Dans le cadre des championnats du monde, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec le défenseur Hugo Gallet, interview à deux avec Nicolas Leborgne de Hockey Archives.
Plan de Match : Comment s’est passé ta saison en Liiga ?
Individuellement, cela s’est très bien passé. Je suis arrivé en confiance et j’étais prêt. Les deux premiers mois se sont très bien passés. Après le TQO de novembre, j’ai pris un coup sur la tête. Par ailleurs, l’hiver a été plus compliqué que ce que je pensais tant physiquement que mentalement. J’ai dû travailler pour retrouver du temps de jeu. Après ça, ça a été. J’ai bien retrouvé mes sensations et j’ai augmenté mon temps de jeu, j’ai amélioré mes stats et j’ai eu plus de responsabilités.
Ce n’est pas parfait, mais c’est très positif. J’ai encore une marge de progression. On Je pense que la marge de progression est là. Et puis je suis content d’être à Kalpa, aujourd’hui j’en profite à fond. Le projet est intéressant. On avait renouvelé quasiment tous les cadres qui nous avaient vraiment aidé la saison précédente pour être cinquième. On a payé un peu le début de saison compliqué mais si on regarde janvier, février, mars, je crois qu’on est les premiers ou dans les trois premiers, si on prend que ces trois mois-là, c’est une réussite on avait l’effectif, on avait la capacité d’aller chercher les playoffs. Mais, un peu à l’image du début de saison, on était huitième et on a perdu les six derniers matchs, On a pris que 2-3 points sur dix-huit possibles.
Plan de Match : Tu nous parlais du projet qui était intéressant, quel est-il ?
Quand je suis arrivé le club a pris son temps. Le projet c’était de voir ce que j’étais capable de faire. J’ai fait quatre matchs puis je suis redescendu en Mestis. Je suis revenu quand j’étais prêt à partir de décembre. Ils m’ont donné petit à petit plus de responsabilité en fonction de que je faisais, ce que je méritais. Ici, il n’y a pas de préjugés. Si je joue bien, j’obtiendrais plus. Je ne me pose aucune limite, je veux toujours progresser.
Plan de Match : Qu’est ce qui te plait en Finlande ? Est-ce qu’on peut comparer ce que tu avais en France et ici ?
C’est difficilement comparable. Le championnat est beaucoup plus relevé. Et puis je pense que c’est l’exigence. Le mot clé c’est l’exigence et cela me convient parfaitement. L’intensité des entrainements, la façon dont on joue. Ici, on mise beaucoup sur la vitesse et la construction. On avance toujours en bloc à cinq. C’est vraiment un jeu qui me plaît, c’est vraiment fun. En fait, on prend beaucoup de plaisir à jouer comme ça. Je me répète mais les entraînements, c’est intense. Il y a de la concurrence, beaucoup de compétitions. C’est un mix de tout ça qui m’apporte au quotidien.
Quand j’étais à Turku, je n’ai vraiment pas aimé. C’était vraiment deux années compliquées. Et puis après, il y a eu Bordeaux. Ça m’a fait du bien, ça. J’ai un peu retrouvé le goût de jouer. Retrouver des amis aussi à Bordeaux, c’était vraiment bénéfique.
Et puis c’est vrai, quand j’ai signé à Isalmen (Mestis), le lendemain, je me disais qu’est-ce que je vais faire là-bas ? Pourquoi je retourne dans un pays où je n’étais pas bien du tout pendant deux ans. Heureusement, je suis tombé dans un contexte tout à fait différent des gens, beaucoup plus accueillants beaucoup plus prévenants, gentils avec moi, qui m’ont aidé dès le début. J’ai ressenti la même chose ici à Kalpa. Je vois beaucoup de positif, moins de négatif, la vie est sympa. Moi, je ne suis pas un amateur de grandes villes, à part Bordeaux. J’ai vraiment aimé, mais une petite ville tout à proximité et le cadre de vie est sympa. L’hiver, ce n’est jamais simple, mais quand on est dans la routine des matchs, tout ça ce n’est pas ce n’est pas ce qui prime.
Plan de Match : Ça change du climat d’Austin, deux expériences différentes qui se complètent et qui se renforcent, non ?
Oui, je pense que j’ai appris à jouer les deux styles de jeu. C’était dur quand je suis arrivé aux États-Unis, mais ça a été dur aussi quand je suis arrivé en Finlande. De rejouer avec le palet. Un peu plus de concentration mais oui, je pense que c’est une bonne chose d’avoir fait les deux. Après je ne sais pas si je le referai, j’ai fait mes erreurs, j’ai appris et je pense que pour l’instant, c’est plutôt pas mal. Je suis content de ne pas avoir abandonné parce que ça a été dur. Mais sur le long terme, ce sera peut-être une force d’avoir fait cela.
Plan de Match : Nous t’avions rencontré lors du mondial 2018 à Copenhague, nous avons le sentiment de ne pas avoir le même joueur en face de nous ?
Après Copenhague, c’était il y a quatre ans. J’ai envie de dire que c’est rassurant que je ne sois plus le même joueur. J’ai grandi, j’ai évolué. Depuis quelques saisons, j’améliore mon impact physique parce que c’est ce qui m’a manqué sur les deux trois dernières années. Si je peux l’intégrer dans mon jeu, je pense que ça ne peut être que bénéfique.
Plan de Match : Ta paire avec Yohann Auvitu fonctionne bien sur ce mondial ?
Oui, ça marche bien avec Yohann même si c’est la première fois qu’on joue ensemble. Je suis très content de ce qui se passe maintenant. J’aime toujours progresser.
Plan de Match : Aujourd’hui, tu joues en Finlande, et demain ?
Je ne me mets pas de limite, il ne faut pas se limiter. Après, je connais mon âge. Je suis conscient de mon jeu, de ce que j’ai envie de créer de ce que j’ai envie de faire dans l’équipe. J’ai toujours envie de progresser. J’ai envie d’aller plus haut que la liiga. Après, je ne sais pas où ce sera, mais je veux aller le plus haut possible. C’est un peu ma façon de penser : il n’y a pas de limite. Je suis mon processus, un processus que j’ai depuis que je suis retourné en Finlande. J’ai arrêté de me poser trop de questions, je me laisse porter par mon travail
Plan de Match : Nous avons senti une équipe de France beaucoup plus solidaire et soudée défensivement par rapport à ce qu’on a pu voir sur les deux précédents. On a l’impression qu’il y a quelque chose qui s’est passé dans ce groupe ?
Moi, je pense que déjà ça fait maintenant trois ans et pas quatre saisons que le staff a changé. Et puis on commence vraiment à connaître le système de jeu, tout le monde est sur la même page. Je pense aussi que le TQO, même si ce n’était pas la même équipe, a donné beaucoup de confiance à tout le monde.
C’est vrai qu’on a un groupe vachement solidaire depuis le début de la prépa, que ce soit ceux qui étaient là au début et qui sont partis ou ceux qui sont arrivés plus tard. Tout le monde s’est mis dans le même moule et on pousse tous dans le même sens. Et je pense que ça se voit. Et puis on a pu approcher les deux plus grosses nations.
Plan de Match : Te rends-tu compte de ton impact en équipe de France ?
Non, je suis dans mon process, je joue comme je dois jouer et je ne me pose pas cette question à ce moment-là. Je veux dire que je suis concentré et je vois que ce qu’il y a sur les réseaux sociaux. En même temps, j’ai toujours été dur avec moi-même, perfectionniste. Je profite des émotions que j’ai. Ce sont des trucs qui vont rester gravés. Je ferai le bilan après le Mondial. Mais c’est sûr que je me rends compte de ce que je fais plus par le regard des autres que le mien. Et ça a toujours été un peu mon problème en grandissant. Mais en début de carrière, je ne me rendais pas compte de ce que je faisais ou de ce que j’ai fait.
Je pense que mon humilité m’a fait beaucoup avancé, que ça me permet encore d’avancer. Mais il faut aussi que je me rende compte qu’aujourd’hui je suis là et je peux être fier et que je peux le crier sur tous les toits si j’ai envie de le dire et que je n’ai pas besoin toujours de me cacher.
Plan de Match : Demain, vous jouez l’Italie un gros match, une victoire et le maintien serait probablement acquis. C’est quoi le plan de match ?
Le plan de match on ne s’est pas encore penché dessus. Ils jouent bien défensivement. Ils ne prennent pas de risques. Ils jouent un jeu simple pour gagner avec leurs armes. J’ai cru voir qu’ils ont un bon gardien sur le Mondial et ça va être un atout pour eux. Et c’est à nous de bosser. Je pense que la clé, vraiment, c’est de ne pas sortir de notre plan de match. Il faut garder notre identité parce qu’il faudra jouer de la même façon que les trois matches précédents. Nous devrons être patient, si on met un but à la 55ᵉ ça nous ira. Ne pas se frustrer.
Plan de Match : Les statistiques avancées, qu’en penses-tu ?
Moi, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse, pas du tout. Je comprends que ça, ça puisse donner des informations là, au coach, aux scouts. A titre personnel, je suis beaucoup dans l’émotion, le ressenti, est-ce que j’ai gagné beaucoup de batailles ? Comment je me sens dans mon jeu… Pendant le mondial, on a des stats que la possession, la vitesse c’est intéressant. Mais je ne me presse pas après le match pour regarder tout ça. On me les donne, je regarde, c’est intéressant, c’est sympa, mais ce n’est pas quelque chose que moi j’utilise en tout cas pour l’instant.