Le processus a été long et complexe avec de nombreux échanges entre les clubs et la fédération mais il a abouti. Fanseat ne sera plus le diffuseur du hockey français à partir de la saison 2024-2025. Sportway prendra la relève, Plan de Match a enquêté.

Le nouvel opérateur a été présenté aux présidents de ligue Magnus dans les derniers jours du mois de mars. Le nom a filtré auprès de plusieurs observateurs au cours du week-end pascal. De notre côté nous avons confirmé auprès de plusieurs sources la véracité de l’information qui s’est révélée être correcte. Comme l’ont annoncé les Balayeurs en début de semaine, le nouvel opérateur pour les quatre prochaines années est bien Sportway.

Au cours d’une sélection de plusieurs mois, en plusieurs étapes c’est l’entreprise suédoise qui a remporté l’appel d’offre de la fédération française de hockey sur glace. Sportway s’est imposé en finale face à Fanseat. Au-delà du nom, nous souhaitions faire un état des lieux précis des prestations et possibilité du nouveau contrat. Quelles sont les marges de manœuvre des clubs ? Quels sont les revenus espérés par la FFHG ? Plan de Match a enquêté et vous livre toutes les informations possibles.

 

 

Genèse d’un appel d’offre crucial pour le hockey français

Dès l’accession à la Présidence de Pierre-Yves Gerbeau, nous l’avions interrogé sur ce contrat avec Fanseat. Nous lui faisions part du mécontentement des fans de hockey. Le président avait alors une position très claire : nous irons au bout du contrat. Nous organiserons un appel d’offre pour trouver le meilleur opérateur possible.

L’appel d’offre a été lancé en début de saison 2023-2024, nous apprenions très vite que de nombreuses candidatures avaient été envoyées à la fédération. En début d’année 2024, nous savions que 6 candidats avaient été short-listés. Nous avons alors mené l’enquête pour connaitre les noms de ces candidats. Nous sommes en mesure de vous révéler les candidats qui avaient été présélectionné.

Tout d’abord, Sportall qui est un acteur français basé à Allauch près de Marseille. Cet opérateur est spécialisé en futsal, rugby ou encore le water-polo. La candidature n’a pas été retenue car la production était peu qualitative et incomplète selon la FFHG. Par ailleurs, les revenus estimés des paris était considéré comme faible.

Un autre candidat, bien connu dans le monde du hockey sur glace a été recalé, il s’agit ni plus ni moins de Infront. En effet, la société Suisse est le partenaire audiovisuel de l’IIHF depuis de très nombreuses années. Les championnats du monde sont produits par Infront par exemple. Il s’agissait probablement d’une candidature test puisque Infront s’est retiré dès lors que les questions précises sur la production se sont présentées à eux.

Ensuite, un partenariat Ringier / Red+ qui allie la technologie et la force d’un groupe de presse puissant. Ringier est un groupe de médias Suisse en lien avec le puissant groupe allemand Alex Springer. Par ailleurs, ils sont également propriétaire d’un site très connu en suite alémanique et romande Blick. Ils se sont retirés pour la couverture de la ligue Magnus, ils seraient ouverts pour couvrir d’autres divisions.

Le troisième prestataire sur cette short-list, Champ’s, un opérateur français basé dans les Yvelines. Il n’a pas eu les faveurs du consultant de la FFHG (Arnaud Michel) car la prestation présentée ne semblait pas être suffisamment qualitative pour la ligue Magnus. Dès lors, il ne restait que deux opérateurs à savoir SpringMedia et Sportway.

Une finale aux accents suédois.

Les deux finalistes sont des groupes dont les racines se trouvent en Suède, pays de hockey s’il en est SpringMedia détient la société Fanseat, bien connue des fans de hockey en France.

Est-ce que cette finale a orienté le choix final ? Peut-être. Il eût été compliqué d’expliquer aux fans la reconduite d’un produit qui n’a pas donné satisfaction. D’ailleurs, nous pouvons nous interroger sur la non communication d’un état des lieux précis des années Fanseat. Selon nos informations, il n’y a eu aucun rapport sur les avantages et inconvénients (nombreux) de la production de Fanseat. Au début de l’aventure Fanseat, nous avions estimer le nombre d’abonnés entre 3 000 et 4000. Il semblerait que ce soit la base qui ait été retenue pour construire les offres, sans avoir de confirmation officielle de la part de l’opérateur.

Dès lors, les demandes de la fédération se découpaient en plusieurs blocs. En premier lieu, le bloc production qui inclut les éléments suivants :

  • Production de tous les matchs dans les patinoires équipées
  • Prise en charge de 27 matchs par saison au standard TV

Cela signifie que Sportway devra s’associer à une chaîne de télévision pour produire les matchs. Peut-être avec Sport en France pour la Magnus et les Equipes de France.

  • La production de 50 matchs en qualité premium en lien avec les clubs.
  • La prise en charge de la VAR
  • La possibilité de mettre en place des commentaires avec des commentateurs bénévoles.

L’opérateur Sportway utilise une seule caméra pour filmer toute la patinoire, en plein centre. L’IA « zoom » sur le jeu. Au cours de notre enquête, nous avons trouvé un exemple. Voici à quoi pourrait ressembler la production Sportway la saison prochaine.

Une offre OTT de qualité par Sportway ?

La plateforme OTT de Sportway devrait être de bien meilleure qualité que celle de Fanseat, même si beaucoup s’interroge déjà sur les infrastructures des patinoires. En effet, c’est un élément clé quant à la qualité des images mais en dehors des prérogatives de Sportway et de la FFHG. L’offre comprend une application mobile et un site internet en marque blanche.

Pour pouvoir accéder via un ordinateur aux diffusions, l’opérateur devrait créer un lien qui pourrait être le suivant : ffhg.livearenasports.com/sw/home, par ailleurs un partage des revenus est convenu entre l’opérateur et la fédération. Selon nos informations, le partage des revenus est de l’ordre de 70/30 pour Sportway.

Nous avons eu l’occasion de nous renseigner sur la qualité de Sportway auprès d’utilisateurs dans d’autres ligues. Le retour que nous avons eu est sans équivoque « c’est une excellente nouvelle pour le hockey français ! ». En effet, l’offre n’est pas uniquement à destination des spectateurs mais également des équipes. Chaque équipe et chaque joueur pourrait avoir accès à un portail dédié pour revoir les matchs et les statistiques.

 

 

« c’est une excellente nouvelle pour le hockey français ! » – utilisateur de la plateforme Sportway dans une ligue à l’étranger

 

Quels sont les chiffres clés de ce nouveau contrat ?

L’objectif de cet appel d’offre pour la FFHG était double, proposer une diffusion de qualité à l’ensemble des fans de hockey et maximiser son revenu. Revenu partagé entre les abonnés et les paris. A ce jour, les paris sur la ligue Magnus en France rapportent bon an, mal an environ 50 000 €. La proposition de Sportway estime que ces revenus en provenance d’Europe et d’Asie serait de l’ordre de 165 000 €, plus de trois fois les revenus générés en France.

Par ailleurs, Sportway souhaiterait un deal sur six ans mais la fédération qui propose initialement un deal de quatre ans se positionnerait sur un contrat de 5 ans. Ce contrat pourrait générer des revenus de l’ordre de 370 000 € par an sur 4 ans et ce dès la première année.

Ce montant n’est pas négligeable c’est supérieur à une année de stage d’une des équipes de France qui est estimé à un peu plus de 250 000 €.

 

 

Et les clubs dans tout ça ?

 

La fédération ouvre la porte aux clubs pour qu’ils investissent dans la production d’image aux côtés de Sportway. La pyramide se décline ainsi, Sportway apporte la technologie, la FFHG réinvestit les revenus et les clubs peuvent « upgrader » les matchs. Ces upgrades doivent intervenir en bonne intelligence avec Sportway et dans un cadre précis. Les éléments importants sont que les droits sont centralisés, les clubs doivent respecter les différents cahiers des charges. Ce qui est proposé aux clubs est d’ajouter une caméra non automatisé dont le coût est évalué entre quatre et cinq mille euros. L’ajout de cette caméra complémentaire doit se faire en lien avec l’intelligence artificielle. Cela a un coût qui est estimé à deux mille euros par match. Enfin, l’objectif est d’investir auprès d’un diffuseur dans la production. Les clubs sont également incités à professionnaliser les commentaires de la Magnus.

 

En conclusion, Sportway l’a emporté par la qualité de sa production, la mauvaise expérience Fanseat et les sources de revenus plus équilibré. Ils offrent également un partage des revenus dès la première année. C’est un secret pour personne que la FFHG a besoin de financement pour son développement avec des échéances très importantes d’ici la fin de la décennie. Nous estimons que le nombre d’abonnés pourrait être initialement de trois à cinq mille. En comparaison des offres proposées dans les autres pays l’offre au consommateur devrait être entre 10€ et 15€ par mois.

Ce contrat semble plus équilibré que celui de Fanseat, cependant il soulève de nombreuses questions auxquelles nous tenterons de répondre au cours des prochains mois. Fanseat est mort, vive Sportway ! L’autre bataille désormais qui attends la fédération est le naming de sa ligue élite puisque le contrat Synerglace se termine à la fin de cette saison 2024. Une autre enquête nous attend.