Un derby des Plaines à sens unique ?

Il ne se passe pas une année de Ligue Magnus sans que les Dragons de Rouen soient dans le Top-3 de la saison régulière, et si Amiens fut un sérieux concurrent pendant de nombreuses années, cette saison fut l’une des plus compliquées de leur histoire, puisqu’ils se seront qualifiés de justesse pour les playoffs, après un début de saison catastrophique. Malgré tout, les supporters des deux équipes pourront soutenir leurs joueurs au cours d’un premier tour de playoffs relativement exceptionnel : un derby.

ET UN, ET DEUX ET T… QUATRE ZERO.

Comme à chaque début de saison, nous effectuons un calcul statistique via notre modèle, qui nous permet d’avoir un aperçu de ce qu’il va se passer, et vis-à-vis des Gothiques, nous nous sommes bien trompés (nous sommes des matheux, pas des médiums). Nous les voyions à la 4e place du classement, avec 74 points, ils ont terminé 7e, avec 16 points de moins. Les Dragons, eux, sont de solides dauphins, comme nous l’avions prédit, avec une sur-performance de 15,91%, faisant évoluer leur projection initiale de 88 à 102 points.

Lors des affrontements directs , les Dragons ont tout simplement carbonisé les Gothiques. Sur les quatre matches de cette saison, aucune défaite pour les Normands. Si le premier match a pu sembler tendu, il n’est pas représentatif de la suite de la saison, puisque les rouennais ont marqué en moyenne 6 buts par match, contre 2,5 pour les amiénois. Afin de marquer ces buts, il faut cadrer des tirs, et là aussi, les Normands dominent, envoyant 41,25 fois le palet vers les filets de Gothiques ne parvenant à en renvoyer que 33,75.

Mais, rassurez vous, les Gothiques ne sont pas seconds en tout. Un point sur lequel ils devancent les Dragons est celui des pénalités, puisqu’ils ont fréquenté les prisons à 33 reprises (mineures et majeures confondues), contre 30 côté rouennais. Sur ces supériorités, la tendance se renverse à nouveau, et les normands repassent devant, scorant 8 buts en powerplay, contre 4 pour les samariens. Sur les engagements, c’est une égalité totale, puisque chaque équipe aura remporté 50% des engagements face à l’autre. Quant aux joueurs en eux-mêmes, le WinShares offensif moyen des Dragons est de 1,42, contre 0,69 côté Amiénois, et le défensif est de 1,94 pour Rouen, contre 1,2 chez les Gothiques.

Si l’on regarde la saison dans sa globalité, en mettant les deux équipes côte à côte, Rouen est plutôt intimidant.

QUELS JOUEURS SERONT CAPABLE DE FAIRE TOMBER SES ADVERSAIRES ?

En regardant en arrière sur les 44 matches de saison régulière, il peut être intéressant de s’attarder sur le Top-10 des meilleurs pointeurs de ces deux équipes. Une fois n’est pas coutume, 70% du classement est occupé par l’équipe favorite de ce derby. Chose intéressante, les deux premiers joueurs figurant sur ce top, sont aussi les deux premiers du classement général de Synerglace Ligue Magnus.

Afin de mesurer le danger que peut être un joueur pour l’équipe adverse, nous pouvons regarder le nombre de buts escomptés par match. Plus ce nombre est élevé, plus l’on s’attend à ce que, statistiquement, ce joueur trouve le fond des filets. Là encore, le classement est à majorité jaune et noir, et l’on retrouve toujours le même duo en tête : Beauchemin & Boivin, suivis toutefois de près par l’ancien angevin Danick Bouchard.

 Au niveau des chances de marquer, qui montrent le nombre de fois qu’un joueur peut concrétiser une offensive, en moyenne et par match, le constat est le même : les normands dominent. Si l’on regarde les chiffres de plus près, sur le top 10 des joueurs ayant le plus de chances de marquer par match, les Dragons disposent d’un total de 18,89 chances en moyenne par match, contre 10,41 pour les Gothiques, ce qui représente une différence d’un nombre presque égal à celui des amiénois.

Du côté rouennais, la ligne Boivin-Beauchemin-Mallet a fait des merveilles toute la saison, et nul doute qu’elle continuera de briller sur les séries éliminatoires. Aucune équipe n’a encore réussi à museler correctement cette ligne, qui représente à elle seule 196 points en saison régulière, ils seront donc un facteur de performance très important du côté des Normands.

Pour les Gothiques d’Amiens, le jeune Tomas Simonsen a continué sur sa lancée de l’année dernière en impressionnant tout autant. Il reste cependant jeune, et l’expérience sur un exercice tels que les playoffs est un atout non négligeable. Expérience que peut apporter le canadien Danick Bouchard, meilleur buteur de son équipe, sixième au classement général, qui nous a cependant habitué à être moins impactant sur les matches de séries éliminatoires.

Point important, Rouen est une équipe, de base, fatigante à jouer, et les stratégies de Mario Richer comprennent souvent du dump & chase, et donc énormément de travail, et énormément de fatigue.

LES GARDIENS : LE MUR SLOVENE CONTRE LE JEUNE SECOND

Dans les buts, il est un nom qui parle à tous les amateurs de hockey français : Matija Pintaric. Si ce dernier fut blessé longtemps cette saison, cela ne l’a pas empêché de performer sur chacune de ses présences, et il reste encore aujourd’hui aux yeux de beaucoup le meilleur gardien de la ligue. En face, Henri-Corentin Buysse étant blessé, Victor Bodin prend sa place pendant les playoffs. Le jeune gardien de 22 ans, qui évoluait à Cholet la saison passée, a su se faire une place, et a été plus qu’honorable sur bon nombre de ses matches.

Rappelons une fois encore que les données ci dessous sont des moyennes.

Sur le papier, Pintaric est tout simplement au dessus. Meilleur pourcentage d’arrêts en recevant plus de tirs cadrés, meilleur pourcentage sur les chances de marquer, meilleur WinShares, expérience plus grande. A voir comment se débrouillera le jeune gardien français, et s’il fera de la pression qui pèsera sur ses épaules son alliée, ou son ennemie.

Notre pronostic : Rouen en 5

Le modèle donne des probabilités de victoires en 4, 5, 6 ou 7 matchs :