Les Dragons entament leur dernière ligne droite en CHL ce soir. Ils se déplacent à Mannheim avant de recevoir Tampere (Ilves) la semaine prochaine. L’occasion pour Plan de Match de faire un focus sur un club iconique en France mais discret. Marc-André Thinel a répondu à nos questions.

 

Plan de Match : Marc-André, quel est ton rôle désormais au sein de l’organisation des Dragons ?

Marc-André Thinel : Depuis la saison dernière, je suis le général manager adjoint. J’épaule et j’apprends auprès de Guy Fournier. Je m’occupe du recrutement l’été et au cours de la saison je gère un peu tout. Je me suis donné des missions. Un de mes objectifs c’est d’être plus présent pour les joueurs et leurs familles. J’aide les nouveaux arrivants à gérer les appartements, les voitures et tout le côté administratif : la sécurité sociale, les visas par exemple. Je gère nos partenaires au quotidien et je préside notre fond de dotation.

Plan de Match : Le fond de dotation, à quoi cela sert ?

Marc-André Thinel : Le Fonds de dotation sert à être au plus près des collectivités et de la communauté. C’est au travers du fond que nous allons dans les écoles. Nous faisons venir les jeunes à la patinoire. Pour se financer, on vend nos maillots aux enchères.

Plan de Match : S’investir auprès de la communauté, c’est une vision très nord-américaine, non ?

M-A Thinel : Non, je ne pense pas. Quand je suis arrivé à Rouen, l’équipe s’investit beaucoup avec les collectivités : ville, département, région. Nous avons installé nos bureaux dans un quartier défavorisé. Nous essayons vraiment de montrer l’exemple. Ce n’est pas nord-américain, c’est vraiment dans la culture de Rouen. C’est typiquement rouennais.

Plan de Match : Revenons à ton évolution de joueur à GM adjoint, comment ça s’est passé ?

M-A Thinel : En ce qui me concerne, quand je suis arrivé en tant que joueur, je ne pensais pas y passer ma carrière. Juste un an ou deux. J’ai adoré, je suis resté. Je n’avais pas l’intention de rester après ma carrière. Finalement, avec Guy on était souvent ensemble. J’aimais bien ce qu’il dégageait. Après 6, 7, 8 ans en tant que joueur, je me suis dit pourquoi pas suivre la trace de Guy. Le coaching ça ne m’intéressait vraiment pas. Ça je le savais. Je l’ai fait parce qu’ils me l’ont demandé [NDLR : sur deux saisons 2020-2021 et 2021-2022]. Je l’ai fait pendant 2 ans.

Dans mon travail au quotidien, je ne pourrais pas avoir meilleur modèle que Guy Fournier. Ce qu’il a fait avec Thierry [Chaix, le président des Dragons de Rouen] est incroyable. Chaque jour j’apprends de lui. Globalement c’est un plaisir d’aller travailler. Tu restes dans l’ambiance hockey, c’est ce qui manque aux joueurs quand ils arrêtent. Nous faisons notre propre équipe. C’est un travail que j’adore et je m’investis.

Plan de Match : À Rouen, le hockey est une institution, mais une institution discrète. Combien avez-vous de partenaires ?

M-A Thinel : Pour être totalement transparent je n’ai pas la réponse. Il faut savoir qu’à Rouen, les partenaires sont gérés par un prestataire externe. Il gère les partenaires depuis de très nombreuses années. Il s’agit de Mark Events. Il gère même la relation avec la Matmut. La Matmut est notre partenaire historique. Même si la relation est gérée par notre prestataire, nous sommes très souvent en contact avec eux. Ils sont très impliqués dans la vie de la communauté. [Article des Echos, du 20 août 2019].

Plan de Match : Des partenaires historiques et une réussite sportive incroyable, quel est le secret ?

M-A Thinel : Il n’y a pas de secret, il y a une façon de faire. C’est la méthode de Thierry et Guy. Ils ont réussi à faire des Dragons une structure solide financièrement. Ensuite, même si on n’a pas le budget le plus important de la ligue [3.7M€ pour la saison 2023-2024], nous sommes très attentifs au recrutement. Nous sommes patients. Le recrutement fait tout. Nous savons quel joueur nous souhaitons.

Nous ne nous attachons pas uniquement au CV. Certes, le CV est important mais nous regardons l’humain, on s’informe beaucoup. Nous souhaitons savoir comment le joueur est hors glace pas uniquement sur la glace. Il nous faut un joueur qui soit heureux. C’est un savant mélange de CV et d’humain.

Nous sommes particulièrement aidés par le réseau extraordinaire de Guy Fournier. C’est une vraie aide pour nous. Après, ce n’est pas une science exacte. Il y a des années plus compliquées que d’autres. Une fois qu’un joueur est recruté, nous passons le relais à Fabrice et Anthony qui, eux, expliquent aux joueurs comment nous jouons à Rouen.

Plan de Match : Ces résultats amènent souvent à jouer la CHL, que peux-tu nous en dire ?

M-A Thinel : La CHL, c’est un tout autre niveau. C’est très, très professionnel et très organisé. Quand on participe à la CHL, notre été est très différent. Nous avons beaucoup de réunions avec les télévisions, les arbitres et les équipes adverses. Malgré nos résultats en France, au niveau européen nous sommes un petit poucet.

Quand les Dragons se déplacent, c’est en bus. Nos adversaires, eux, se déplacent en avion. Ce n’est pas le même monde, pas les mêmes budgets. Pour aller à Mannheim, nous y allons en bus. Les déplacements en Suède et en Suisse nous l’avons fait par la ligne régulière mais c’est très compliqué. Il nous manquait des sacs à l’arrivée. Les vols avaient du retard, les gars sont arrivés 4 à 5 heures plus tard que prévu… L’hôtel et le restaurant étaient fermés ! Et le déplacement est une vraie aventure. Nous avons eu un vol Paris – Stockholm puis un autre vol vers SKELLEFTEÅ. Pour aller à Genève, il n’y avait pas de vol direct alors le périple a été plus long. Skelleftea, Stockholm, Copenhague et enfin Genève. Pour le retour à Rouen, nous l’avons fait en bus.

Plan de Match : D’ailleurs, les Dragons ont un tout nouveau bus ?

M-A Thinel : Oui. Nous avons travaillé avec notre partenaire de longue date. Nous avons aidé à le financer. Nous devions changer de bus car la nouvelle ZFE à Rouen ne permettait plus à notre bus de rentrer dans Rouen. Il fallait trouver une solution.

Plan de Match : Chez Plan de Match on pose toujours une question sur les statistiques avancées, ton avis sur le sujet ?

M-A Thinel :  A Rouen, nous utilisons très peu les statistiques avancées. Il y a quelques années, nous avions un étudiant qui nous aidait sur le sujet. Cela demande du temps, un analyste et nous n’avons pas le budget pour ça. D’un point de vue personnel, je n’y crois pas vraiment. Si tu n’y crois pas, cela ne fonctionne pas. Je n’y crois pas et je n’ai pas le budget.