À Paris, lors de la journée média organisée par le CNOSF autour des équipes de France olympiques, le directeur technique national de la Fédération Française de Hockey sur Glace s’est exprimé avec franchise sur l’état du hockey français et sur la préparation des Bleus pour les Jeux de Milan-Cortina 2026. Derrière les objectifs sportifs, c’est une vision globale qu’il a partagée : construire un projet durable qui dépasse largement l’échéance olympique.

Du gazon à la glace : un pari audacieux

Quand Antoine François franchit la porte du siège de la Fédération Française de Hockey sur Glace (FFHG) en février 2025, ce n’est pas un simple changement de poste. C’est une incarnation d’un pari : celui d’un homme qui, après près de vingt ans façonnés au sein de la Fédération Française de Hockey sur Gazon (FFH), accepte de s’aventurer dans un univers voisin mais distinct — le hockey sur glace — avec la ferme intention d’y appliquer ce qu’il a appris, transformé, mis en œuvre.

Un constructeur de filières

À la FFH, François avait gravi les échelons : cadre, responsable du pôle France, manager de l’équipe nationale masculine de hockey sur gazon. Son profil : polyvalent, opérationnel, conscient des réalités de terrain et des contraintes structurelles. Il connaissait la gestion des clubs, des jeunes, des parcours de haut niveau, mais aussi la nécessité d’équilibrer performance et développement. Cette expérience forme la base sur laquelle il va désormais bâtir à la FFHG.

« Milan 2026 ne doit pas être une parenthèse »

Lorsque la fédération du hockey sur glace lui confie, à compter du 20 juin 2025, la direction technique nationale par intérim, c’est parce qu’elle cherche plus qu’un technicien : elle veut un bâtisseur. Dans notre interview lors de la présentation des équipes de France olympiques, organisée par le CNOSF, il commence par rappeler cette ambition : Milan-Cortina 2026 ne doit pas être un simple rendez-vous, mais un tournant. Il affirme que « les Jeux sont un moteur. Ils doivent nous aider à accélérer, à structurer, à faire progresser notre sport. Ce n’est pas une parenthèse. » Le message est limpide : il ne s’agit pas d’un feu de paille, mais d’un projet long terme.

La continuité comme méthode

L’analogie avec son passé est forte. À la FFH, François avait travaillé à l’horizon : structurer les jeunes, sortir des statistiques ponctuelles, mettre en place des filières. Désormais, à la FFHG, il s’agit d’un chantier de transformation : aider le hockey sur glace à se hisser, à sortir de l’ombre, à s’organiser. Il le dit lui-même : « Une qualification olympique se prépare bien avant le tournoi. Cela implique de la cohérence, des priorités et de la continuité. »

Clubs, infrastructures et réalité du terrain

Cette phrase pourrait résumer son fil rouge : celui d’un chronomètre long. Le passage d’un sport à l’autre ne change pas la logique : il faut un socle, des acteurs, des structures. François sait que les clubs sont le point d’ancrage. Il sait que sans bases solides, pas de performance durable. Et c’est précisément là qu’il veut agir : clubs, infrastructures, cadences, formation. Il évoque le manque de patinoires modernes, de créneaux libres, de soutien aux clubs — tout cela limite l’essor du hockey sur glace. C’est le terrain qu’il a déjà couvert au hockey sur gazon, et il revient avec cette compréhension.

Un homme de transition, à un moment charnière

Mais son histoire, ce n’est pas seulement celle d’un passage de l’herbe à la glace. C’est aussi celle d’un homme qui choisit cette mission à un moment crucial. La France va tourner ses regards vers Milan 2026, et la FFHG veut en faire plus que la présence d’une équipe : une vraie vitrine, un levier national. François capte cela. Il parle de l’équipe de France comme « notre vitrine » qui doit donner envie. Ce vocabulaire renvoie à sa vision : il ne s’agit pas uniquement de gagner, mais de faire grandir le sport dans le pays.

Préparer l’héritage, pas seulement le résultat

Et pourtant, il n’oublie pas le pragmatisme. Dans son parcours, il a appris à composer avec le budget, la géographie, les territoires, la réalité des clubs amateurs. Il ne promet pas une métamorphose immédiate, mais un cap. Il refuse que Milan soit la destination finale. Il dit : « Notre ambition va au-delà de 2026. Ce que nous construisons aujourd’hui appartient à la génération suivante. »

En regardant l’interview, on comprend que l’entretien ne se limite pas à un calendrier ou à des objectifs chiffrés. Il s’agit de raconter une histoire de transformation, et Antoine François en est l’acteur principal. Le hockey sur glace français ne cherche plus uniquement à exister : il veut se structurer, se pérenniser, monter en puissance. Et le choix de François à la tête technique reflète ce changement d’ambition.