Deux leaders, deux styles, un même cap : mener le hockey français jusqu’aux Jeux olympiques de Milan‑Cortina 2026. Pierre‑Édouard Bellemare, calme et déterminé. Lore Baudrit, énergie pure et voix qui porte. Différents dans la forme, ils partagent le même esprit : rassembler, inspirer et bousculer les codes pour tirer leur équipe vers le sommet.
Oh capitaine, mon capitaine !
Deux capitaines, un seul drapeau et assez de caractère pour faire vibrer la glace. À 39 ans, Pierre‑Édouard Bellemare guide les Bleus avec la sérénité d’un joueur qui a affronté les meilleurs et les as vu foncer sur lui à plus de 40km/h. Lore Baudrit qui préfère le style « J’irais où tu iras », impose sa présence dans l’enclave, son sens du sacrifice et, accessoirement, un volume sonore conséquent. Deux voix qui portent, un gros volume de travail et la capacité de fédérer tout un groupe avec un clin d’œil… ou une bonne blague.
On peut les appeler par leur prénom ou, pour les cinéphiles qui ont la « Réf », « Ô capitaine, mon capitaine ». Une adresse plus affectueuse, moins hiérarchique, qui rebat les cartes dans le vestiaire comme dans les tribunes. Leur leadership s’exprime sans posture : clair, exigeant, au service d’un objectif commun conduire la « famille France » aux JO 2026, et, au passage, faire douter quelques grandes nations.
Parce que le hockey français ressemble à une grande famille : avec ses duels, ses repas de fête parfois difficiles à digérer… et ses rêves un peu fous. Dans cette famille, Bellemare et Baudrit sont les cousins que l’on écoute religieusement même quand ils racontent pour la quinzième fois un but « impossible » à l’entraînement, ou comment ils guideront toute la cousinade vers les Jeux.
À l’approche de 2026, Plan de match a rencontré les deux capitaines de l’équipe de France. Deux trajectoires, deux façons de tenir la barre. À l’horizon : Milan‑Cortina. Pour y parvenir, il faudra plus que du talent : de la foi, des kilomètres, des sacrifices et une pointe de folie, celle qui pousse une nation classée 15e ou 16e mondiale à se frayer un chemin dans l’élite.
La famille comme boussole
La trajectoire de P‑E Bellemare, joueur français le plus capé de l’histoire en NHL, porte la marque d’une famille de sportifs : « Ma mère m’a appris à montrer à tous ces gens pourris gâtés que je ne l’étais pas. Je venais chaque jour à la patinoire avec le sourire. Français en NHL, je devais travailler plus que les autres ; j’étais en retard sur eux. Avec cette mentalité, on m’a vite placé dans un rôle de leader : j’arrivais tôt, je repartais tard. Ce n’était pas forcé : c’était ça, ou j’étais nul. »
Sa carrière en NHL aurait pu se prolonger : « Le fait de revenir en Europe, n’était pas lié au J.0, le fait de continuer le hockey était lié aux J.0… J’avais un essai et deux équipes intéressées plus tard dans la saison, en décembre. Il me fallait une équipe en attendant la décision. Avec ma femme, on a choisi de rentrer en Europe. En Suisse, tout s’est bien passé : les enfants apprennent le français, l’organisation de la ligue me permet d’être à la maison tous les soirs. J’avais envisagé d’arrêter, non pas à cause des blessures, mais parce que mon fils ne puisse plus courir avec son père. Arrivés en décembre, notre vie de famille était superbe ; on a décidé de rester. Et je continue avec les JO en ligne de mire. »
De Castres au Canada, de la Suède à Ingolstadt, Lore Baudrit s’est, elle aussi, construite entre ambitions sportives et choix de vie. Devenue récemment maman, elle assume des arbitrages plus nets : « Ingolstadt, c’est un choix de famille. Rester en Suède était précaire : il aurait fallu travailler en parallèle, dans une région avec peu d’opportunités. L’Allemagne sécurise davantage notre situation familiale. Mais travailler 40 heures par semaine (NDLR à l’usine Audi), plus les entraînements, plus le petit… en fin de saison, j’étais épuisée. »
Ce lien entre vie privée et performance traverse l’équipe : beaucoup de joueuses jonglent entre carrière sportive et métier, parfois études ou maternité. Première différence avec le hockey masculin : l’incertitude financière pèse davantage pour les femmes. Les budgets et choix structurels fédéraux engagent les collectifs France, mais les hockeyeuses vivent encore souvent une double carrière qui influence longévité et performances.
L’appel aux dons des joueuses à la famille des supporters
P‑E Bellemare connaît ces réalités et en parle lucidement : « On ne s’en rend pas compte, mais jouer au haut niveau, ça coûte cher. Chez les gars, on est privilégiés. Chez les filles, c’est de la débrouille et de la passion. »
La passion est le moteur ; il lui faut du carburant : l’argent. La fédération bénéficie, entre autres, de « Performance 2030 » comme nous l’évoquions dans notre précédent article, mais ces crédits visent les collectifs France, non les sportives individuellement. Un nouveau dispositif, via la Fondation du Sport Français, permet aux athlètes de recevoir des dons de particuliers ou de mécènes, avec avantages fiscaux pour les donateurs. « Nos perspectives diffèrent selon nos situations. Pour moi, cette cagnotte doit financer une saison consacrée au maximum à la préparation des Jeux et à mon rôle de maman grâce à des mécènes qui partagent mes valeurs, ma persévérance, mon expérience de haut niveau et mon aventure olympique. »
Soutiens ton Sportif
La Fondation du Sport Français soutient l’épanouissement des athlètes à travers des dispositifs comme « Soutiens Ton Sportif », permettant aux particuliers de financer directement les projets sportifs des joueuses de l’équipe de France de hockey sur glace. À l’approche des Jeux Olympiques 2026, ces hockeyeuses lancent des cagnottes afin de couvrir leurs besoins de préparation. Beaucoup de hockeyeuses ne bénéficient pas du statut professionnel et doivent cumuler emploi, entraînements et vie familiale, rendant ces collectes essentielles pour couvrir les frais liés à leur double projet sportif et personnel.
Donner via la plateforme officielle offre un avantage fiscal notable : les dons sont déductibles de l’impôt sur le revenu à hauteur de 66% dans la limite de 20% du revenu imposable. Par exemple, un don de 100€ ne vous coûte en réalité que 34€ après déduction fiscale, rendant chaque geste accessible et solidaire. Près de dix joueuses de l’équipe ont recours à ce mode de financement participatif, illustrant à la fois leur détermination et les défis économiques du sport féminin de haut niveau. Vous pouvez retrouver et soutenir les cagnottes des Bleues sur la plateforme officielle : Lore Baudrit, Justine Crousy Theode, Perrine Lavorel, Anaé Simon, Emma Nonnenmacher, Manon le Scodan, Chloé Aurard, Léa Villiot, Léa Berger et Lucie Quarto.