Avec un bilan de 18-5-3, une série de 7 victoires de suite avant la débâcle face à Colorado, et même 12 parties remportées sur les 13 dernières, les Rangers commencent à être vus un peu différemment. Actuels premier de la division métropolitaine, 2e de la conférence, les Blueshirts n’étaient plus habitués à se retrouver à pareille fête depuis quelques saisons. Entre emballement et mesure, les analyses vont bon train. Tentons d’y voir plus clair de notre côté. 

Un départ pas si canon 

Avec seulement 2 défaites lors des 10 derniers matchs, à Toronto, puis face à Colorado mercredi soir, Les NY Rangers sont dans une belle dynamique. Après un début de mois de novembre compliqué, avec 3 défaites en déplacement dans l’ouest canadien, et une victoire retentissante face aux invaincus Panthers de Floride, Gérard Gallant déplore la manière en conférence de presse, content du score, mais pas du tout du contenu, insistant sur le fait que ce n’était « pas comme ça que l’on jouait au hockey ». Il a donc profité de la petite semaine de battement après le match, pour organiser un mini camp d’entraînement pour remettre de la structure dans son équipe. 

 

 

 

La suite on la connaît. C’est un bilan de 11-2, des victoires contre les rivaux des Devils, Sabres (x2), Islanders, Bruins, Habs, et Flyers, ainsi qu’une double victoire contre les Blackhawks, dont une en back-to-back après avoir battu les Sharks de San José. Pour autant, le sentiment de plénitude n’est pas général. Si les chiffres récents montrent beaucoup d’amélioration dans la maîtrise du palet, et des occasions créées et subies, les moyennes globales sont encore insuffisantes, et parfois parmi les pires équipes de la ligue. 

Des statistiques médiocres 

Au niveau des données empiriques depuis le début de saison, la bande à Gérard Gallant ne fait pas partie (encore) des meilleurs élèves. Tout d’abord, quelle est la place des NYR dans la ligue des équipes qui avait un différentiel positif entre les tirs tentés et les tirs réussis ?

Selon ce graphique de @Moneypuck, ils subissent 58.95 tirs au total par tranche de 60 minutes, n’en donnant que 49.95 dans le même temps. Ils sont donc dans un wagon d’équipes soit en difficulté (NY Isles), ou un peu justes.

Sur les tirs au total tentés (Corsi – CF%), seuls les Senators d’Ottawa font pire en NHL, avec 44.9% pour le site Natural Stat Trick, alors que les Rangers sont à 45.56%. Une domination adverse donc, et si la deuxième moitié de ces premiers matchs est plutôt de nature à remonter ces chiffres vers des standards plus conformes à une équipe de séries éliminatoires, l’entame pèse encore et toujours dans les bilans et autres analyses « chiffrées ».

Les signes encourageants résident dans l’efficacité dans les zones de vérité. Avec un taux de buts anticipés à 44.56%, ils sont 23e de la ligue et remontent la pente. Il faut aller vers la 11e place pour y trouver des premières data supérieurs à 50% et le début de saison a clairement handicapé les Rangers à ce niveau.

Mais pour mesurer clairement si une équipe est en sous régime, ou si au contraire elle sur performe, le POD reste la donnée la plus à même de nous aider. Additionnant le taux de sauvetage des gardiens et le taux de conversion des occasions devant le but, un POD à 100 est dit « normal ». Au-dessus, l’équipe est en réussite, en-dessous, elle en manque.

Avec 101.3, le POD des NYR est donc clairement au-dessus de la « moyenne ». Il n’est malgré tout que le 7e POD de la ligue. Au niveau de ses variables, le taux de conversion des tirs est de 8.58%, et le taux d’arrêts de 92.73%. Alors avec le début de saison d’Igor Shestyorkin et ses 93.9% d’arrêts, le chiffre est dévalué par Alex Georgiev qui est toujours à moins de 90% d’arrêts malgré ses bons derniers matchs qui lui permettent d’améliorer ses chiffres.

Comment les Rangers réussissent ?

Du coup, ce qui aide les Rangers à bien se comporter dans les résultats sont clairement les performances d’Igor Shestyorkin dans l’ensemble, ainsi qu’un autre secteur, les unités spéciales. 7e jeu de puissance de la NHL avec 24.7% de réussite (source : site officiel de la NHL), mais aussi le 6e jeu en infériorité numérique avec 83.5%.

Les Rangers sont donc bons dans les deux sens de la glace dans ces conditions-là, et les additions de certains joueurs plus physiques n’y est sans doute pas étranger, pour la partie défensive. Pour ce qui est du Powerplay, on voit cette année que Gérard Gallant utilise plus les jeunes, et des Alexis Lafrenière, Filip Chytil et même Nils Lundkvist voient plus la glace en supériorité.

« Laf » avait joué 71 minutes de PP en 56 matchs l’an passé, et il en est déjà à 41 minutes en 28 matchs.  Filip Chytil avait joué 26 minutes en 42 matchs, il en est à 29 mn en 23 matchs cette année. Et ce avec une équipe qui passe globalement 25% de moins de temps en supériorité que l’an passé.

Il est donc assuré que ce secteur fonctionne bien et que ça, plus les performances de Shesty, sont clairement les points forts de l’équipe à ce stade de la saison.

Toutefois, est ce qu’il est pertinent de réduire les résultats de l’équipe à ces deux paramètres ? Pas certain. On voit par exemple qu’Alex Georgiev a malgré tout 5 victoires en 8 départs malgré un taux d’arrêts pas spécialement réjouissant. Il fait d’ailleurs partie des gardiens remplaçants avec le plus de victoires de la ligue, comme montré ci-dessous (source NHL.com). Pour une équipe qui vit et survit uniquement grâce à Shestyorkin.

Comment aborder la suite ?

L’équipe évolue clairement dans le jeu. Ci-dessous, un graphique (source @hockeyviz) montrant toutes les équipes de la ligue sur les buts anticipés. Début novembre, les Rangers étaient ostensiblement la pire équipe de la ligue.

Quelques semaines plus tard, même si ce n’est pas encore la panacée, l’équipe entre dans le peloton de chasse et se rapproche de la moyenne de la ligue.

Alors du coup, que fait-on de tout ça ? Comme d’habitude, la vérité est au milieu. Oui clairement les NY Rangers n’en seraient pas là si Igor Shestyorkin ne jouait pas à ce niveau, si Chris Kreider ne marquait pas autant en supériorité numérique, si Artemi Panarin était dans une geôle à Moscou, ou si Adam Fox avait signé un contrat en Caroline.

Le début de saison était clairement dans cette veine-là, mais depuis le fameux hold-up contre les Panthers, les chiffres augmentent, les Rangers ne sont plus ultra dominés comme en octobre, et la différence dans le contenu est majeure.

Alors oui, peut être que ce n’est pas encore assez pour en faire un réel favori, là c’est assez évident. Mais si le chemin est long, qu’il faudra faire avec de potentielles blessures importantes, et surtout faire en sorte que les jeunes soient plus productifs, non les New York Rangers ne sont pas si binaires.

Les matchs d’Alex Georgiev depuis la blessure d’Igor Shestyorkin montrent que le remplacement peut être parfois efficace si le gardien russe a la possibilité d’enchaîner. Peut-être que le cadre défensif fourni lui permet de ne pas couler l’équipe. Tout n’est pas parfait évidemment, mais on ne peut pas dire que les pensionnaires du MSG dépendent uniquement des performances de quelques stars.

Elles ont évidemment leur importance, mais on oublie aussi que Mika Zibanejad est un peu muet depuis une dizaine de matchs, à l’exception de son but à Buffalo vendredi soir. A. Panarin et C. Kreider sont ultra présents pour compenser, le suédois a malgré tout prouvé l’an passé qu’il savait prendre feu au bout d’un moment.

Les NY Rangers paraissent donc sur le bon chemin, mais sont loin d’être arrivés. Ils ne sont malgré tout pas unidimensionnels non plus.