffs face aux Aigles de Nice lors d’un premier tour à l’allure de choc des extrêmes. Leaders incontestés du championnat, les isérois abordent cette série avec le statut de grands favoris, portés par une équipe complète et expérimentée. En face, Nice, 8e de la saison, semble dépassée avant même avoir commencé. Cependant, ils ont déjà prouvé qu’ils pouvaient bousculer l’ordre établi. Entre le fameux ogre Grenoblois et l’outsider Niçois, la lutte s’annonce féroce.

Focus sur les confrontations directes en saison régulière

Avec quatre victoires nettes et aucune défaite en confrontations directes, la balance penche clairement en faveur des isérois. Si les Aigles ont pu montrer de la résistance par séquences, ils ont été dominés sur tous les aspects du jeu. En moyenne, les Grenoblois ont marqué plus de 4 buts par match, contre un seul pour Nice. Sur les tirs cadrés, l’avantage est une fois de plus à Grenoble avec plus du double en terme de quantités, comparativement aux Aigles. Au niveau des buts escomptés (xG), c’est pareil, Grenoble domine outrageusement la formation de la Cote d’Azur.

Si nous nous penchons sur les unités spéciales, en supériorité numérique, aucune des deux équipes n’a semblé en réussite. Beaucoup plus pénalisés, les Brûleurs de loups ont su faire le dos rond et s’en sortir 11 fois contre 4 pour les Aigles. Nice devra à coup sûr rester solide défensivement pour affronter la tempête et compter sur une supériorité numérique probablement mise à contribution régulièrement. En saison régulière, les avantages numériques sont restés muets. C’est souvent un élément clé pour réussir en séries éliminatoires.

La défensive des deux équipes sur l’ensemble de la saison régulière

Lorsque nous prenons l’ensemble des tirs cadrés concédés, les équipes ne sont cependant pas si éloignées l’une de l’autre puisque Grenoble a reçu un total de 1295 tirs cadrés par match et Nice 1405, soit seulement 110 de plus. Cette statistique de base nous permet d’analyser la défensive de chacune des équipes grâce à un geste défensif particulier : le block shot.

C’est un geste défensif répandu et utile, et dans ce domaine, les Niçois semblent plus prompts au sacrifice et génèrent une plus grande quantité de BkS (Blocked Shots). Les « blocked shots » au hockey désignent les tirs que les joueurs (la plupart du temps des défenseurs) interceptent ou bloquent avec leur corps avant qu’ils n’atteignent le but. L’objectif est d’empêcher l’adversaire de marquer en interférant avec la trajectoire du palet.

Sans trop de surprise, Kyle HARDY, élu meilleur défenseur de la saison, est en tête du classement avec 59 tirs bloqués sur ses 44 matchs. Sur ses talons vient un de ses coéquipiers : Jordon SOUTHORN, renfort de poids arrivé à l’intersaison. Le seul autre Grenoblois présent dans ce classement est Jarod HILDERMAN, cinquième avec 40 tirs bloqués. Les sept autres places sont exclusivement acquises à des joueurs Niçois. Chose suffisamment rare pour être précisée, deux attaquants sont en tête de cette statistique chez les Aigles : Adam RASKA et Daniels BERZINS.

Si Grenoble part favori sur cette série, Nice possède des atouts défensifs non négligeables. Les Aigles compensent en partie leur déficit de tirs par une forte implication dans le sacrifice défensif, comme en témoignent leurs nombreux tirs bloqués. Face à une équipe grenobloise qui multiplie les assauts offensifs, cette capacité à bloquer les lignes de tir pourrait être un facteur clé pour contenir les Brûleurs de loups et espérer créer la surprise… Même si offensivement, Grenoble domine également de la tête et des épaules.

L’offensive des deux équipes sur l’ensemble de la saison régulière

Dans ce secteur de jeu également, Grenoble domine de la tête et des épaules. Tout au long de la saison, ils ont montré des capacités pour asphyxier leurs adversaires en utilisant gabarit, vitesse et forte présence devant les cages. Du côté des Aigles de Nice, c’est un peu moins flamboyant. Ils devront probablement miser sur leur capacité à exploiter les opportunités laissées par les isérois et capitaliser sur leurs phases de contre-attaque et leur unité spéciale. Nous l’avons vu en préambule, ils n’ont pas vraiment réussi pendant la saison régulière.

Après avoir pris la mesure de statistiques globales, plongeons nous dans les statistiques individuelles. Notre référentiel à Plan de Match s’appelle les buts escomptés, appelé aussi les xG. Au-delà des xG personnels générés par les tirs d’un joueur, analyser les xGF est un point intéressant. Les xGF d’un joueur représentent la qualité des occasions de marquer qu’il a créées ou auxquelles il a participé. Cela inclut les tirs qu’il a pris ou les passes décisives qu’il a effectuées, en tenant compte de la probabilité qu’une action se transforme en but. Attention cependant puisque les xGF peuvent aussi être influencés par les joueurs autour de soi.

Du côté de l’Isère, c’est à nouveau Kyle Hardy qui se démarque avec 51 points et 44,64 xGF. Sans surprise, nous pouvons affirmer que le québécois a offensivement brillé cette saison. Son compère, Alexis BINNER, n’est pas bien loin derrière, lui même suivi par Christophe BOIVIN, premier attaquant de ce top-3. Sur 10 places, 9 reviennent aux Brûleurs de Loups. Seul, Nicolas RUEL représente les Aigles de Nice dans ce classement avec 28,56 xGF. En plus des xGF, la domination d’une équipe peut être évaluée par les stats utilisant le Corsi, la plus globale étant sans doute le Corsi For %.

Le « Corsi For % » (CF%) est un pourcentage qui compare le nombre de tirs générés par une équipe ou un joueur (Corsi For) par rapport au nombre total de tirs (Corsi For + Corsi Against) lors d’une période donnée. Il permet d’évaluer la part de contrôle du jeu, plus un pourcentage est élevé, plus le joueur est dominant dans la création de tirs et la possession du palet.

Dans ce secteur de jeu aussi, Grenoble domine Nice. Le podium est occupé par la ligne « Air Canada », formée à Rouen il y a deux ans, reformée à Grenoble cette année avec 63,17% de Corsi For % moyen. Derrière vient Samuel REGIS avec 62,9%. Souvent décrié, le québécois de 23 ans paraît solide statistiquement et est d’ailleurs le premier défenseur de ce classement. Du côté des joueurs français, Guillaume LECLERC qui évoluait en IceHL l’an dernier ferme ensuite le top 5 avec 62,1%, il est le premier français de l’effectif des Brûleurs de loups.

Une nouvelle fois, nous pouvons confirmer la domination offensive de Grenoble tout au long de la saison, aussi bien en matière de production brute que d’indicateurs avancés comme les xGF et le Corsi For %. L’équipe iséroise s’est montrée capable de dicter le rythme du jeu et a affiché une possession de palet globalement favorable. Face à Nice, ils semblent meilleurs en tout point. La clé du duel résidera sans doute dans la capacité des Aigles à contrer cette machine offensive et à faire preuve d’une patience extrême.

Dans les cages, un nouvel homme à Nice ?

Devant les buts, Conrad MOLDER fut un homme nouveau tout au long de la saison, figurant très souvent dans le top 10 et terminant au sommet avec 15,8 buts sauvés et 92,11% d’arrêts. En face, le talentueux Matija PINTARIC a semblé moins dominateur que par le passé avec 6,3 buts sauvés, 92,64% d’arrêts et une 11e place à notre classement. De son côté, Jakub STEPANEK a fait le travail lorsqu’il lui était demandé de le faire avec 92,64% d’arrêts et 7,1 buts sauvés. Pintaric devrait cependant être le titulaire de ces séries.

Statistiquement, les gardiens semblent solides. A Grenoble, l’expérience est bien présente et Matija PINTARIC a prouvé à de nombreuses reprises qu’il pouvait voler la victoire à ses adversaires. A Nice, MOLDER reste sur une très bonne saison et pourrait être la clef des Aigles. Fort de tous ces éléments et sans surprise Grenoble devrait remporter cette série et filer en demi-finale.

Notre pronostic : Grenoble en 5 matchs. 

Le modèle NLice Data donne près d’une chance sur trois pour les Grenoblois de l’emporter en 4 ou 5 matchs et 92,47% de chance de victoire sur la totalité des séries, Camembert semble peu optimiste quant-à une éventuelle victoire des Aigles de Nice. Mais la victoire Nice l’a déjà acquise en ce maintenant. Le projet des Aigles est en pleine restructuration et le ménage semble avoir déjà commencé avant même la fin de la saison régulière. Un nouveau propriétaire, une direction renouvelée et qui devrait se renforcer à l’intersaison.