Après une saison 2021-2022 couronnée de succès en Coupe de France comme en Ligue Magnus, les Ducs d’Angers sauront-ils continuer sur leur lancée et confirmer leurs ambitions ?

 

Depuis plusieurs années, et encore plus depuis leur arrivée au sein de leur nouvelle patinoire, « l’Iceparc », les Ducs d’Angers prétendent vouloir challenger les deux titans de Magnus que sont Grenoble et Rouen. Ce souhait est devenu réalité la saison dernière, puisqu’ils ont terminé leur saison au delà de leurs espérances en remportant la Coupe de France et en terminant deuxième de Ligue Magnus, play-offs et saison régulière confondus.

Le début de saison dernière de l’équipe fut marqué par l’arrivée de son nouveau coach Ethan Goldberg, qui dut composer avec une équipe montée par son prédécesseur, Brennan Sonne, ce dernier ayant décroché un poste d’entraîneur en WHL. Le même scénario se répète cette saison, le coach Goldberg ayant décidé de rompre son contrat peu de temps avant la reprise pour son équipe. C’est Mario Richer qui se retrouvera sur le banc des Ducs, retrouvant par la même occasion Philip Halley et Tommy Giroux, duo d’attaquants canadien avec qui il avait gagné deux fois la Coupe de France.

Beaucoup de changements pour cette saison avec le départ de 6 joueurs de l’effectif Angevin, gagnent-ils au change ? Projetés en troisième position avec 72 points la saison dernière par le modèle Magnus Corsi/Plan de Match. Nous retrouvons cette année les Ducs en tant que troisièmes du classement, une place à la hauteur de leurs ambitions, avec 85 points.

L’offensive Angevine, vers une surprenante usine à points ?

Pour confirmer cette projection, les Ducs devront s’appuyer sur une attaque solide, plus rentre dedans que la saison passée. Pour ce faire, les Angevins pourront compter sur le légendaire duo Halley/Giroux, ayant conclu leur saison régulière 2021-2022 avec respectivement 49 points (23B, 26A) et 52 points (19B, 33A). Ces derniers sont attendus au même niveau, si ce n’est supérieur, pour cette saison 2022-2023. Philippe Halley, projeté par le modèle Magnus Corsi/Plan de Match la saison dernière à 2,5WS s’il a terminé meilleur buteur de l’équipe en 2022, il risque d’avoir un sérieux concurrent au poste pour 2023. En effet, si le duo canadien reste une valeur sûre, la surprise de cette année nous vient lui aussi de la Belle Province.

Après deux saisons en Slovaquie a 36 (21B, 15A) et 25 points (11B, 14A), c’est vers Jonathan Charbonneau que nos regards se tournent. Si le parcours ne fait pas rêver de prime abord, l’attaquant de 28 ans fait partie des nouveaux arrivants de Magnus dont la projection est la plus impressionnante. Playmaker agile et habile sur la glace, il dispose d’une très bonne vision de jeu et est attendu avec pas moins de 52 points, soit 1.3 par match, pour un WS de 2.8, il se hisse en tête du top 5 des joueurs de l’équipe.

D’une constante à l’autre, la première équipe d’Anjou prolonge une fois de plus son joueur emblématique : Robin Gaborit. Joueur « star » dans une équipe dont il est la plus grosse constante temporelle, c’est pour une onzième saison consécutive que l’attaquant français a signé au club. Auteur du but qui sacra les ducs vainqueurs de la Coupe de France et de 30 points (19B, 11A) la saison dernière. Il est projeté à 30 points cette saison. Il pourra compter sur ses comparses français, celui-ci évoluant au sein du même escadron national : Téo Sarliève, Cédric Di Dio Balsamo, Marius Serer, Maurin Bouvet et Nicolas Ritz.

Dernier attaquant rescapé du mercato, Zack Torquato n’a pas atteint les objectifs attendus lors de la saison passée, titulaire de « seulement » 8 buts et 18 assistances, pour un total de 26 points. C’est toutefois lors des play-offs que le joueur canadien a pu faire parler son talent, auteur de 7 buts et 14 assistances, il fut couronné meilleur pointeur des séries éliminatoires. Pour cette année, le modèle Magnus Corsi/Plan de Match le projette à 37 points pour un WS de 1.2.

Tout dernier joueur annoncé par le staff des Ducs d’Angers, l’américain Cameron Brown nous arrive tout droit de la ligue danoise, après deux saisons à un point par match. Projeté en haut du classement de l’équipe, il est attendu à 49 points pour un WS de 2.5.

Afin de produire offensivement de façon dynamique, les attaquants (aussi bons soient-ils) doivent cependant pouvoir s’appuyer sur une défense solide et régulière.

Angers : une défense à toute épreuve

Malgré le départ du capitaine Patrick Coulombe, ainsi que de Connor Hardowa, Riley Guenther et Jerret Smith, la défense des Ducs se hisse en tête du championnat avec un WinShares moyen doublé par rapport à l’an passé, saison lors de laquelle l’effectif défensif figurait déjà dans le haut du classement. L’équipe pourra toujours compter sur Kévin Dusseau, l’assistant capitaine Vincent Llorca ainsi qu’Antonin Manavian, arrivé en cours de route l’année dernière, qui restent des valeurs sûres en terme de défense française.

Du côté étranger, Neil Manning prolonge l’aventure, après une saison régulière prolifique (22 points avec 3B, 19A) et des play-offs l’étant tout autant (12 points en 3B, 9A), et sera appuyé par deux nouvelles recrues de taille. Repêché en 2007 par les Coyotes de Phoenix (maintenant Arizona), Nick Ross est un défenseur mobile et offensif. Fort d’expériences sur plusieurs ligues américaines et européennes, il est attendu à plus d’un point par match. Ancien adversaire de ce dernier, Matt Prapavessis fera partie du mur angevin, et est projeté en tête de l’équipe par le modèle Magnus Corsi/Plan de Match, avec un WS de 3.7 et 41 points.

D’un point de vue statistique, le défenseur offensif de 31 ans nous promet une saison spectaculaire.

Des lignes paraissant donc, dans l’ensemble, très prometteuses, mais qu’en est-il du gardien ?

La saison passée, le cerbère Américano-canadien a terminé avec 91,7% d’arrêts en saison régulière, et 93,3% lors des séries éliminatoires, ce qui l’aura fait terminer à la 4e et 2e place du classement des meilleurs gardiens, faisant mentir la projection de la saison 2021-2022. S’appuyant sur ses statistiques passées, ses passages à Denver en NCAA étant plus jeune et en camp d’été cette année, ainsi que son jeune âge et donc sa marge de progression, notre modèle statistique a fait de lui une des pierres angulaires de cette saison 2022-2023, avec un WS de 3.7.

Il sera suppléé de Julian Barrier, qui a obtenu une moyenne de 91,5% d’arrêts lors de ses rares apparitions. En somme, une équipe angevine équilibrée, atteignant le top 3 sur ses lignes, portés par des joueurs à projections fortes, et un quintet de tête qui paraît, sur nos écrans en tout cas, plutôt impressionnants. Reste donc à savoir si tout se confirmera sur la glace, et si ce qui n’était autrefois qu’un rêve, et semblant se rapprocher peu à peu, peut devenir réalité pour les Ducs d’Angers.

Pour aller plus loin…
Les Ducs d’Angers se donnent les moyens de leurs ambitions

Le hockey Angevin s’est particulièrement bien développé sous l’ère de Mickaël Juret, notamment avec la nouvelle patinoire. Ses connexions avec le monde entrepreneurial et politique de l’Anjou ont permis de mettre en place une bonne organisation de hockey. Les Ducs devrait avoir un budget supérieur à 4M€ sur la saison 2022-2023. Ce budget qui est le second dans la ligue derrière Grenoble mais devant Rouen et Angers a pu être possible grâce à un travail de longue haleine pour vendre le hockey dans une région qui n’est pas historiquement une région de hockey. M. Juret a même évoqué jusqu’à 4.7M€ de budget se rapprochant encore des 5 millions d’euros des Brûleurs de loups.

Une masse salariale de l’équipe élite que nous projetons à 830 000 € brut chargée environ, la deuxième de France hors staff. Un budget déplacement de l’ordre de 120 000 € soit 33% supérieur à la moyenne de la ligue Magnus. Une subvention publique cumulée de l’ordre de 490 000€ pour la commune à laquelle s’ajoute une prestation de service (souvent de l’hospitalité) pour près de 169 000 €. Malgré tout cette subvention est en baisse de 100 000 €. Au cours du vote de cette subvention notons la déclaration d’un élu d’opposition dans Ouest France :

 « ce pognon de dingue » que le Ville met dans le hockey. « Après tout, pourquoi pas ? Cela peut être un projet de territoire. Mais pour cela, il est nécessaire d’œuvrer avec un partenaire qui a le respect de l’argent public. Cela ne semble pas être la priorité des Ducs d’Angers qui, depuis des années, socialisent leurs ambitions sportives et leur mauvaise gestion. C’est d’autant plus difficilement supportable que, depuis 2016, les Ducs sont une société anonyme à conseil d’administration. »

Chose plus étonnante, cette révélation faite par l’élu d’Aimer Angers, dont le groupe a voté contre cette subvention : « C’est d’autant plus troublant que la SA les Ducs d’Angers a profité de cette générosité pour rembourser, à la clôture de l’exercice, une créance de 97 048 € due à une société dirigée par un administrateur du club. Encore une fois, on se sert de l’argent public pour payer ses ardoises. »

Angers est une ville dynamique et sportive, plusieurs équipes parviennent à se hisser en élite dans leur sport et notamment le football. Cependant, certaines affaires et résultats sportifs ont détourné les sponsors de ce sport. Pour certains, ils se sont rabattus sur le hockey sur glace et M. Juret.

Toutefois, tout n’est pas rose à Angers. Tout d’abord, la formation pêche encore et ce doit être un axe de développement du club au cours des prochaines saisons. Les changements de coachs à la dernière minute peuvent poser question également. Au début de l’intersaison, nous avions eu vent de rumeur comme quoi le vestiaire n’adhérait pas au coach. De nombreux départs étaient alors évoqués, il n’en a rien été mais le coach est parti quelques semaines avant le début de la saison. Est-ce que le choix de Mario Richer sera payant ?

C’est une question centrale ici car ce coach qui est apprécié à Amiens ne fait pas forcément l’unanimité parmi les joueurs qu’il a coaché. C’est un véritable pari de la part du management, d’autant plus que le coach assistant patiente depuis de nombreuses années.

La CNSCG n’a plus de grief envers les Ducs d’Angers, cependant les comptes posent questions également. Des rumeurs sans fondement à cette heure évoquait des paiements en liquide pour les salaires des joueurs. Cela nous parait bien compliqué en 2022, mais soit. Ensuite, selon nos informations le club d’Angers était (est?) en contentieux avec près de huit anciens joueurs.

Un autre élément est à prendre en compte, il est politique. En effet, Mickaël Juret est proche de l’ancien maire d’Angers devenu ministre Christophe Béchu. Ce dernier a accompagné le club de hockey pour créer l’Ice Parc, a aidé à l’obtention de larges subventions. Mais, car il y a un mais. Depuis quelques temps, l’omniprésent président des Ducs d’Angers est l’objet de poursuite judiciaire pour harcèlement sexuel. Le dernier procès a été perdu mais ce n’est pas lui qui a été condamné mais sa société. Pourtant, cela est remonté aux oreilles du conseil municipal d’Angers. La presse locale s’en était fait l’écho : A Angers, comment le hockey sur glace fissure la majorité de Christophe Béchu, Ouest-France – 30 mars 2022.

A n’en pas douter, il faut que les Ducs d’Angers gagnent et vite. Il n’est pas certains que le ministre Béchu puisse tenir sa majorité encore longtemps dans le soutien au hockey sur glace.

Les Ducs d’Angers sont devenus une organisation solide dans le hockey élite en France et ce, grâce au travail de Mickaël Juret et son organisation. Il est possible qu’au-delà de la glace, les premières fissures apparaissent. La seule vérité qui compte, c’est celle du glaçon. Pour le moment, avec les déboires des Dragons de Rouen, Angers a amélioré sa projection initiale et est désormais projeté deuxième comme vous pouvez le voir ci-dessous.