Nous leur avions rendu visite en début de saison, le 22 octobre 2024 au Centre Bell avec une prestation plus qu’inquiétante avec une défaite 7 à 2 devant les New York Rangers. Suivis durant la saison avec des périodes d’espoir et de désespoir. La saison des Canadiens de Montréal fut une véritable montagne russe jusqu’à la pause liée au 4 Nations, les partisans semblaient même avoir fait une croix sur cette saison 2024-2025. Une nouvelle désillusion pour eux et de vrais doutes commençaient à se faire entendre concernant le plan des Jeff Gorton, Kent Hughes et Martin Saint-Louis. Cependant dans les coulisses, le management des Canadiens continuait à œuvrer dans l’ombre… ou pas : Profitant du retour en attaque de Patrik Laine en décembre, recrutant dans le même temps Alexandre Carrier en défense et faisant confiance à leur groupe en n’intervenant pas sur le marché des transactions à sa clôture. Une saison régulière pleine de péripétie, de hauts et de bas qui se conclu avec l’obtention du dernier ticket pour les séries. Une première depuis 2021.

Le CH 2024-2025 continue sa progression

Après trois saisons de disette dans la course aux séries éliminatoires, les Canadiens de Montréal signent en 2024-2025 un retour en play-offs qui s’appuie autant sur des progrès tangibles dans les statistiques avancées que sur la montée en puissance de leurs jeunes cadres et l’arrivée de renforts ciblés. Retour sur une saison charnière, chiffres à l’appui, et sur les voix qui ont porté ce redressement.

Des statistiques en légère progression dans les différents classements NHL

Les Canadiens terminent la saison avec une fiche de 40-31-11 et 91 points contre une fiche de 76 points lors de la saison 2023/2024 (30-36-16 et un différentiel de buts de -49) , se classant cette saison 5e dans la division Atlantique et 8e dans l’Est, décrochant ainsi la dernière place qualificative pour les séries et de se rapprocher des standards des meilleures équipes.

Le bond le plus marquant concerne la possession du palet et la capacité à générer des tirs dangereux. Avant l’arrivée d’Alexandre Carrier en défense, Montréal stagnait à la 28e place de la ligue pour le Corsi et la 30e pour les expected goals. Depuis ce renfort, l’équipe s’est hissée au 8e rang pour la possession de tirs (52,2 % CF%) sur la période, et la paire Carrier-Guhle contrôle 52,7 % des tirs et 55 % des expected goals, soit un impact immédiat et mesurable.

Les Piliers du redressement

Nick Suzuki

Capitaine exemplaire qui avait pour objectif de devenir un joueur à 1 point par match en saison régulière, Suzuki réalise la meilleure saison de sa carrière avec 87 points (30 buts, 57 passes), un différentiel de +19 et 9 buts gagnants, ce qui le place 24e marqueur de la ligue et 1er chez les Canadiens. Il a su élever son jeu dans les moments clés et inspirer ses coéquipiers. Dès le début de saison il disait : « Nous sommes passés à autre chose depuis la saison dernière et nous sommes devant une nouvelle opportunité, un nouveau défi. ».

Cole Caufield

Pour Cole Caufield, l’équipe a « appris à gagner des matchs serrés et à rester unis dans l’adversité. C’est ce qui fait la différence cette saison ». Meilleur buteur du club avec 37 réalisations (10e ailier gauche de la LNH), et complément indispensable de Nick Suzuki en première ligne, Caufield a brillé notamment en avantage numérique et dans les fins de match serrées.

Lane Hutson

À 21 ans, le défenseur recrue totalise 60 points (8 buts, 52 passes), soit le 5e total chez les défenseurs recrues cette saison, et il contrôle 54,5 % des expected goals lorsqu’il joue avec Matheson. Sa mobilité et sa vision du jeu ont transformé la relance montréalaise.

L’arrivée d’Alexandre Carrier : un tournant défensif

Acquis en décembre, Alexandre Carrier a été le catalyseur du redressement défensif du Tricolore. Avant son arrivée, la brigade bleue était l’une des plus permissives de la ligue. Depuis, la stabilité s’est installée :

• Carrier joue en moyenne 20 min 08 s par match, dont 2 min 44 s en désavantage numérique (2e du club).
• Il a bloqué 49 tirs et stabilisé la deuxième paire avec Kaiden Guhle, qui contrôle désormais 52,7 % des tirs et 55 % des expected goals à 5 contre 5.
• Son impact se traduit aussi par la baisse des occasions dangereuses accordées et la libération de Matheson et Hutson pour des missions plus offensives.

« L’arrivée de Carrier a donné plus d’options à l’entraîneur, mais surtout une présence stabilisatrice sur une ligne bleue souvent chaotique. » — The Hockey Writers

A cette jeunesse prometteuse, se sont joint les Mike Mathesson en défense, Brendon Gallagher et Josh Anderson qui ont rempli leur rôle de vétérans de soutien, apportant énergie et robustesse, mais leur production offensive reste en retrait par rapport aux attentes, ce qui souligne l’importance de la relève et des jeunes cadres dans la dynamique du redressement des Canadiens cette saison.

Un collectif soudé et une culture renouvelée

« Pourquoi j’écouterais les critiques de gens que je n’irais pas voir pour des conseils ? » — Martin St-Louis

Sous la direction de Martin St-Louis, le plan de jeu des Canadiens de Montréal en 2024-2025 s’est affirmé autour de principes clairs, mais aussi d’une évolution stratégique notable. St-Louis a misé sur une approche axée sur la rapidité d’exécution, la créativité offensive et l’engagement collectif, tout en demandant à ses joueurs d’être plus agressifs afin de passer moins de temps à défendre et de déstabiliser l’adversaire. Son système privilégie la transition rapide et encourage les défenseurs, même très jeunes, à soutenir l’attaque, ce qui a permis à des joueurs comme Lane Hutson de s’illustrer cette saison.

Sur le plan défensif, St-Louis a introduit une couverture hybride, mélangeant le marquage homme à homme et la couverture de zone, une stratégie inspirée par les récents champions de la Coupe Stanley. Cette approche vise à offrir plus de flexibilité, mais elle exige une grande compréhension tactique et une communication constante entre les joueurs. Si cette structure a parfois exposé les plus jeunes défenseurs à des situations difficiles en début de saison, St-Louis est resté convaincu que le système finirait par porter ses fruits à long terme, préférant miser sur l’apprentissage et la responsabilisation de ses joueurs plutôt que sur la simplification du jeu.

L’entraîneur insiste également sur l’attitude et la volonté en zone défensive, rappelant que l’exécution doit être sans hésitation et que la discipline collective fait la différence dans une ligue aussi compétitive. Selon lui, « chaque situation est différente, mais pour moi, ça commence avec les joueurs… Si vous ne comprenez pas quand c’est noir ou blanc, vous ne pouvez pas jouer dans cette ligue! À mes yeux, vous devez avoir un rythme et une volonté de travailler en zone défensive. Ça commence avec votre attitude ».

Malgré les critiques et les moments difficiles, notamment lors du pire début de saison sous son mandat, St-Louis a su garder le cap, motivant ses joueurs à tout donner lors des matchs décisifs : « On ne veut pas quitter ce match avec des regrets. On n’aura pas l’occasion de recommencer, alors il faut tout laisser sur la glace ». Sa capacité à maintenir la confiance du groupe et à ajuster son approche, tout en restant fidèle à ses principes, a été un facteur déterminant dans le redressement du CH cette saison.

Enfin de la stabilité devant le filet avec le duo Samuel Montembeault et Jakub Dobes

Montembeault qui souhaitait « continuer de s’améliorer et, en tant que gardien, d’être constant, de donner une chance à l’équipe de gagner tous les soirs. », s’est imposé comme numéro un avec un taux d’arrêts de .899 (25e NHL) et une moyenne de 2,90, tandis que Dobes devenu doublure en milieu de saison, a brillé en relève (.909, 2,63 GAA, 10e NHL chez les gardiens avec au moins 10 matchs joués).

L’arrivée d’Ivan Demidov : un souffle nouveau pour l’attaque

Le redressement des Canadiens en 2024-2025 s’appuie sur une progression mesurable dans les statistiques avancées, l’éclosion de jeunes piliers, l’apport stabilisateur d’Alexandre Carrier et la force du collectif insufflée par Martin St-Louis. Si le CH demeure perfectible dans la création d’occasions de grande qualité (26e NHL), il a franchi un cap majeur et retrouve enfin une identité compétitive et une base solide pour l’avenir.

Un avenir rempli d’espoirs avec l’arrivée d’Ivan Demidov qui a électrisé le Centre Bell et tout le Québec. Repêché en 2024 et tout juste débarqué de la KHL, le jeune Russe de 19 ans a été accueilli en véritable héros par les partisans. Dès son premier match, il a inscrit un but et une passe, démontrant déjà son flair offensif et son aisance sur la grande scène nord-américaine.

« C’est fou! J’ai ressenti l’amour des partisans, c’est cool. » — Ivan Demidov

« C’est fou comme ça semble facile pour lui. En plus, il a fait des replis défensifs, il a soulevé des bâtons et il a créé des chances de marquer pour tout le monde. Il est très spécial. » — Lane Hutson, à propos d’Ivan Demidov

Ses coéquipiers n’ont pas caché leur enthousiasme face à ce nouveau talent, qui a immédiatement créé des occasions et dynamisé l’attaque montréalaise. Demidov, auteur de 49 points en 65 matchs dans la KHL avant son arrivée, s’impose comme un atout majeur pour le présent et l’avenir du club. Sa présence, combinée à l’éclosion de Suzuki, Caufield et Hutson, laisse entrevoir une attaque redoutable pour les prochaines saisons et une dynamique renouvelée dans la quête d’un retour durable parmi l’élite de la LNH que nous ne manquerons pas de suivre.

Les Canadiens de Montréal 2024/2025 au Centre Bell

Crédits photos : Abdelilah Chaoui - Najim Chaoui (Plan de Match)