Depuis près d’un an et demi, nous suivons de près l’équipe de France féminine dans sa quête de jeux olympiques, nous y sommes. Dans quelques heures, la France débutera son TQO à Lulea en Suède. Nous avons souhaité faire une présentation factuelle et statistique des équipes en présence. Le problème des compétitions internationales au hockey sur glace est de pouvoir comparer les joueuses qui évoluent dans des ligues très différentes. Par ailleurs, elles ont également rarement voyagé d’un pays à l’autre pour être vues et appréciées de tous tel un joueur de foot ayant joué dans tous les championnats d’Europe dans sa carrière… Que vaut alors une top scorer Slovaque qui joue à Budapest en comparaison d’une joueuse de soutien suédoise qui joue en Suède ou en Finlande ? On peut faire l’exercice au doigt mouillé ou bien tenter d’y voir plus clair avec l’aide des stats. Alors à quelques heures du premier matchs les plus importants de l’histoire récente de l’Équipe de France, essayons de voir ce qui attend nos Bleues.
La Méthode
Nous n’avons pas de modèle équivalent à Magnus Corsi, cependant nous utilisons une méthode qui est utilisée en Amérique du Nord, le WHKYe. Il s’agit d’un modèle statistique qui permet de normaliser la production offensive des joueuses à travers 40 ligues internationales. Cette statistique basée sur un modèle statistique sous forme de réseau permet de quantifier la production de façon robuste en considérant plusieurs parcours de développement différents. Ce modèle sert également à convertir la production personnelle d’un joueur en valeur sur l’indicateur Win Shares, évaluant combien de victoires un joueur rapporte à son équipe par an. Une fois toutes les joueuses de ce TQO mis sur un même plan de comparaison, nous avons pu les classer par valeur Win Shares, attaquants versus attaquants, défenseurs versus défenseurs et gardiens versus gardiens. Nous remercions Mikael Nahabedian et Paul Mandelos pour le travail effectué ici.
Nos Bleues
Il s’agit comme pour les hommes de la dernière chance pour toute une génération de se qualifier pour les jeux olympiques, la fin d’un cycle pour de nombreuses joueuses. Elles se connaissent depuis plus de 15 ans pour certaines. Après des mois d’incertitudes quant à la possibilité de jouer ce tournoi de qualification olympique, nous y sommes. La France aligne la meilleure composition possible pour ce tournoi, un groupe qui arrive à maturité dans un savant mélange d’expérience (Lara Escudéro, Marion Allemoz, Betty Jouanny, Lore Baudrit, Gwendoline Gendarme, Athéna Locatelli, Morgane Rihet, Caroline Baldin) et de jeunesse talentueuse avec Chloé Aurard, Julia Mesplède, Jade Barbirati. L’une d’entre elle(s) a un challenge M&M’s à gagner sur ce tournoi. Voici la projection de l’équipe de France en termes de statistiques, selon la méthode WHKYe.
Sans surprise, Chloé Aurard qui joue en NCAA est la meilleure joueuse de l’équipe de France avec l’équivalent d’un 0.55 WS. Elle est suivi par un groupe à 0.3 WS avec Lara Escudero, Marion Allemoz, Emmanuelle Passard et Estelle Duvin. A noter que Clara Rozier et Emmanuelle Passard, qui jouent ensemble à Helsinki, ont des automatismes à faire pâlir d’envie toutes les équipes mais Estelle Duvin est une top scorer avec 32 points en 13 matchs. Elle confirme sur sa deuxième saison en Finlande. Du côté de la défense Athéna Locatelli est projeté comme la meilleure arrière de l’équipe de France avec la très expérimentée Gwendoline Gendarme. Sur la deuxième ligne, Marie-Pierre Pélissou et Lucie Quarto sont également solide. Enfin, Léa Villiot est accompagnée d’Emma Morel, fraichement partie aux Etats-Unis avec Julia Mesplède dans le Vermont pour continuer son développement.
Enfin, devant le but Caroline Baldin est la pierre angulaire de cette équipe, titulaire incontestée à Zürich, elle l’est également en équipe de France. Elle est projeté comme la deuxième meilleure gardienne du tournoi. Elle devra proposer des prestations de hauts vols tout au long du tournoi.
Corée du Sud
Il s’agit de la dernière équipe qualifiée pour ce tournoi final à Lulea lors d’un pré-tournoi qualificatif en octobre en Grande-Bretagne. La Corée est sans aucun doute l’équipe la plus faible de ce tournoi. A l’image de la Hongrie en août pour les garçons. Il s’agit de la première confrontation pour les Bleues et malgré tout il ne faudra pas se louper. Malgré une participation aux JO en 2018, elles ont bien vite retrouvé un certain anonymat en étant la 17ème nation mondiale. Il faudra prêter attention à la gardienne Jang Inhye. En effet, lors du tour précédent, elle a blanchi la Slovénie (3-0) et l’Islande (10-0). Malheureusement, nous ne sommes pas en mesure de vous proposer la projection détaillée de l’effectif Coréen trop jeune et pour lequel nous manquons de données détaillées.
Ce qu’il faut en retenir, c’est que la Corée a remporté le groupe de pré-qualification en Grande-Bretagne en disposant de nations classées au mieux 23e. Pour ces joueuses déjouer la Slovaquie, la France et la Suède qui sont d’un niveau bien supérieur serait un énorme exploit.
Slovaquie
La Slovaquie a eu ses heures de gloire au tournant de la décennie 2010 en étant classées 7ème, depuis elles vivotent aux alentours de la 15ème place IIHF. Depuis 2014, la Slovaquie n’a pas battu la France en tournoi officiel. Cependant, pour ce tournoi de qualification olympique elles seront un adversaire dangereux pour nos Bleues. Privées de leur meilleure joueuse (Hartje) à la dernière minute, il n’en reste pas moins qu’il faudra faire attention à ces Slovaques pour pouvoir rêver d’une finale ultime face à la Suède dimanche soir. Voici la projection de la Slovaquie.
Les Bleues sont légèrement moins fortes en défense en valeur absolue mais l’offensive et devant le but, il n’y a normalement pas photo. Il faudra faire un match sérieux pour pouvoir se projeter sur le match que tout le monde attend.
Suède
L’équipe de Suède ne devrait même pas participer à un tournoi de qualification olympique, ce n’est jamais arrivé dans l’histoire du hockey dans ce pays. Cependant, les Scandinaves vont devoir batailler pendant trois matchs qui sont normalement tous à leurs portée. En valeur absolue, cette équipe est clairement au-dessus de leurs adversaires, Lulea est le temple du hockey féminin en Suède et elles pourront compter sur une foule nombreuse pour les soutenir.
Power ranking de ce TQO
La Suède est clairement au-dessus avec une projection notamment en attaque et devant le but bien au-dessus de la France qui est projeté deuxième, suivi de près par la Slovaquie. Il ne faudra négliger aucune équipe, dans un tournoi de qualification tout peut se passer. La Corée est bien placée pour le savoir. Si la France est là où elle doit être samedi soir, il ne manquera plus qu’un exploit dimanche soir pour accéder à Pékin.
Bonne chance aux Bleues !