A l’issue du match de préparation entre les Boxers de Bordeaux et les Pioneers d’Utica College (NCAA III), le coach Bordelais Olivier Dimet nous a accordé un peu de son temps pour évoquer la saison des Boxers, leur stage au pays du hockey ainsi que sa double casquette avec l’équipe de France U20. Il évoque également les objectifs long terme des Boxers et de l’équipe de France.

 

 

UN RYTHME DE CROISIERE A TROUVER

 

Olivier, tu es le deuxième coach des Boxers, après Philippe Bozon, à avoir une double casquette entre Bordeaux et l’équipe de France (U20 cette fois). Être à la tête d’une équipe de France c’était un objectif pour toi ?

Effectivement, quand on est entraîneur, on a toujours envie d’aller vers l’excellence et les équipes de France c’est le très haut niveau. Je dirais que quand l’opportunité s’est présentée, je n’ai pas hésité. C’est un honneur et une fierté d’avoir été choisi pour ce poste. Mais avant toute chose, il fallait s’assurer que cela soit compatible avec ma casquette de coach des Boxers. Et en cela, je remercie Stéphan Tartari et Thierry Parienty qui me permettent de vivre cette expérience en me mettant à disposition pour l’Equipe de France U20.

C’est viable cette double vie ? Les plannings ne sont pas trop chargés ?

C’est tout nouveau, j’en suis qu’au début et j’ai bien pris conscience de la charge de travail supplémentaire. Je vais devoir organiser mon emploi du temps consacré à chacune de ces missions. L’arrivée de Rémi Péronnard comme adjoint à Bordeaux était une des conditions nécessaires pour que je puisse avoir cette double casquette. Il va falloir que je trouve mon rythme de croisière. On n’est qu’au mois d’Août, en pleine préparation et il a déjà fallu partager mon emploi du temps entre la reprise avec les Boxers et le tournoi U20 avec l’équipe de France en Suède. Dans l’ensemble, ça s’est bien passé, on va tout faire pour que ça continue ainsi en fonctionnant de la meilleure des façons.

Un emploi du temps partagé déjà impacté dès la préparation… Comment s’est déroulée cette préparation avec les Boxers ?

C’est vrai que c’était un peu particulier. Ma nomination par la fédération s’est faite fin juin et côté Boxers, nous avions déjà pris un engagement au Canada pour notre camp d’entraînement afin de préparer le début de saison. Comme je l’ai déjà dit, c’est grâce à la mise à disposition et à la compréhension de Thierry et Stéphan que j’ai pu enchaîner les deux missions. J’ai commencé le camp d’entraînement au Canada pour lancer la saison et introduire Rémi. 5 jours après, je suis parti en Suède rejoindre les Bleuets, qui avaient commencé le stage la semaine précédente avec Eric Blais et Kevin Da Costa.

Au Canada, le groupe a très bien vécu, le bilan du camp d’entraînement est très positif. Mais comme on l’avait dit, c’était avant toute chose un stage de cohésion pour intégrer les nouveaux, intégrer Rémi au sein du collectif et retrouver des sensations. On a pu profiter de « skills » coachs et de 3 rencontres durant cette préparation à Montréal et Québec !

Avec les Boxers tu as pu bâtir un effectif en fonction de tes besoins pour chaque poste tandis qu’en équipe de France tu vas devoir faire en fonction des aptitudes des meilleurs joueurs à disposition. Est-ce qu’intellectuellement cette adaptation n’est pas trop compliquée pour switcher ?

Non, je pense qu’il faut séparer les deux choses, c’est une approche différente. En club, c’est un travail quotidien. Durant l’intersaison, avec Stéphan on a travaillé pour réfléchir à comment on pouvait améliorer l’équipe de la saison passée. Aujourd’hui, on est satisfait de ce qu’on voit, les recrues se sont rapidement intégrées et montrent le bon état d’esprit. On veut que ces joueurs-là se fondent rapidement dans le collectif.

En sélection, on va se regrouper trois fois dans la saison. Le premier stage était là pour faire une revue d’effectif, pour faire connaissance, et que je m’imprègne de cette identité, de cette philosophie de jeu. A partir de là, on choisira des joueurs qui collent à l’identité de l’Equipe de France. A nous de faire les bons choix pour avoir la meilleure équipe possible, afin d’être performant aux championnats du monde.

LA JEUNESSE ET LA FORMATION DANS SON ADN
Pour parler du style de jeu maintenant entre l’équipe de France U20 et les Boxers, est-ce qu’il va y avoir des similitudes ?

La philosophie de jeu de l’équipe de France est déclinée des seniors aux U16. C’est Yorick Treille qui la met en place avec Eric Blais qui en est le garant en tant que manager de la performance. De notre côté aux Boxers, on va essayer de garder la même identité que l’année passée et être dans la continuité de ce qu’on a pu faire. L’humain sera toujours au cœur du projet.

En parlant des U20, il y a aussi les Boxers U20. Est-ce que sur le même modèle que l’équipe de France, on va essayer de calquer une même philosophie de jeu sur toutes les catégories à Bordeaux ?

En toute franchise, cette année s’annonce difficile pour les U18 et les U20 Bordelais. Avec le changement de format au niveau du championnat, beaucoup de jeunes à qui on avait donné la possibilité de s’entraîner et faire quelques piges avec les séniors sont partis puisqu’on se retrouve dans un championnat secondaire. A partir de là, malheureusement ça va être difficile de décliner notre philosophie de jeu dans chaque catégorie. On a un lien important avec le mineur et on sait que sans jeunes, à un moment donné, ça va devenir difficile. Il y a un travail commun et un échange régulier entre le pro et le mineur pour faire évoluer les choses dans la bonne direction.

Bordeaux s’est rajeuni, Bordeaux aime bien les jeunes français, tu es promu coach de l’équipe de France U20, … Est-ce que ça va aider les Boxers à aller recruter des jeunes talents français ?

Si on regarde en arrière, c’est dans mon ADN de prôner la formation. J’ai toujours eu à cœur de former et développer les jeunes au sein de mes équipes. On verra ce que nous prédit l’avenir, mais je ne vais pas changer d’état d’esprit, de philosophie. Je n’ai pas attendu d’être entraineur de l’Equipe de France pour apporter de la jeunesse à mes équipes. C’est une histoire de transmission, de passation. On a besoin des jeunes pour le futur, donc je vais continuer avec cette philosophie là.

Rémi Péronnard est arrivé cet été en tant qu’assistant coach, un poste qui sera encore plus important cette année chez les Boxers, avec une confiance peut-être encore plus grande que ce qu’elle n’a pu être par le passé à Bordeaux de par ton nouveau rôle chez les Bleuets ?

Aujourd’hui, le club évolue et progresse. Avoir un adjoint à plein temps était devenu indispensable si on voulait continuer à grandir en tant qu’équipe et en tant que club, et cela, indépendamment de ma nomination avec l’équipe de France U20. C’est sûr que Rémi c’est quelqu’un que je connais depuis 30 ans et en qui j’ai confiance. Il vient à Bordeaux pour m’épauler et me seconder quand je m’absenterai pour les regroupements des U20.

L’intégration de Rémi justement, vous avez eu le temps de la faire au Québec et vous avez l’avantage de vous connaître depuis longtemps. J’imagine que ça a facilité les choses ?

On est dans la continuité du travail mis en place depuis plusieurs saisons avec le staff sportif. Rémi s’imprègne des valeurs, de l’identité et des schémas de jeu qu’on veut pour cette nouvelle équipe des Boxers. Cela se fait naturellement et d’autant plus facilement que je connais bien la personne effectivement. Maintenant, on va rentrer vraiment dans le vif du sujet avec ce retour en France. A partir d’aujourd’hui on a trois semaines pour préparer le collectif en vue du premier match du championnat le 13 septembre.

Le stage au Québec était donc visiblement axé sur la cohésion. Est-ce que le groupe vit bien, comme l’année dernière ? Tu sens déjà des choses qui émergent, une émulsion qui se dégage ?

Comme dit avant, on est dans la continuité de la saison passée, il n’y a pas eu une cassure avec un gros changement. On n’a changé que 6 joueurs. C’est une nouvelle saison, donc le début d’une nouvelle aventure, mais dans la continuité de ce que l’on a fait par le passé. L’intégration des nouveaux s’est faite d’une grande facilité de par leur état d’esprit mais aussi grâce au groupe qui est exceptionnel et ça fait que la chimie a pris tout de suite. En vivant 24/24 ensemble, c’était beaucoup plus facile, mais là-dessus on n’avait aucun doute.

Maintenant, cette opportunité de faire un camp d’entraînement au pays du hockey, c’est quand même exceptionnel. On a vu que les gars avaient des étoiles dans les yeux, on a fait de belles rencontres. Quand on écoute Patrick Roy nous parler de son expérience et de sa carrière, c’est un privilège. C’était important pour nous de profiter pleinement du moment présent, tout en travaillant sérieusement. Franchement, on est très satisfaits de cette expérience et j’espère que cela nous servira durant la saison.

Grâce à cette opportunité de mettre les joueurs en jambes un peu plus tôt, avec des infrastructures de premier choix, est-ce que tu sens que l’équipe commence mieux la préparation qu’à l’habitude ? Tu sens les joueurs plus frais physiquement, plus à l’aise techniquement, mieux entretenu ?

C’est sûr que par rapport aux années précédentes, on a commencé presque 10 jours avant. C’est un plus dans notre programmation de profiter d’installations d’aussi bonne qualité. Chaque année est différente, mais on va se servir de cette expérience là tout au long de la saison pour grandir en tant qu’équipe. Maintenant, on est là pour travailler et comme je l’ai dit, le travail collectif va commencer à partir de cette fin de semaine. On a trois semaines pour préparer notre premier match de championnat face à Marseille, qui lancera notre saison officiellement.

Est-ce que donc le fait d’être prêt un peu plus tôt qu’à l’accoutumée, là où le début de saison n’était pas forcément le fort de Boxers jusque-là, peut aider Bordeaux ?

Il n’y a pas de vérité. Une année, je crois qu’on a gagné cinq matchs sur six et l’année dernière, on a eu un peu moins de réussite. Notre premier avantage, c’est surtout que l’effectif est resté à 90% le même et qu’aujourd’hui, les joueurs se connaissent, connaissent le système de jeu. A partir de là, on peut commencer à travailler là-dessus. Comme je l’ai dit aux joueurs, ce que je veux c’est qu’on reparte où on en était le jour de la finale et pas qu’on reparte six mois en arrière. Je veux qu’on ait un niveau d’exigence plus élevé qui nous permette de progresser et de franchir des paliers à chaque match.

Mathieu Pompéi était blessé pour le match contre Utica (NCAA lll). Est-ce qu’on a des petits bobos qui traînent, peut-être dus au stage ?

Mathieu Pompéi s’est fait opérer durant l’intersaison par rapport à sa blessure qu’il avait au bas du corps. C’était prévu qu’il ne joue pas le match puisqu’il est en phase de reprise et il entrera progressivement dans le collectif d’ici début Septembre. On va toucher du bois, mais actuellement, il n’y a pas de blessure. On a fait une reprise progressive pour que les joueurs retrouvent leurs sensations. On va rentrer dans une deuxième phase de préparation où on va tirer un petit peu plus sur les organismes physiquement. Mais aujourd’hui, les joueurs sont professionnels et ils sont prêts à endurer cette charge de travail sans oublier que notre premier objectif aujourd’hui, c’est le match du 13 Septembre face à Marseille. On ne regarde pas plus loin que ce match-là.

Pour finir, on va parler des objectifs à long terme de ces deux équipes que tu diriges : quels sont-ils ?

En ce qui concerne Bordeaux, on sait qu’après la saison exceptionnelle qu’on a vécue, on va être attendus. On veut continuer à grandir et offrir à court ou moyen terme un premier trophée au club et à nos supporters. Le championnat va être encore plus compétitif. Toutes les équipes se sont bien renforcées durant l’intersaison et le Top 3 (Rouen, Grenoble et Angers) reste favori. On va essayer de les challenger et de faire une saison aussi belle que la saison passée en restant un outsider ambitieux. Pour l’Equipe de France, le premier objectif va être de constituer une équipe solidaire et unie la plus compétitive possible pour le mondial. On jouera match après match avec l’objectif de se maintenir le plus rapidement possible.